Max Zitta enchaîne deux soirées gospel à l'Olympia les 16 et 17 février
Max Zitta est de retour au pays pour animer une masterclass ce 29 janvier à Gourbeyre avec les élèves qui l'accompagneront sur la scène de l'Olympia pour le marathon du Gospel le 17 février, au lendemain de son concert avec les Gospel voices. Rencontre avec le roi du gospel français.
"Je suis la référence du Gospel en France"
Quelles sont vos attaches guadeloupéennes ?
Je viens de Douville/Sainte-Anne. Du côté de mon père, c'est la branche musicienne. On dit depuis toujours que c'est la musique qui nous a amenés aux Antilles. C'est une vieille tante que j'ai eu le temps de connaître qui m'a raconté que la famille Zitta était une famille de musiciens du Congo. C'était déjà la fin de l'esclavage quand ils ont été pris dans un traquenard. On les a fait venir à bord d'un navire pour se produire et pendant qu'ils jouaient, le bateau a levé l'ancre... Ils ont été ainsi déportés. Depuis il y a eu des Zitta en Martinique, il y a eu des Zitta qui ont été des nèg mawon en Guadeloupe et il y a eu aussi des Zitta en Haïti. Ce sont tous des musiciens, des griots.
Comment avez-vous commencé à être musicien vous-même ?
J'ai commencé la musique avec mon père à la chorale. Quand le courant adventiste est arrivé, mon grand-père qui était aussi musicien s'y est rallié. Sur ses sept enfants, trois fils et quatre filles, deux de ses fils sont devenus pasteur et deux de ses filles se sont mariées chacune avec un pasteur. Mon approche du gospel vient de là ! Mon père était directeur de chorale de la communauté et m'emmenait à la chorale de Boissard. On dit même qu'alors que je ne savais pas encore parler, quand les gens chantaient faux à côté de moi, je leur chantais la bonne mélodie... J'ai été baigné dans le chant choral et c'est à l'âge de 12 ans, quand mon père a mis un 45 tours sur un pick up Golden gate qu'on avait à la maison, que j'ai ressenti cette musique profonde qui m'envahissait. Intuitivement, je me suis dit que cette musique était la mienne. Ca a été une révélation, un appel...
Vous saviez déjà ce que vous vouliez faire dans la vie ?
Absolument pas, mais à 16 ans, à l'école protestante de Boissard, la Persévérance, je faisais déjà partie d'un groupe de chant avec Joël Pharaon qui en était l'instigateur, nous étions les Pléiades. Nous jouions nos compositions et bien sûr du gospel. Nous écoutions beaucoup le chanteur Andréa Crouch, une sommité du gospel. Nous chantions beaucoup plus ses chansons que nos compositions qui étaient des louanges en quelque sorte...
A 16 ans, vous êtes dans le premier groupe du genre en Guadeloupe qui décide de faire des concerts payant ! Racontez-nous cela...
Nous avions loué la salle des fêtes des Abymes, fait notre billetterie, préparé nos costumes et sommes allés vendre les billets. Ce concert a si bien marché qu'il a marqué par la force de sa musique les communautés chrétiennes. On nous a aussi critiqué en nous disant que nous vendions l'Evangile, mais un engagement demande des moyens ! Dès lors, j'avais intégré que c'était possible ! On a continué nos études, j'ai passé mon bac littéraire et tout le groupe est venu à Paris pour étudier. Ils faisaient des études de médecine, d'avocat, de marketing... Joël et moi sommes les seuls à avoir entrepris des études de musicologie à Paris VIII où nous avons passés notre licence. Parallèlement à ça, nous avons continué avec les Pléiades à donner des concerts à l'église américaine.
Les pléiades se séparent en 1986, que se passe-t-il alors ?
Je rencontre alors Monique Ange Hertin (chef du choeur Gospel Celebration, ndlr) qui me demande d'être son assistant sur un nouveau choeur, le Gospel Chord Singers qu'elle venait de créer. Je suis resté un an avec elle jusqu' à ce que je décide de créer avec Benjamin Faleyras (créateur de Gospel sur la colline, ndlr) les Gospel Voices. Tout de suite, nous donnons des concerts à l'auditorium des Halles. Je loue une salle, nous commençons à faire nos affiches, distribuer des tracts, vendre nos tickets et on arrive à se faire connaître.
Jusqu'à ce que l'animateur de télévision Jacques Martin vous repère...
Il est venu nous voir pour nous demander d'accompagner l'artiste Rika Zaraï. Du coup, on commence à être médiatiquement connus...
Et vous rencontrez Nicoletta !
C'est une rencontre très importante. On avait chanté Mamy Blue avec elle à la télé, et elle nous avait dit que ce serait bien qu'on parte un jour faire une tournée dans les églises. Ce n'était pas du vent, elle a rappelé : "Max, m'a-t-elle dit, j'ai trouvé le producteur, on va faire cette tournée !" C'était en 1996, nous avons même enregistré un titre sur l'un de ses albums... Il se trouve qu'elle avait pris un arrangeur qui n'est jamais venu. Le soir, je faisais les arrangements, le lendemain on répétait... L'album s'est vendu à 70 000 exemplaires. Actuellement, il aurait été disque d'or !
Vous enchaînez avec "Gospel pour cent voix"...
C'est un producteur, Jean-Baptiste Vuillon, qui me propose de tourner dans des théâtres. C'est donc avec lui que pour le cent-cinquantenaire de l'abolition de l'esclavage, j'ai créé "Gospel pour cent voix". J'ai mené de projet de 1998 à 2001 jusqu'à ce que je découvre qu'il avait tout déposé à son nom seul. Chose que je n'ai pu accepter et je suis parti. Il a continué quand même et il m'a empêché de travailler pendant dix ans ! Et ça continue encore ! Alors que mes deux soirées à l'Olympia sont annoncées depuis une année, il a programmé une semaine avant moi "Gospel pour cent voix" au Dôme de la porte de Versailles ! De toute façon, par rapport à ce que j'ai fait, je suis la référence du Gospel en Fr ance. J'ai mis le pied à l'étrier à plein de personnes et plein de groupes seront à l'Olympia avec moi le 17 février. Ils seront huit à se succéder sur scène, dont les Guadeloupéens d'Accord Gospel Singers de Kaleb Séjor !
Quel est l'objet de cette masterclass que vous animez ce 29 janvier à Gourbeyre ?
Dans l'esprit de la fête et de la réunion, j'ai décidé de faire en cadeau à tous les choeurs amateurs qui ont soutenu mon action un passage sur la scène de l'Olympia. Parmi eux, il y a le choeur de Guadeloupe que j'ai créé il y a trois ans avec Madly Etien, une ancienne chanteuse de mon académie à Paris. Nous allons travailler avant l'Olympia. Ils ont tous déjà leur billet d'avion !
Propos recueillis par FXG, à Paris