Sargasses international
Matignon annonce un sommet international sur les sargasses
Après le sommet chlordécone en Martinique l'an dernier, la Guadeloupe accueillera un sommet international sur les sargasses à la fin de l'année 2019.
Le sénateur LREM de Guadeloupe, Dominique Théophile, était reçu à Matignon mardi matin pour remettre son rapport de mission sur les sargasses au Premier ministre et au ministre de la Transition écologique, François de Rugy. Après une petite heure d'entretien, le sénateur et le ministre d'Etat sont ressortis visiblement satisfaits et heureux d'annoncer d'ores et déjà la tenue en Guadeloupe d'un sommet scientifique sur les sargasses à la fin de l'année. "C'est une mission, explique le sénateur Théophile, que le Premier ministre m'avait confiée à l'international pour étudier les stratégies de lutte contre les sargasses, examiner les techniques de ramassage, de valorisation, de stockage, mais surtout pour mettre en place une coopération internationale avec les Etats touchés, du Mexique jusqu'à la petite Caraïbe." Le ministre de la Transition écologique est lui aussi reparti avec un exemplaire du rapport. Ce qui l'intéresse c'est la manière dont les différents Etats abordent le problème des sargasses, l'origine du problème et son traitement (ramassage, stockage, séchage et éventuelle valorisation du déchet ultime). "Les expériences que le sénateur a pu voir dans différents pays, explique-t-il, montrent que la France est plutôt à la pointe notamment dans le domaine sanitaire, dans le réseau de détection des effluents, notamment le H2S, l'hydrogène sulfureux qui peut avoir un aspect extrêmement incommodant, voire toxique pour les populations mais également les appareils électroniques." Ce rapport montre encore que dans d'autres pays, les expériences sont plus poussées pour ce qui concerne par exemple les barrages flottants ou la prédictibilité de l'arrivée sur les côtes des sargasses.
Toujours pas une catastrophe naturelle
La grande préconisation du rapport Théophile, c'est donc un sommet international qui réunirait tous les Etats de la région en Guadeloupe. "C'est quelque chose que nous soutenons", assure M. de Rugy qui entend en parler au ministre des Affaires étrangères pour en étudier la forme. "Nous sommes convaincus, poursuit-il, que les échanges entre les pays confrontés au problème des sargasses seront enrichissants."
Plus concrètement, François de Rugy affirme que le gouvernement poursuit ses efforts de soutien aux collectivités locales pour le matériel de ramassage et le réseau de mesure des émanations issues des sargasses dans l'air. Pour autant, y aura-t-il plus de moyens pour aider les communes et les intercommunalités au ramassage ainsi que le faisait valoir vendredi dernier à l'Elysée, frédéric Buval, le maire de Trinité ? "Il faut avoir des moyens dimensionnés pour faire face aux urgences et c'est ce que nous faisons. S'il y a des demandes supplémentaires, nous les examinerons." Le ministre de la Transition écologique a aussi annoncer le lancement cette année d'un programme avec l'agence nationale de la recherche pour mieux comprendre l'origine du phénomène, le lien entre la prolifération des sargasses, le réchauffement climatique, la pollution de la mer et cela en coopération avec d'autres Etats voisins."
Au-delà de ces questions, la préoccupation des populations et des élus est l'impossibilité légale d'appliquer pour les invasions de sargasses le principe de la catastrophe naturelle. Une loi "risques naturels" serait bien en préparation pour cette année d'après le ministère des Outre-mer, pour autant, cette reconnaissance semble encore problématique : "Nous avons, poursuit le ministre de Rugy, sur ce sujet là eu des approches qui permettent de répondre au problème dans une approche préventive. Notre but, c'est d'éviter toutes les conséquences négatives qui arrivent lorsqu'on ne peut rien faire lorsque les sargasses viennent à la côte se décomposer sur les plages quand elles ne sont pas ramassées à temps. Le but c'est bien de les ramasser dans les 48 heures. C'est notre objectif, notre obsession." Les sargasses ne sont pas encore prêtes à être une catastrophe naturelle.
FXG, à Paris