Les services public en Outre-mer
Accès aux services publics Outre-mer : loin du compte !
Sur 1 383 Maisons de services au public en France, seulement 21 sont situées en Outre-mer. Ceci est une illustration saisissante des déficits d’accès aux services publics dans les territoires d’Outre-mer.
Au Conseil économique, sociale et environnemental, Michele Chay et Sarah Mouhoussoune ont présenté mercredi 29 janvier leur étude sur l'accès aux services publics dans les Outre-Mer. "Quand l’accès au service public est bouché, a déclaré lors du débat Jacques Toubon, le défenseur des droits, les droits ne sont pas effectifs." Ce constat partagé tient à l’insuffisance de moyens des administrations, des coûts de déplacement et de l’inadaptation des procédures. "Lorsque la géographie pose des difficultés, signale l'étude, c’est à l’État de s’organiser pour garantir l’accès au service public."
Le mouvement des gilets jaunes à La Réunion en novembre et décembre 2018 ont fait suite aux soulèvements des Antilles-Guyane et de La Réunion en 2006, 2008 et 2009, de Mayotte en 2011, de Guyane en 2017 et encore de Mayotte au début 2018. "Ces mobilisations populaires sont l’expression du mal-être et des injustices qui perdurent depuis de nombreuses années, a indiqué Michèle Chay, ce que demandent les ultramarins, c’est l’égalité ni plus ni moins." Or, ces manifestations à répétition n’ont entraîné que des mesures correctives, souvent en urgence et insuffisantes. Pour le CESE, les Outre-mer ont besoin d’un plan de rattrapage global et d’un plan d’investissements qui permettent "une transition vers des modèles de développement humain, durable et soutenable, adaptés à chaque territoire". "Les carences en matière de santé, d’éducation et d'environnement, a souligné Sarah Mouhoussoune, sont des priorités à combler car elles conditionnent l'avenir de nos territoires."
L'étude propose 20 pistes de réflexion qu'il s'agisse d'une meilleure intégration des besoins des Outre-mer aux politiques publiques, de sortir d'une logique d'urgence et de réaction face aux crises, de mettre en place une véritable "clause d'impact Outre-mer" dans le processus législatif qui ne se limiterait pas à l'analyse juridique mais qui intègrerait aussi les impacts sociaux, économiques et environnementaux. Encore faudrait-il disposer d’indicateurs "fiables et exhaustifs" permettant des comparaisons dans le temps et dans l’espace...
Décrochage scolaire
Concrètement, le CESE appelle à adapter les effectifs de sécurité et de justice en complément des Maisons de services au public, à investir dans la couverture réseau numérique et dans l'accompagnement des usagers, à renforcer le vivier des cadres administratifs ultramarins par la création de filières post-bac préparant aux écoles d’administration et d'un Institut de préparation à l’administration générale (IPAG) dans chaque territoire. Dans cet esprit, il soutient le dispositif de formation des "cadres d’avenir pour Mayotte" dont il préconise la généralisation aux autres territoires.
Pêle-mêle, le CESE voudrait que la Protection maternelle et infantile comme le maillage territorial des centres hospitaliers, des centres de santé et dispensaires soient reforcés. Le CESE insiste enfin sur le décrochage scolaire. Si 10,1% des élèves quittent l'école avant 16 ans en France hexagonale, le chiffre s'élève à 12,8 % à la Guadeloupe, 15,8% à la Martinique, 26,9 % en Guyane. L'État devrait donc donner les moyens nécessaires pour atteindre un maximum de 24 élèves par classe tout en tenant compte des réalités bilinguales.
Toutes ces recommandations ressemblent pour beaucoup à l'esprit de la loi égalité réelle réelle Outre-mer adoptée en 2017. La signature des premiers Contrats de convergence en juillet dernier est déjà "une inflexion positive vers une meilleure prise en compte des besoins des territoires", à condition qu'ils soient évalués à mi-parcours à travers "une large participation des populations ultramarines concernées".
FXG, à Paris