Montagne d'or
La Montagne d'or s'invite à l'Assemblée nationale
Fermement opposé au projet d'exploitation de la Montagne d'or, Gabriel Serville a présidé, mardi soir à l'Assemblée nationale, une conférence-débat sur la Montagne d’Or, "premier projet de méga-mine industrielle en plein cœur de l’Amazonie française ".
Dénonçant le fameux "en même temps" du président de la République, le député de Guyane a moqué l'ambivalence d'Emmanuel Macron qui affirme vouloir le développement de la Guyane et la protection de l'environnement avant de céder la parole à ses invités, tous ouvertement opposés au projet minier. Ginette Vastel de la France nature environnement (FNE), a d'abord rappelé que l'or était une richesse patrimoniale et que l'Etat n'avait pas mis en place de stratégie nationale en ce qui concerne cette ressource. Elle a ensuite attaqué le maître d'outrage, le groupe russe Nordgold, associé au canadien Columbus Gold, qui, a-t-elle dit, "n'a ni convaincu, ni rassuré lors du débat". La Montagne d'or devrait représenter selon ses promoteurs, 782 millions d'euros d'investissement, 3 milliards de retombées pour le territoire, 800 emplois directs pendant la construction et 500 pendant l'exploitation. Après trois ans de chantier pour la préparation du site, la construction de l'usine d'extraction, de l'usine d'explosifs et des 125 kilomètres de route, l'exploitation pourrait démarrer en 2022 pour une douzaine d'années. A la suite de cela, un programme de dépollution et de suivi serait mis en place pour les trente années suivantes. "Problème, soulève Mme Vastel, le suivi n'est prévu que sur dix ans dans le dossier de renouvellement de la concession, pas plus qu'il n'est question de 'utilisation du cyanure..." Elle note que le dossier n'évoque que 23 millions pour la réhabilitation du site contre 59 lors du débat public... La responsable FNE regrette surtout qu'il n'y ait eu aucune étude d'impact, ni étude des dangers pour l'homme. Enfin, elle pointe que l'usine construite sur le site de Montagne d'or sera celle qui traitera le minerais d'une autre zone voisine, dite Elisée, et qu'elle ne fermerait donc pas ses portes en 2032...
56 millions de retombées fiscales pour la CTG
Chloé Moitié, du WWF, a cité le cabinet Deloitte pour affirmer que le projet est un "mirage de développement économique" qui n'offrait ni exemplarité économique, ni exemplarité environnementale contrairement à ce que préconisait le président Macron le 28 juin dernier lors de la clôture des assises des Outre-mer, la Montagne d'or se trouvant entre deux réserves biologiques intégrales abritant plus de 2000 espèces dont 127 protégées. Quant aux retombées économiques, elle a indiqué qu'il ne s'agirait que de 56 millions d'euros pour la fiscalité de la CTG et que le facteur d'emplois indirects induits avait été surestimé à 4 (soit 3000 emplois indirects) quand la réalité est plus proche, selon le cabinet DME et les références calédoniennes, de 1,2...
Le collectif Or de question qui a fédéré 110 associations et obtenu la signature d'une pétition par 360 000 personnes (la Guyane compte 280 000 habitants), a rappelé le combat mené avec succès il y a dix ans contre le projet Iamgold à la montagne de Kaw. Enfin, Ludovic Pierre, de Jeunesse autochtone de Guyane est venu rappelé l'opposition des populations locales. La députée LREM frédérique Tuffnell est intervenue pour apporter tout son soutien aux opposants au projet, promettant même d'intervenir auprès du ministre d'Etat de la transition écologique pour empêcher que l'industrie de l'or ne vienne miner la biodiversité, la forêt et l'énergie guyanaise.
FXG, à Paris
Une résolution pour interdire le cyanure dans l'industrie minière
Une proposition de résolution visant à l'interdiction générale de l'utilisation des technologies à base de cyanure dans l'industrie minière a été déposée hier à l'Assemblée nationale à l'initiative du député Gabriel Serville. L'élu guyanais rejoint par les Martiniquais Jean-Philippe Nilor et Manuela Kéclard-Mondésir, la Réunionnaise Huguette Bello et le Polynésien Moetaï Brotherson, du même groupe GDR, a reçu des soutiens dans tous les groupes qui composent l'Assemblée nationale, de la France insoumise (Jean-Luc Mélenchon et le Réunionnais Jean-Hugues Rattenon) à la République en marche (Frédérique Tuffnell et Laurence Vanceunebrock-Mialon) en passant par Les Républicains (les Réunionnais Lorion, Bassire, Ramassamy), Les Constructifs (la Polynésienne Maina Sage), le Modem (la Martiniquaise du Val de Marne Maud Petit, les Guadeloupéens Justine Bénin et Max Mathiasin) et les socialistes (la Réunionnaise Ericka Bareigts, les Martiniquais Serge Létchimy et Josette Manin).
La résolution sera défendue dans l'hémicycle lors de la première semaine de février.