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Publié par fxg

Photo: Philippe Hillion

Photo: Philippe Hillion

"Time is brain"

Aude Pavilla, chercheure en imagerie médicale, travaille à élaborer avec l'université de Rennes et le CHUM un outil très rapide de diagnostic des accidents vasculaires cérébraux. C'est ce travail qui lui a permis de décrocher le prix Jeunes Talents L'Oréal-UNESCO pour les Femmes et la Science.

"Je travaille sur l'imagerie des accidents vasculaires cérébraux ischémiques." Aude Pavilla, jeune martiniquaise de 32 ans, est post-doctorante au département de neuroradiologie au Centre Hospitalier Universitaire de Martinique à Fort-de-France (en collaboration avec le laboratoire LTSI de Rennes). Elle cherche à mettre au point une nouvelle méthode pour diagnostiquer les accidents vasculaires cérébraux et c'est à ce titre qu'elle a reçu le 8 octobre le prix Jeunes Talents L'Oréal-UNESCO pour les Femmes et la Science, une bourse de recherche d’un montant de 20 000 € à quoi s'ajoute un programme de formation au leadership, complémentaire à son parcours scientifique, à même de lui donner les moyens de briser plus facilement le fameux "plafond de verre".

Aude a fait toute sa scolarité en Martinique, le collège à Sainte-Luce, le lycée à Rivière-Salée avant de faire sa prépa au lycée de Bellevue.

Aude a alors eu le choix entre plusieurs écoles d'ingénieur, mais son attrait pour l'enseignement et la recherche la pousse à s'inscrire dans un magistère de physique fondamentale et appliquée à la fac d'Orsay.

"J'ai toujours été passionnée par les sciences mais j'ai gardé une appétence forte pour l'interface entre la biologie, la médecine et la physique." C'est ainsi qu'elle s'oriente sur l'imagerie médicale. De retour en Martinique, elle trouve un poste de prof pour les classes prépa au lycée Joseph-Gaillard. Forte de sa thèse de doctorat, elle se lance dans un post-doctorat, un travail de recherche avec le laboratoire de traitement du signal et de l'image de l'université de Rennes et le CHUM où se font les inclusions des patients, c'est-à-dire le diagnostic et la prise en charge des AVC. "L'AVC, explique-t-elle, est une vraie problématique de santé publique. Au niveau mondial, c'est la première cause de handicap, la première cause de décès chez la femme, la troisième chez l'homme et, en Martinique comme dans toutes les Antilles, cette pathologie est surreprésentée." C'est aussi une pathologie d'urgence qui exige une véritable course contre la montre et pour ça il faut recourir à l'imagerie par résonnance magnétique (IRM).

Un formidable accélérateur de diagnostic

C'est là qu'Aude intervient : "On s'appuie sur deux images, l'imagerie de diffusion qui permet de voir la lésion et son étendue dans le cerveau, et une imagerie de perfusion qui montre comment les tissus sont irrigués. C'est l'association de ces deux séquences distinctes d'imagerie qui permettent de déterminer la pénombre ischémique, c'est-à-dire quels tissus sont en souffrance." Comme la fenêtre thérapeutique n'est que de quatre heures et demi, l'outil que propose de développer Aude, est un formidable accélérateur de diagnostic. "Notre projet est de développer une  séquence rapide qui va permettre d'évaluer de façon simultanée à la fois l'image de diffusion et celle de perfusion." Pour cela, elle étudie la microvascularisation des tissus, les capillaires, pour en tirer un modèle mathématique qui permet une meilleure caractérisation de l'hétérogénéité de la lésion ischémique. Cela doit aboutir à un gain de temps significatif qui permettrait d'appuyer la décision d'intervention thérapeutique pour le neurologue qui prend la suite du neuroradiologue. Comme le dit Aude, "Time is brain", le temps, c'est du cerveau !

A l'issue de son post-doc, Aude voudrait poursuivre la recherche, mais la réalité insulaire fait qu'il n'y a pas de laboratoire en Martinique pour qu'elle puisse continuer. Elle espère néanmoins poursuivre son travail avec le labo de Rennes et pourquoi pas avec d'autres dans l'arc antillais. C'est là que son prix L'Oréal-UNESCO tombe bien. "Ca représente une bonne opportunité d'avoir des conditions logistiques et organisationnelles pour fonctionner..." Et comme la recherche, c'est ne pas faire ce qui a déjà été fait, ce prix va lui permettre aussi de rester au courant en participant à des congrès et de partager ses résultats au sein de la communauté scientifique.

Pendant son temps libre, Aude Pavilla est co-déléguée régionale de l’association « Elles Bougent », une association qui promeut auprès des jeunes filles les nombreux métiers du numérique et de l’industrie, par le biais de témoignages de marraines, afin de susciter des vocations dans ces secteurs qui manquent encore cruellement de talents féminins.

FXG, à Paris

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