Diversité à la télévision... Avec ou sans France Ô ?
Diversité à la télé : encore un effort
La diversité sociale et ethnique de la société française reste encore à la traine à la télévision selon le dernier baromètre du CSA présenté ce 10 janvier par Mémona Hintermann-Affejee.
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel vient de publier son dernier baromètre de la diversité de la société française comme il le fait annuellement depuis 2012. Pour le réaliser, les programmes des 18 chaînes de la TNT ont été épluchés pendant deux semaines, soit 2400 programmes, 400 heures de fiction, 250 heures d'infos, 400 heures de mag ou documentaire, 300 heures de divertissement et 80 heures de sport. Plus de 37 000 personnes ont été repérées et indexées selon qu'elles étaient perçues comme blanches, noires, arabes, asiatiques ou autre, selon leur sexe, leur âge, le catégorie socioprofessionnelle, , leur handicap, leur situation de précarité et pour la première fois leur lieu de résidence. Au final, les personnes perçues comme blanches restent largement majoritaires à la télé (83 %), même si on constate que la présence des personnes perçues comme non blanches progresse de deux point par rapport à 2016 (dans son précédent baromètre 2017, le CSA avait pointé ses résultats chaîne par chaîne mais n'a pas voulu le publier pour ne pas stigmatiser les chaînes...)
Les personnes perçues comme noires représentent 50 % des non blanches contre 45 % en 2016, alors que les personnes vues comme arabes sont moins nombreuses avec 19 % contre 25 % en 2016. Les Asiatiques restent stables à 12-13 %.
Le CSA observe encore que les personnes perçues comme non blanches sont plus présentes dans les fictions (20 %) que dans les autres programmes (sport 11 %; information 13 %, magazines et docs 16 % et divertissement 16 %). "La part des personnes perçues comme non blanches, explique la conseillère Mémona Hintermann-Affejee en charge de ce sujet au CSA, est plus forte dans la fiction grâce aux fictions américaines et grâce à France Ô !" Sans les premières, le taux passe de 20 à 14 % et sans France Ô, le taux tombe à 10 % ! Pour autant, France Ô né réalisant que 0,5 % d'audience, elle ne peut servir d'alibi pour augmenter les chiffres de la diversité.
S'agissant de l'information, le taux de personnes perçues comme non blanches plafonne à 11 % et gagne deux points avec France Ô.
S'il y a plus de héros parmi les personnes perçues comme non blanches (21 %) que chez les personnes perçues comme blanches (17 %), les personnes perçues comme non blanches sont surreprésentées dans les activités marginales ou illégales (43 %) ou en situation précaire (41 %).
9 % d'ultramarins avec FÔ ou 0,3 % sans FÔ
Ce baromètre révèle aussi que les catégories socioprofessionnelles sont surreprésentées (74 %) et que cette tendance est stable dans le temps. Quant à la représentation du handicap, elle reste marginale avec un taux éloquent de 0,7 %. Autre constat : les personnes résidant dans les banlieues et les "quartiers" sont peu représentées à l'antenne (3 %) tout comme les personnes résidant dans les Outre-mer (9 %). Si l'on enlève France Ô, et c'est pour bientôt, le taux retombe à 0,3 %. De même, les personnes en situation de précarité sont quasiment absentes (0,7 %) elles aussi de l'antenne. Sachant que ces personnes en précarité sont perçues essentiellement comme non blanches, inactives et ayant des rôles secondaires, on se dit que le CSA devrait chercher à établir un baromètre de la diversité sociale plutôt qu'un baromètre de la diversité ethnique. Le résultat serait sans doute à peu près le même...
FXG, à Paris
Mémona Hintermann Affejee, membre du CSA
"Ce qui est montré et dit sur nos médias ne correspond pas à la réalité du pays. Il y a un tel décalage alors que les gens s'intéressent à leur propre destin ! La France dispose de territoires où elle peut faire incarner des destins croisés sur sa diversité sociale. Si les télés ne se mettent pas à la page, elles vont être désertées... Pour l'heure, chaque français passe 3 h 45 en moyenne devant sa télé ce qui fait d'elle toujours le mass média de référence, mais la myopie des chaînes peut être un problème concernant la cohésion sociale du pays."