Clarissa Jean-Phillipe
"Clarissa a offert un modèle pour tout notre pays"
Quatre ans après l'assassinat de Clarissa Jean-Philippe par Amédy Coulibaly, un hommage républicain lui a été rendu à Montrouge, sur le lieu même de sa mort.
"Ca fait trois ans que je participe à cet hommage. J'y suis venue en tant que ministre de la Fonction publique et, depuis l'an dernier, en tant que ministre des Outre-mer." L'avenue de la Paix-Clarissa-Jean-Philippe à Montrouge était une nouvelle fois fermée à la circulation hier, 8 janvier, quatrième anniversaire de l'assassinat de la policière municipale de Montrouge par le terroriste Amédy Coulibaly.
Sous le froid soleil de ce début d'année, trois ministres, Christophe Castaner, Laurent Nunez et Annick Girardin, les maires de Montrouge et Malakoff, la maire de Paris, Anne Hidalgo, et de nombreux élus locaux et parlementaires au nombre desquels la sénatrice de Guadeloupe, Victoire Jasmin, ont participé à l'hommage rendu à feue Clarissa Jean-Philippe. Le maire de Montrouge, puis le ministre de l'Intérieur ont pris la parole pour rappeler la vie et le parcours de Clarissa, pour rappeler quel symbole elle fût face à ceux qui en voulaient à la République. "Le terrorisme barbare s'est mis sur votre route, a déclaré Christophe Castaner, il a privé les Français de l'un de ses serviteurs les plus dévoués (...) Clarissa a offert un modèle pour tout notre pays. Elle me permet une promesse, celle de lutter jusqu'à la dernière seconde contre le terrorisme." Au-delà du terrorisme, mais sans faire de précises allusions à la crise des gilets jaunes qui a mis parfois en relief les violences des manifestants comme celle des policiers, le ministre a déclaré : "Face à chaque insulte, chaque coup porté à ceux qui risquent tout pour protéger, je veux me rappeler votre sacrifice, nous devons nous rappeler votre sacrifice, la République est notre lien le plus précieux, ne l'oublions jamais."
Clarissa Jean-Philippe venait de Martinique, apprenait son métier à Pantin et allait être titularisée à la police municipale de Montrouge quelques jours seulement après son assassinat. "Ce fut un assassinat barbare face à un terroriste qui attaquait la République, a déclaré Annick Girardin à la fin de la cérémonie. Je crois que c'est important qu'on soit présent à chaque fois pour cet hommage et c'est l'engagement que moi j'ai pris."
"Ca fait quatre ans, mais on dirait que c'est aujourd'hui..."
Une dizaine de gerbes ont été déposées. Parmi celle-ci, celle du Conseil représentatifs des Français d'Outre-mer, déposée par le président du CReFOM 92, José Althey (rejoint par Jean-Michel Martial et Daniel Dalin), ou encore celle de Victoire Jasmin qui est ensuite venue personnellement saluer les proches de Clarissa Jean-Philippe présents lors de la cérémonie.
Justine, la tante de Clarissa, revient chaque année à Montrouge. Les enfants de l'école et crèche Yaguel-Yaacov, toute proche, et dont on pense qu'elle était la cible d'Amédy Coulibaly, lui ont offert une photo de Clarissa et quelques cantiques peu avant la cérémonie. "C'était très émouvant, raconte-t-elle. Je ne pouvais pas tenir... J'ai été obligée de pleurer parce que j'avais l'impression que c'est aujourd'hui que ça c'est passé. Ca fait quatre ans, mais on dirait que c'est aujourd'hui... On l'a tuée ici... Franchement c'est dur."
Justine sera encore là vendredi pour l'inauguration d'une allée Clarissa Jean-Philippe dans le 14e arrondissement de Paris. "Peut-être ma soeur sera là... J'ai trouvé ça très gentil que la ville de Paris fasse encore quelque chose pour Clarissa. Ca nous fait chaud au coeur à chaque fois. Les gens n'oublient pas Clarissa, c'est ça le plus important et ça nous remonte un peu le moral parce qu'il faut être solide pour supporter cela."
Et puis, comme les officiels étaient arrivés, ils se sont dispersés, ne laissant que les gerbes de fleur au sol, au pied de la plaque honorant le brigadier de police municipale Clarissa Jean-Philippe, face au mémorial où l'artiste de rue C215 a réalisé son portrait à côté de ces mots de sa mère : "Sans toi, ton sourire et ta joie, la vie ne sera plus la même."
FXG, à Paris