Manif à bercy contre la réforme des congés bonifiés
2000 manifestants à Paris pour défendre les congés bonifiés
En réponse au gouvernement qui veut réformer les congés bonifiés dès le mois de juillet, la CGT rejointe par l'ensemble des syndicats a rassemblé quelques 2000 personnes sous les fenêtres de Bercy pour crier leur désaccord.
A l'appel de la CGT, environ 2000 personnes se sont rassemblées jeudi matin devant les fenêtres du ministère de l'Economie et des Finances à Bercy (Paris 12). Ils criaient leur rage de voir le gouvernement s'attaquer à leur droit à congés bonifiés, une conquête sociale des fonctionnaires ultramarins de l'Hexagone après quatre années de luttes syndicales en 1978. "C'est, lance à la foule, l'organisateur Casimir Largent du Collectif Outre-mer de la CGT, ce que l'Etat nous doit pour nous avoir déporté ici en masse pour travailler dans les basses catégories de la fonction publique, à l'hôpital, aux PTT, à la RATP..." Il n'y a pas que la CGT qui a répondu à l'appel, la CFDT, FO, Sud, Solidarité, Unité SGP Police affichent aussi leur présence... Outre les syndicats, il y a même des non fonctionnaires qui sont venus soutenir leur camarade tels Tony Mango Les associations aussi sont reprsentées avec René Silo, Jacques Ambrosio.
La coordination des associations, représentée par Oudi Serva (le cousin du député LREM) et Marie-Line Mormin, est venue faire nombre et apporter ses idées : "Nous avons une piste d'économie à proposer sur les billets d'avion en organisant leur achat par une centrale au lieu des pratiques hallucinantes d'achats disparates qui coutent un bras à l'Etat ! Casser la société et toucher à l'humain ne peut aboutir à transformer le système ; il faut régler les dysfonctionnement !" Daniel Dalin, président du Collectifdom et représentant du CREFOM, est venu aussi faire nombre. Il manifeste également au nom de la CFDT, son syndicat : "C'est une manifestation pour qu'on ne détricote pas nos droits spécifiques ! S'ils suppriment la surrémunération, on va faire une vie d'enfer aux fonctionnaires métropolitains qui dans les territoires qui ont des avantages similaires ! Ce que se passe s'appelle de la discrimination !"
Au milieu de la foule, il y a même le président du Comité national pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage, Frédéric Régent. "Je ne suis pas solidaire, dit-il, je suis fonctionnaire, concerné parce que fonctionnaire venu d'Outre-mer !"
"Pas une surrémunération, une indemnité de vie chère"
"Ce n'est pas par communautarisme que nous sommes là, lâche au micro une militante CGT martiniquaise couverte d'un drapeau péyi, nous défendons un droit qui appartient à toute la fonction publique !" "Ce n'est pas une surrémunération, argumente encore Fred Constant, un CGTiste des finances publiques, c'est une indemnité de vie chère." Lui aussi évoque les droits des fonctionnaires métropolitains outre-mer avec leurs primes de chaleur, d'éloignement et de vie chère... Céline, du CCAS de la ville de Paris, explique qu'elle doit partir en congés bonifiés en 2020 : "Je me bats pour tout le monde ! Les fonctionnaires métros, ils ont leur billet d'avion s'ils veulent pour rentrer en France l'été. Si on enlève quelque chose, c'est des deux côtés. Ca me choque !" Viviane, sa collègue, explique encore que sa chef de service empêche ses collègues de pouvoir partir pendant les vacances scolaires...
Les organisateurs ont demandé à ce qu'une délégation soit reçue au ministère... Leur demande reste vaine. "Le gouvernement est en train de jouer la montre, commente Fred, pour qu'on soit pris de cours quand la réforme sera bouclée en juillet..." Un de ses collègues se plaint de nos parlementaires de la majorité : "Ils ont d'ores et déjà acté le principe de la réduction des congés..." "Nou pas ka goumé kont personne, lance la dame au drapeau martiniquais. Je ne suis pas partie depuis 1998 parce que je vote en France ! On leur coûte de l'argent ? Mais qu'est-ce qu'on leur apporte au quotidien ? On est en France mais on travaille et on veut notre du !" Quels que soient les groupes (APHP, Mairie de Paris, RATP, Poste...) tous veulent, quand ils partiront à la retraite, laisser ça aux générations suivantes.
Jamais depuis la grande manifestation de 2009, suite à la mort du syndicaliste guadeloupéen Jacques Bino, autant d'Ultramarins ne se sont mobilisés à Paris. "Nous sommes 2000, a déclaré Casimir Largent, mais nous sommes 35 000 fonctionnaires concernés par les congés bonifiés ! La prochaine fois, dans trois semaines, nous serons 10 000 ! Sé sa nou ka visé !"
FXG, à Paris