Le rapport des sénateurs sur les risques naturels outre-mer
Photo : Les sénateurs Jean-François Rapin (LR Pas de Calais), Abdallah Hassani (LREM Mayotte), Guillaume Arnell (RDSE Saint-Martin), etMichel Magras (LR Saint-Barthélemy).
Reconstruction et résilience après une catastrophe naturelle
En attendant le premier semestre 2020 et le projet de loi gouvernement sur les risques naturels en Outre-mer, la délégation Outre-mer du Sénat a adopté hier matin son second rapport sur les risques naturels majeurs. Après le passage du cyclone IRMA, les sénateurs se sont d'abord penchés sur la prévention des risques et la gestion de l'urgence dont les conclusions ont fait l'objet d'un premier rapport en 2018. Cette fois, ils se sont intéressés à la reconstruction et à la résilience des territoires. Ils formulent ainsi une quarantaine de propositions réunies autour de quatre axes : le pilotage et le suivi institutionnel de la reconstruction qui doit être efficace et durable, qui doit anticiper l'évolution des risques naturels avec une politique de prévention des risques sur le long terme.
Pour permettre une reconstruction rapide (Saint-Martin n'est reconstruit qu'à 49 % deux ans après Irma contre 87 % pour SAint-Barth), il faut que non seulement la solidarité nationale s'exerce face à la non-assurance (50 % de couverture assurantielle contre 96 % dans l'Hexagone), mais que les collectivités disposent de financement des actions de sortie de crise. Sur ce point, les sénateurs demandent le déplafonnement du fonds Barnier et du fonds vert et un accès plus facile. Pour mémoire le fonds Barnier a mobilisé pour la France depuis 1995 un peu moins de 2 milliards dont 207 millions pour les Outre-mer. Le gouvernement, indique le sénateur Arnell (RDSE SAint-Martin) reste muet sur cette demande...
Le rapport sénatorial recommande aussi un pilotage efficient institutionnel, clair et efficace. A demi-mot, les sénateurs ont critiqué la position dominante et castratrice du préfet délégué à la reconstruction de Saint-Martin face à la collectivité territoriale. Ils notent au passage que ce poste de délégué n'existe plus depuis le mois d'avril alors qu'il a été en exercice durant six ans après le cyclone Hugo.
Pour faciliter la reconstruction, les sénateurs proposent de fluidifier les processus en permettant des dérogations aux règles habituelles des marchés par exemple ou en autorisant l'élimination des déchets par le feu. De même pour assurer une reconstruction durable, ils sont favorables à la diffusion de guides de bonnes pratiques qui tiennent aussi compte des savoirs ancestraux, comme les toits à quatre pentes de Saint-Barth qui ont mieux résisté que les toits modernes à deux pentes...Autre aspect : les sénateurs préconisent de veiller aussi à la reconstruction sanitaire et sociale des populations, car une catastrophe peut être un "amplificateur de difficultés sociales préexistantes".
Pour dynamiser la résilience des Outre-mer face aux risques naturels, ils proposent de mieux évaluer le changement climatique et ses conséquences. Ainsi la Caisse centrale de réassurance (CCR) et Météo France anticipent sur une augmentation, non des phénomènes cycloniques, mais de leur intensité. Depuis 1990, selon la CCR, le taux de sinistralité est de 13,6 % du volume des cotisations depuis Irma (contre 3,6 % sans Irma).
L'aménagement du territoire doit lui aussi être revu à l'aune de ces risques (habitat insalubre, zone des cinquante pas) tout comme les réseaux qui doivent être sécurisés, c'est-à-dire bien souvent enfouis. Les schémas d'aménagement envisagent des réseaux résilients pour 2030.
Enfin, il s'agit d'amplifier les politiques de préparation et de prévention. Cela ramène aux moyens, à une meilleure couverture assurantielle qu'il faut encourager par des campagnes de communication et une surveillance des tarifs proposés par les assureurs outre-mer. Guillaume Arnell a rappelé le cas de Groupama qui avait préféré quitter Saint-Martin après le passage de Maryline en 1995... Il faut aussi renforcé la culture du risque pour les populations concernées en encourageant les actions d'éducation et la formation des élus. Et comme ces politiques de prévention doivent se faire dans la durée, il convient de pérenniser la délégation interministérielle aux risques majeurs Outre-mer. C'est un peu tout cela que les sénateurs aimeraient retrouvé dans le projet de loi gouvernemental à venir.
FXG, à Paris