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Publié par fxg

Photo : R. Dijoux

Photo : R. Dijoux

"Mon terrain de jeu, c'est le monde !"

Noellie Gay vient de soutenir sa thèse en épidémiologie à l'école doctorale de la Réunion. Elle fait partie des vingt doctorantes et 15 post-doctorantes récompensées mardi 8 octobre à Paris, par le prix Jeunes Talents L'Oréal-Unesco pour les femmes et la science.

Outre une bourse de recherche d’un montant de 15 000 euros, Noëllie doit bénéficier d’un programme de formation au leadership, complémentaire à son parcours scientifique.

"Je m'intéresse aux bactéries qui résistent aux antibiotiques et à la manière dont elles se transmettent à l'homme, notamment au travers de l'environnement et son contact avec les animaux." Le modèle de Noëllie, c'est escherichia coli, une bactérie que nous avons tous dans le tube digestif. "Elles ne sont pas méchantes, mais certaines d'entre elles portent des gènes de résistance à une grande famille d'antiobiotiques, les bétalactamines comme l'amoxicilline ou la pénicilline." Avec sa bourse de doctorat, elle est partie dans l'océan Indien où elle est accueillie par le CIRAD de la Réunion.

Noëllie a grandi en Mauritanie et en Côte d'Ivoire et très rapidement, elle s'est intéressée à la faune sauvage, à la nature, au vivant. A l'âge de 10 ans, elle rentre en France, à Alès, mais comme on la juge pas assez forte en maths et en sciences, elle est orientée sur un bac économie suivie d'une prépa HEC. "J'en avais juste ras le bol ; je voulais étudier les sciences du vivant ! J'ai tout plaquer pour aller étudier la biologie à la fac." Elle commence ses premiers stages, au Québec, en Thaïlande et en Guyane. "En Guyane, j'étais à l'institut Pasteur, ça a été une révélation pour moi. Le fait de faire du terrain, d'être dans la forêt amazonienne, de travailler avec des chercheurs... Ca a été très stimulant pour moi." En travaillant sur la faune sauvage, elle découvre la manière dont les virus, les bactéries peuvent se transmettre à l'homme. Ce n'est que plus tard qu'elle va s'intéresser à la résistance bactérienne aux antibiotiques. Entretemps, elle s'implique dans la gestion concrète d'épidémies. "J'ai surveillé des maladies émergentes comme le zika, le chikungunya, dans le temps et l'espace pour les contrôler..." Elle travaille même sur l'épidémie de choléra en Haïti.

Les rats indicateurs de la circulation des bactéries antibio-résistantes

Photo : R. Dijoux

Comme Noëllie voulait continuer de travailler dans les îles, elle a proposé son projet de recherche pour sa thèse à l'agence régionale de santé de l'océan Indien. Tous les indices indiquaient une problématique sanitaire liée à la résistance bactérienne substantielle à Madagascar. "On ne peut pas étudier ce sujet, explique-t-elle, sans considérer l'environnement dans lequel évoluent les personnes. Tout n'est pas lié à la prise d'antibiotiques et l'hospitalisation. Dans les pays comme Madagascar, pays à faibles revenus, il y a d'autres enjeux ailleurs, notamment pour les communautés de fermiers, l'acquisition de bactéries résistantes est en lien avec les contacts aves les animaux d'élevage car on utilise pour eux de grandes quantités d'antibiotiques." Ses recherches ont permis d'identifier des leviers qui pourraient permettre de contrôler cette problématique d'antibio-résistance. "Si on arrive, poursuit-elle, à trouver les voies majeures de transmission, on peut les couper." Elle a donc étudié l'ADN de ces bactéries, les a comparées pour émettre des hypothèses sur ces voies de transmission. Ce travail, elle l'a fait à l'institut Pasteur d'Antananarivo.

L'ARS de l'océan Indien a aussi financé un de ses projets à Mayotte et à la Réunion. "J'ai travaillé sur les rats et les rongeurs comme indicateurs de la circulation des bactéries antibio-résistantes dans l'environnement." Maintenant qu'elle est docteur, Noëllie entend rester dans l'épidémiologie. Maintenant, comme elle dit : " Je souhaite continuer à développer mes projets de recherche sur la résistance bactérienne aux antibiotiques." Elle discute avec des équipes notamment à Maurice et en Asie. "Mon terrain de jeu, c'est le monde ! « Je vais continuer à travailler dur ! J'ai un parcours atypique et je vais continuer à prendre des chemins créatifs et innovants."

FXG, à Paris

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