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Publié par fxg

Karl Wesson Consil, évadé et champion de freefight

L'aventure extraordinaire de Wesson Consil, l'évadé devenu champion de boxe thaïe

Jeudi 24 janvier, le tribunal correctionnel d'Arras a condamné à un an de prison pour évasion un jeune homme d'origine martiniquaise, Karl Consil dit Wesson, après six ans de cavale en Thaïlande et en Chine où il est devenu un champion de boxe thaïlandaise et pensait avoir trouvé la voie de sa rédemption jusqu'à une dénonciation anonyme et son extradition en France...

L'histoire de Karl Consil débute en 1986 dans la banlieue parisienne, à Aubervilliers (93), puis à Ully Saint-Georges (60). Ses parents ont débarqué de la Martinique peu avant. Leurs trois enfants vont très vite subir la pression dure de la cité et le jeune Karl montre très vite des signes de turbulence. Dès qu'il est dehors, il exprime son mal vivre par la violence. Seul le sport parvient à le calmer. A 16 ans, Karl est un délinquant et à 27 ans, il a déjà fait neuf années de prison. Il profite alors d'une permission de sortie pour annoncer à ses parents que, déprimé, il ne retournera pas en cellule. Il a 2000 euros en poche et en claque 1600 pour acheter un ticket pour la Thaïlande. Là-bas, il se rend au grand gymnase où tous les soirs ont lieu des combats de muay thaïe, la boxe thaïlandaise, le free fight ! Il assiste à quelques matchs et rencontre le taulier avec lequel il sympathise et qui accepte qu'il s'entraîne sur place. Il apprend les rudiments et très vite demande à combattre. Il a une telle rage en lui qu'à la surprise générale, il gagne son premier combat.  Repéré par un manager local, il signe un contrat : il combattra tous les deux soirs et touchera 70 euros par match. Le manager garde ses papiers. Son visa n'est valable que trois mois... Karl gagne tous ses combats et sa réputation n'est bientôt plus à faire.

A Shanghaï

Au bout d'un an, las d'être exploité et méprisé par son manager, il s'enfuit en Chine, à Shanghaï où il ne connaît personne. Il traîne les salles de sport, s'entraîne encore et combat. Premier combat, première victoire ! Un manager le repère, un Américain cette fois qui lui propose 30 % des gains, soit 300 US$ par match. Karl devient Wesson. Il va gagner plus mais reste un clandestin, un sans papier. Il dort dans le dojo du club Wu Taï Hui, apprend l'anglais, le chinois et commence à se reconstruire une vie autour de ce sport. En réalité, c'est un nouveau calvaire qui démarre. "Je croyais que la prison était ce qu'il y avait de plus dur, en réalité je trouvais pire à l'extérieur." Karl est reconnu comme champion, mais il est un esclave.

Il s'enfuit dans la région du Wuhan, dans la province de Hubei, pour échapper à son manager et devient professeur de boxe dans une école. Il se rend au Tibet pour s'initier au Shao-Lin et améliore encore ses facultés. En Chine, Karl est devenu une vedette. Wesson est révéré dans le monde de la boxe. Les enfants s'arrachent ses affiches, d'autres lui demandent des selfies... Il songe à la France... Tout cela est désormais derrière lui. Mais le manager américain n'a pas apprécié de perdre son poulain et le dénonce.

Un homme qui souffre n'est pas un ours qui danse

Un soir après un combat, Wesson se rend dans un fast food. La police le contrôle. Il n'a pas de papier, il est arrêté et très vite extradé en France...

Jeudi dernier, à la barre du tribunal d'Arras, alors qu'il était jugé pour son évasion sept ans plus tôt, Karl Consil, alias Wesson a raconté son histoire. "Ce procès n'est pas un spectacle, a commencé le procureur dans son réquisitoire ! Vous racontez votre vie avec complaisance, mais vous vous êtes évadé. C'est grave ! Il faut donner un signal fort à ceux qui sont à l'intérieur ! Je demande trois ans ferme !"

Me Ursulet, appelé à sa défense par le père de Karl, réplique : "Un homme qui souffre n'est pas un ours qui danse ! Ce n'est  pas un spectacle, mais la confession douloureuse d'un homme sur le chemin de la rédemption..." Un peu plus tôt Karl déclarait au tribunal : "Quand je me suis évadé, j'étais dans un état pathologique, le même que celui dans lequel se trouvait Mohamed Merah..." Un grand murmure a parcouru la salle d'audience. "Dans le sport, a-t-il poursuivi, je me suis désamorcé. Aujourd'hui, je n'ai plus de haine... L'homme qui s'est évadé il y a sept ans n'est pas celui qui est devant vous." Le tribunal prononce la peine : Un an. La présidence explique sa décision de clémence puis demande : "Voulez-vous ajouter quelque chose ?" Karl répond en chinois. "J'espère que ce n'est pas un outrage", reprend la présidente. "Je vous ai dit merci en chinois..." Karl a passé six ans en Chine... Dans la prison d'Arras où il purge sa peine, Karl s'entraîne. Il se prépare pour son premier combat en France, à sa sortie. Il veut monter une association de combattants franco-chinois et une école de free fight à la Martinique.

FXG, à Paris

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A
Ça sent fort le film à succès à tout ça !
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