Fondation pour la mémoire de l'esclavage - Acte 1
La Fondation pour la mémoire de l'esclavage sur les fonts baptismaux
Exit le Comité national pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage, voici désormais la Fondation pour la mémoire de l'esclavage. Un décret a enterré le premier et un conseil d'administration inaugural a porté l'ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault à la présidence de la seconde.
Mercredi matin, les dix membres fondateurs (André Yché, président de CDC-Habitat, Franck Dondainas, président de Quartus solidaires, Didier Laguerre, maire de Fort-de-France, Olivier Chateau, maire-adjoint de Nantes, Bruno Arcadipane, président de Groupe Action Logement, Fabrice Boudjaaba (CNRS), Marie Trellu-Kane, (Conseil économique, social et environnemental), Georges Brédent, président du Mémorial ACTe, Yvon Chotard, administrateur de l'association des Anneaux de la Mémoire (Nantes) et Emmanuel Gordien, président du CM 98) se sont réunis sous la présidence de Jean-Marc Ayrault, jusqu'alors président de la mission de préfiguration, lequel leur a remis les curriculum vitae de cinq personnes destinées à rejoindre le conseil d'administration de la Fondation en tant qu'administrateurs experts. Ensuite, les dix membres fondateurs se sont réunis à huis clos et ont coopté (9 voix pour et une abstention) ces cinq personnes. Il s'agit de Fanny Augustin (journaliste réalisatrice), Fanny Glissant (productrice et réalisatrice), Mémona Hintermann Afféjée (journaliste, ancien membre du CSA), Laurence Lascary (productrice) et de Jean-Marc Ayrault.
L'après-midi, le premier conseil d'administration de la Fondation a élu Jean-Marc Ayrault président, Georges Brédent, premier vice-président, et Didier Laguerre, deuxième vice-président. Pour expliquer l'absence d'historiens au sein du conseil, le représentant du CNRS a indiqué qu'ils auraient toute leur place au sein du conseil scientifique où siègeront les anciens présidents du CNMHE et auquel reviendra le rôle d'élaborer les contenus. Il sera présidé par Romuald Fonkoua, un profil littéraire, et non un historien.
Nomination d'une directrice "sans appel à candidatures, ni fiche de poste"
Le CA a ensuite procédé à la nomination de Dominique Taffin, directrice des archives départementales de la Martinique comme directrice, et de Pierre-Yves Bocquet (jusqu'alors administrateur de la mission de préfiguration) comme directeur-adjoint.
A noter que sur ce point, Daniel Dalin, président du CReFOM, a saisi par un courrier Jean-Marc Ayrault et le Premier ministre pour regretter que cette nomination soit faite sans fiche de poste, ni appel à candidatures. Daniel Dalin s'est aussi plaint de l'absence du CReFOM au sein du conseil d'administration. Jean-Marc Ayrault lui aurait indiqué que les statuts ne le permettaient pas et que, par ailleurs, le CReFOM aurait une place au conseil d'orientation.
Un conseil des territoires doit aussi être adjoint à la Fondation où sont en principe attendus les opérateurs de mémoire dont seuls deux représentants siègent au CA.
Le premier événement organisé par la Fondation sera une réitération des ateliers de la Fondation, tels qu'ils se sont déjà tenus en novembre 2018. Ce sera en février 2020, l'occasion de célébrer la première abolition du 4 février 1794 avec l'édition d'un timbre figurant la Marianne noire.
Reconnue d’utilité publique, la Fondation pour la mémoire de l'esclavage a pour mission de "témoigner de la reconnaissance que ce passé occupe dans l’histoire de France comme dans l’histoire du monde".
FXG, à Paris
A peine née, déjà critiquée
Un faire-part de naissance, amer ou ironique, c'est selon, circule déjà sur les réseaux sociaux : "M. Fondation Jean Jaurès et Mme Fondation Terra-Nova sont heureux de vous annoncer la naissance de leur fille Fondation Mémoire de l’Esclavage". Ce "faire-part" ajoute au nom de la Fondation les termes "diversité, minorités visibles, jeunes des banlieues et repentance" et moque la liste des cadeaux de naissance : "compte à la Caisse des dépôts, intégrale des discours de Christiane Taubira, CD de rappeurs afro, livre Un féminisme décolonial, dédicacé par l’auteur, scolarité et stages au Mémorial de Nantes..." Il moque encore "la marraine", Anne Hidalgo, maire de Paris, et "le parrain, M. Mémorial Acte qui s’est déjà réjoui des nombreuses allocations familiales que versera l’Etat pour accompagner la jeune pousse".
La mémoire de l'esclavage reste donc un sujet brûlant qui ne serait pas parvenu à s'extraire des clivages politiques actuels.