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Publié par fxg

Vas-y Francky ! 45 ans de carrière, c'est bon !

ITW Francky Vincent, auteur, compositeur, interprète

"J'ai pas un zizi à la place du coeur !"

Francky Vincent fête cette année ses 45 ans de carrière. CElii que d'aucuns ont surnommé le "Pierre Perret des Antilles" a sorti pour l'occasion un single, "L'été sera chaud" et annonce un concert à l'espace Pierre-Bachelet à Dammarie-Les-Lys, en Seine et Marne le 14 septembre, tout en poursuivant sa participation à la tournée du "Best off 80" avec des artistes comme Sacha du groupe "Début de soirée", Julie Piétri, Thierry Pastor Mickaël Jones... Interview.

Que représente cet anniversaire pour vous ?

J'ai débuté en 1974 et ma première chanson s'appelait "Ambition", ce qui allait tout à fait avec l'esprit de ce que je voulais faire puisque je voulais faire carrière. Je ne vais pas faire pur et dur dans l'autosatisfaction, mais il y a quand même une satisfaction qui est là et qui semble perdurer.

Comment est né votre premier groupe, "Tabou n°2" ?

J'ai créé ce premier groupe avec des amis de Pointe-à-Pitre.  Dès le départ, mes chansons ont été vraiment portées sur la chose et il y avait quelques chansons qui étaient relativement vulgaires parce que j'avais 18 ans... Donc, je ne calculais pas, j'envoyais parce que les meurs n'avaient pas vraiment évolué aux Antilles et c'était pratiquement prohibé de chanter des chansons coquines. On pouvait parler de sorcellerie, d'église, mais surtout pas de sexe ! Si les gens de mon âge ainsi que les générations qui sont arrivées après ont pu parler de ça, c'est peut-être grâce à moi.

Pourquoi avez-vous arrêter Tabou n°2 ?

J'ai arrêté ça parce que je voulais commencer une carrière solo et j'ai fait 17 ans de carrière aux Antilles ! Le premier titre solo que j'ai chanté a été "La vie en rose" version antillaise !

Comment le public vous a-t-il accueilli ?

J'ai été quelque peu rejeté par les Guadeloupéens, mais adopté par les Martiniquais ! Je ne sais pas si c'était salvateur mais les Martiniquais m'ont adopté... Vous savez des fois dans une famille, quand on est adopté, il y a plus d'affection...

Et vos parents, comment ont-ils reçu vos chansons ?

Ma mère, enseignant le catéchisme et chantant au sein d'un chorale d'église, n'a pas accueilli mes chansons coquines avec les bras ouverts !

Votre mère vous a rejeté ?

Elle ne pouvait pas me rejeter ! Quand vous allez en prison, vos parents sont présents au tribunal et ils ne vous rejettent pas même si vous avez fait quelque chose de très grave. Mais pour moi, chanter ce que je chantais, ce n'était pas grave !

Et votre père, quelle a été sa réaction ?

Mon père qui travaillait au centre d'enfûtage de gaz dont il était le directeur, m'applaudissait ! Mon père était loin d'être pudique.

C'est à cette époque-là que vous travaillez à la Sécurité sociale ?

Oui, j'ai travaillé à la Sécurité sociale parce que j'avais 18 ans et je ne vivais pas du métier de chanteur. Ce n'était pas encore un métier, juste une petite passion en tant qu'amateur. J'animais des bals populaires mais je ne gagnais pas bien ma vie.

Dans les bals populaires, vous pouviez vous permettre de chanter des chansons salaces ?

Ben oui, c'est à partir de là que j'ai commencé à improviser des paroles cochonnes sur certaines chansons, certaines rythmiques et ça m'a donné envie de faire la carrière que je fais aujourd'hui. Ca faisait rire certains et rire jaune d'autres !

Vous pensiez alors qu'il fallait secouer la société antillaise ?

Absolument ! J'étais quelque peu rebelle et j'avais peut-être une petite prétention, celle de tout bouleverser aux Antilles parce que les gens étaient très hypocrites par rapport au sexe et c'est un truc qui m'énervait.

Quand avez-vous décidé de tenter votre chance à Paris ?

Je suis parti à Paris parce qu'il fallait que je parte. J'étais rejeté par beaucoup de Guadeloupéens de par la teneur de mes chansons. Donc, je me suis dit : pourquoi ne chanterais-je pas en français et n'essaierais-je pas de conquérir les métropolitains ? Pour nous, quand on habite les îles, arriver à séduire l'Hexagone, c'est une grosse performance... Je suis parti en 1992 et je suis arrivé avec sous le bras la chanson "Fruit de la passion". J'ai essayé pendant deux ans de brancher CBS et personne n'en voulait parce que c'était trop vulgaire.

Qu'est-ce qui fait que ça a marché ?

J'ai eu un piston. Ce piston, c'était Christian Lester... Je l'ai croisé, il m'a donné les bonnes directions et on a pu sortir cette chanson en 1994. Aujourd'hui, nous en sommes à 2,5 millions albums vendus à travers le monde. J'ai eu la chance de sortir de sortir cet album qui s'est révélé un filon, un puits de pétrole ! Dans le même album, on a "Le tourment d'amour", "Fruit de la passion", "Alice ça glisse" et "Canne à sucre" qui sont quatre chansons que les métropolitains ont adoptées !

Est-ce que la comédienne Alice Sapritch a protesté ?

Ah non... C'est vrai que cette chanson, je l'ai composée avant sa mort, mais c'est vrai aussi que Alice, c'est quand même d'abord issu du conte de Lewis Carol... Alice, ça glisse au pays des merveilles ! J'ai joué avec !

Comment avez-vous été inspiré pour écrire vos textes ?

Aujourd'hui, j'écris beaucoup de poèmes et ça vient comme ça, c'est fluide... Je l'ai en moi. J'avais des prédispositions, oui, je peux le dire comme ça. Elles se révèlent à moi au fil des mois, des années et des rencontres aussi ! Avec mon épouse actuelle, j'écris autrement qu'avec mon ex ou mes ex... Il y a ces influences...

En relisant votre discographie, je vois que vous avez joué avec Kassav...

Je n'ai pas joué avec Kassav, Kassav m'a accompagné sur deux albums, mais pas sur scène...

Vous avez joué avec nombre grands musiciens antillais... Musicalement, comment êtes-vous considéré ?

Tous les artistes antillais vont dire "le meilleur, c'est Francky Vincent." Je suis le number one aujourd'hui, c'est-à-dire : le meilleur, c'est moi. Le meilleur showman, le meilleur prétentieux, le meilleur tchatcheur, le meilleur vantard... (rire)... Même dans les défauts, je suis le meilleur ! (fou rire)... Mes qualités proviennent de ma gouaille, de ma verve, ma dérision, mon autodérision... L'autodérision, c'est quelque chose qui séduit les gens intelligents. Et puis il y a ma sensibilité aussi ! Parce qu'on sent que j'ai un peu de sensibilité. J'ai pas un zizi à la place du coeur ! Mais je sais aussi me vanter... Vas-y Francky, c'est bon ! (rire)...

Quel regard avez-vous sur la scène créole ?

Dans les années 1980, on vit des artistes qui étaient différents. Vous aviez Malavoi qui avait un style, Kassav avait un style, La Compagnie créole avait un style, Zouk machine avait un style et Francky Vincent avait un style ! Aujourd'hui, on a dix ou quinze artistes qui font le même truc et on est très fier de ça...

Que pensez-vous du zouk love ?

Le zouk love demeure sauf qu'il a perdu sa superbe !

Et vous vous faîtes toujours du zouk Francky Vincent ?

Je ne sais pas si je fais du zouk, je fais d'abord du Francky Vincent et après je fais du zouk...

Pourquoi ne faîtes-vous pas une tournée en Outre-mer pour ces 45 ans ?

Je dois y aller, mais ça ne sera pas de suite... 2020, il va y avoir les élections municipales, il faut être vigilant... Je ne fais pas dans les élections, je fais dans les érections !

Propos recueillis par FXG, à Paris

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