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Publié par fxg

"Trop de subventions et l'octroi de mer maintiennent les opérateurs dans un confort qui ne les conduit pas à chercher de l'efficacité dans leur sourcing."

"Trop de subventions et l'octroi de mer maintiennent les opérateurs dans un confort qui ne les conduit pas à chercher de l'efficacité dans leur sourcing."

La concurrence outre-mer selon Francis Amand

Nommé délégué interministériel à la concurrence outre-mer en décembre dernier, Francis Amand a été auditionné par les députés jeudi matin à Paris.

"Les résultats ne pourront être que progressifs", prévient-il.

La concurrence est par nature dans nos territoires contrainte par l'étroitesse des marchés et leur éloignement. Mais ce qui frappe d'abord Francis Amand, le délégué interministériel à la concurrence outre-mer, c'est que peu d'acteurs se font concurrence. La concurrence entre les importateurs est faible : "Les Outre-mer, dit-il, ne sont pas des marchés à conquérir pour les exportateurs métropolitains car on ne peut pas beaucoup se différencier et ce qu'on a à gagner n'est pas très important." La concurrence entre importateurs et opérateurs locaux  est "médiocre". En cause l'octroi de mer qui ne vise plus à "égaliser les conditions de concurrence" mais est devenu avant tout une source de revenus pour les collectivités territoriales... "L'octroi de mer, précise M. Amand, ne devrait profiter qu'aux opérateurs locaux dont on a vérifié l'efficacité". Dans son viseur les filières car si elles doivent permettre une stratégie de développement local en aidant les producteurs en amont, c'est contradictoire souvent avec l'intérêt du consommateur, c'est-à-dire une baisse des prix...

La concurrence entre opérateurs locaux est "modérément développée" juge le délégué, et "parfois seulement apparente" en raison du dimensionnement et du libre accès aux infrastructures, notamment dans l'agriculture...

Le délégué admet une concurrence dans le tertiaire, dans la grande distribution avec une politique promotionnelle agressive qui aboutit quelque fois à des prix bas, dans la téléphonie (après les sanctions de l'Autorité de la concurrence qui peuvent aller jusqu'à 10 % du chiffre d'affaires mondial) et même dans les banques avec un taux de crédit jugé raisonnable. Pour autant, admet-il, les études de marché restent à faire... Sa principale interrogation réside dans la chaîne logistique (transport aérien et maritime) : "Je suis  en train d'investiguer de manière analytique", précise-t-il en regrettant le trop petit nombre de compagnies maritimes...

Mais aussi, Francis Amand constate qu'"il n'y a pas une forte culture de la concurrence". Peu de signalements dans les DIECCTE contre un concurrent ou un fournisseur, un modèle de négociation amicale qui nuit à la concurrence... "Je ne peux m'empêcher de penser que trop de subventions et l'octroi de mer maintiennent les opérateurs dans un confort qui ne les conduit pas à chercher de l'efficacité dans leur sourcing." En plus les consommateurs estiment que ce n'est pas à eux de faire jouer la concurrence...

Mobiliser tous ceux qui peuvent favoriser la concurrence

Dans ce contexte, M. Amand estime que le rôle d'un délégué à la concurrence, qui n'est pas un régulateur sectoriel, est d'adapter, d'avoir des approches négociées. En ce sens, le bouclier qualité prix (BQP) est un exemple de régulation négociée même si comme l'octroi de mer il a des objectifs contradictoires (prix, qualité, offre locale...) Il s'agit donc pour le délégué de mobiliser tous ceux qui peuvent favoriser l'amélioration de la concurrence, à savoir les consommateurs (comparateurs de prix, publicité du BQP, coopératives d'achat pour les pièces détachées, par exemple), les entreprises (pédagogie de la concurrence, des risques encourus, des procédures de clémence...) "Mon  bureau est ouvert, dit M. Amand, on peut m'appeler ; il faut dénoncer." Car du côté des entreprises, il faut mettre un terme aux exclusivités même si elles sont interdites depuis 2012... Le délégué propose donc d'étendre les sanctions aux exclusivités de licence de fabrication et contrats de franchise, de sanctionner les marges arrières qui ne sont pas remises dans les prix, de favoriser le regroupement des petits commerçants dans les grandes surfaces (comme cela se fait à Mayotte et en Guyane), favoriser l'arrivée de nouveaux opérateurs de manière à tester les circuits d'approvisionnement, partager les infrastructures comme l'abattoir ou l'usine aux opérateurs en aval. "Là, c'est du tarif réglementé", précise le délégué. Là aussi les élus ont un rôle à jouer, comme l'autorité de la concurrence qui a tous les pouvoirs d'investigation que n'a pas le délégué à la concurrence.

FXG, à Paris

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