Langues de France et d'Outre-mer
Les conseillers économiques, sociaux et environnementaux Dominique Rivière (Réunion), Sarah Mouhoussoune (Mayotte), Joël Lobeau (Guadeloupe), Jean-Etienne Antoinette (Guyane), Isabelle Biaux-Altmann (Saint-Martin) et Inès Bouchaut-Choisy (Saint-Barthélemy).
Le CESE veut valoriser les langues des Outre-mer
Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a adopté mardi après-midi un avis intitulé : "Valorisons les langues des Outre-mer pour une meilleure cohésion sociale." L'auteure de ce rapport, la conseillère de Saint-Martin, Isabelle Biaux-Altmann
, connaît bien le sujet puisqu'elle a travaillé sur l'écgec scolaire et le bilinguisme de son île qui se partage entre le français et l'english créole alors même que cette langue n'est pas reconnue parmi les 75 langues de France. Parmi ces langues, cinquante sont pratiquées dans les Outre-mer parmi lesquelles les créoles, les langues amérindiennes et bushinengés et encore le chimahorais à Mayotte, mais pas le kibouchi, le parler malgache de Mayotte. Son rapport vise faire connaître cette problématique aux décideurs et, notamment, au ministère de l'Education nationale. C'est d'ailleurs Jean-Michel Blanquer, ancien recteur de Guyane, qui déclarait lors des états-généraux du multilinguisme dans les Outre-mer en 2011, alors qu'il n'était encore que directeur général de l'enseignement scolaire : "Le fait d'avoir deux langues dans son patrimoine, voire davantage, est une richesse pour les enfants beaucoup plus que ce n'est un problème..." Ainsi, le CESE préconise la ratification par la France de la charte européenne des langues régionales qu'elle a pourtant signée depuis 1992 ! "C'est là, un des blocages vis-à-vis de l'Education nationale", souligne la rapporteure, car il est important d'adapter l'enseignement et de proposer l'enseignement des langues régionales qui sont un facteur d'inclusion sociale." Autrement dit, apprendre à lire et à écrire dans sa langue maternelle facilite pour le jeune l'apprentissage du français. La refondation de l'école proposée en 2012 par Vincent Peillon évoque déjà cette reconnaissance des langues régionales et la loi égalité réelle outre-mer de 2017 confirmait cette orientation législative. "Mais sur le terrain, tempère Isabelle Biaux-Altmann, on est loin des objectifs attendus. Ca reste au bon vouloir des enseignants..." Valelia Muni Toke, chercheur à l'IRD consultée pour la rédaction de cet avis, indique que "le bilinguisme en langues d'outre-mer est perçu comme quelque chose d'inutile alors que ces langues sont insérées dans leurs bassins géographiques"...
A l'heure actuelle, seuls les territoires dotés d'un statut d'autonomie (Polynésie et Nouvelle-Calédonie) ont pu faire un véritable travail allant dans le sens de la valorisation des langues régionales, pour ce qui est des départements et régions d'Outre-mer, on se heurte toujours au jacobinisme.
En conclusion, le CESE préconise une dizaine de mesures comme le soutien à la tenue d'états généraux du plurilinguisme à la Réunion en 2021, la généralisation des pratiques de traduction des actes de communication publique pour favoriser l'accès à la santé, au droit et à la justice, ou encore l'affectation en Outre-mer d'enseignants ayant reçu une formation d'accueil leur permettant une meilleure approche des langues et cultures du territoire dans lequel ils exercent.
FXG, à Paris