Chaussures grandes tailles, féminines et... martiniquaises
Mélyade by Mélissa Longlade
Alors qu'elle se destinait au management d'artistes à l'international, Mélissa Longlade, une jeune femme originaire de Martinique, avait tant de mal à trouver de quoi joliment chausser ses grands pieds qu'elle a fini par créer sa propre marque de chaussures.
"Je travaille à temps plein sur la marque depuis 18 mois." Melissa Longlade, 26 ans, a toujours eu soin de trouver chaussure à son pied et comme elle chausse du 44, l'affaire n'est jamais simple ! Elle a donc décidé de créer sa propre marque de chaussures, Mélyade, concentré de ses nom et prénom. Elle était encore étudiante en mastère 2 entrepreneuriat à Nanterre (92) quand a fleuri l'idée de créer une marque dédiée aux besoins des filles de grande taille, c'est-à-dire de plus de 1,80m et chaussant du 41 au 46. Elle se rend alors au centre technique du cuir pour y dégotter des informations et c'est là qu'elle rencontre une autre Martiniquaise de son âge, Mathilde Gachet. Celle-ci sort d'une école de mode et fabrique pour son usage personnel ses propres chaussures. Mathilde est vendeuse en prêt-à-porter et cache encore égoïstement son talent même si elle a travaillé un moment avec les marques haut de gamme Karine Arabian, Bassanova ou MPL Sonia B (atelier Chanel). "Sa passion, c'est les shoes !", s'amuse Mélissa.
Mathilde sera le designer et Melissa l'entrepreneuse. Cette dernière se rapproche de l'association Altitude qui recense les femmes de grande taille, mais également d'influenceuses et de bloggeuses comme Jade (Les grandes assumées) ou "The tall society"... Son étude de marché cible 500 femmes qui lui font part de leurs attentes : une marque grande pointure de modèles féminins confortables et modernes. Les premiers prototypes sortent, s'ensuivent les essayages... "Nous avons fait quatre changements majeurs sur nos premiers modèles, raconte Mélissa : le chaussant, le maintien du pied et la forme, plus féminine ! C'est cet aspect qui manquait le plus sur le marché."
Artisan au Portugal
Pour Melissa qui a travaillé deux ans chez le distributeur musical "Differant" et se destinait jusqu'alors à la musique et au management d'artistes à l'international, le virage est à 180 ° ! Grâce à un prêt d'honneur de 20 000 euros de l'organisme Hauts-de-Seine Initiative qui accompagne les jeunes entreprises et un emprunt bancaire classique de 20 000 autres euros, Melissa déniche à Porto (Portugal) un fabriquant à qui elle va confier la production de sa première collection. "J'ai passé la première commande en juin dernier..." Trois modèles et deux couleurs, noir et marron, soit 300 paires, des mocassins (modèle "caline" en chèvre velours), des bottines à talon (modèle "ambitieuse" en cuir de veau), et des bottines plates (modèle "chaleureuse" en cuir de veau et chèvre velours). "Nos accessoires (boucles et lacets) sont choisis minutieusement et nos chaussures sont cousues à la main !"
Le 9 novembre dernier, Mélissa inaugurait son site internet, www.melyade.com, lors d'une soirée prestige sur la péniche Alizé à Paris. "Nous avons eu beaucoup de bons retours", s'enthousiasme la jeune femme qui a repéré 120 clientes potentielles et attiré l'attention d'influenceuses sur instagram et même décrocher un article dans les "Petits Frenchies".
Mélissa a pris le même soin pour la qualité de son site que celle de ses modèles en offrant un service de paiement sécurisé via Mercanet, et le concours de Prestashop, spécialiste de plateforme e-commerce. Elle a pris garde à ce que son transporteur prenne bien en compte les livraisons outre-mer. Quant à l'expédition, ce sont les deux jeunes filles qui s'y collent dans leur local de stockage à Colombes !
Innovation
Mais déjà, Mélissa voudrait passer à l'étape n°2 : la distribution dans des boutiques spécialisées grandes tailles. Il en existe 5 à Paris, 2 à Lyon, une à Bordeaux, mais elle vise aussi des distributeurs comme "Chaussures Maxi Mini" présents aux Antilles. Pour l'heure, la Martinique ne lui a fourni qu'une clientèle familiale et amicale ! Son objectif est de parvenir à écouler la première collection pour pouvoir financer et sortir la collection d'été dès le mois de mai et... se payer. "A long terme et dans l'idéal, j'aimerai, ajoute Mélissa, proposer une marque qui offre toutes les pointures car l'idée, ce n'est pas d'être à part, mais pour le coup d'offrir une série à toutes et tous !"
Lundi 20 novembre, Melissa était à la station F à Paris pour assister au concours innovation Outre-mer. Elle compte y postuler l'année prochaine.
FXG, à Paris