Assises des violences faites aux femmes d'Outre-mer
Taubira au musée de l'Homme
"On m'a poursuivi dans la rue et donné quatre coups de couteau... J'ai failli être la 116e femme morte au sein du couple cette année..." Lors de la soirée inaugurale des assises des violences faîtes aux femmes des Outre-mer, vendredi 5 avril, au musée de l'Homme à Paris, des artistes ont lu les témoignages de femmes violentées, des témoignages que le magazine Elle a publiés. Danielle Gabou, metteur en scène, leur a donné vie : "Des comédiennes se sont mises dans la peau de ces femmes qui ont témoigné et libéré une parole encore tabou."
Chantal Clem, présidente de l’association Couleurs Karayb, a voulu que deux journées de travail soient consacrées à cette réalité ultramarine, même si elle n'est pas son exclusivité puisque ces situations existent aussi bien dans l'Hexagone. Pendant ces deux jours, des témoignages de femmes ayant subi des violences sont venus alimenter les débats autour de spécialistes, de politiques, mais aussi d’associations. Un livre blanc en sera tiré pour qu’une véritable politique de prévention soit mise en œuvre.
"Ce qui se passe aujourd'hui, explique Victoire Jasmin, c'est que les gens n'ont plus peur de dénoncer car ils n'acceptent plus d'être violentés. Il faut accompagner les victimes, mais également les auteurs de ces violences, donc la prévention avant tout !" L’universalité de la violence a été évoquée, mais aussi l’accueil qui est parfois réservé à ces femmes quand elles viennent porter plainte... "Il est indispensable de sensibiliser les policiers, les gendarmes, explique l'ancienne garde des Sceaux, Christiane Taubira, marraine de ces assises, mais également les magistrats eux-mêmes car les personnes qui viennent porter plainte sont des personnes en situation de vulnérabilité. Se décider à aller porter plainte est déjà un effort considérable."
Un autre effort doit être fait au départ, auprès des enfants, c'est ce que soutient la sénatrice Jasmin : "L'objectif est de faire comprendre à nos garçons et à nos filles d'avoir d'autres types de comportement que la violence."
Et quoi que cette cause soit noble et fasse même partie des compétence d'un ministère, Chantal Clem a regretté l'absence de la secrétaire d'Etat Marlène Schiappa : "Nous l'avons invitée... Et on espère que devant le succès de cette manifestation, elle nous accordera tout de même un peu de crédit."
"Il faut que les pouvoirs publics, enchaîne Christiane Taubira, donnent aussi aux associations les moyens d'accompagner, de soutenir, d'aider, de traverser ce moment difficile pour que les femmes puissent se reconstruire et recommencer à s'épanouir. Il y a une solidarité ponctuelle à apporter, elle est essentielle. Il ne faut pas qu'elle tarde, ni qu'elle soit mesquine, mais à la mesure des besoins. Il faut que la femme qui a été victime retrouve son autonomie personnelle et surtout sa joie de vivre. Il faut qu'on l'aide à retrouver confiance dans les hommes."
En France, tous les trois jours, une femme meurt sous les coups de son conjoint.
FXG, à Paris