Procès des Réunionnais Jérôme et Marie-Annick Lebeau pour terrorisme islamique
Une mère et son fils jugés pour leur islamisme radical
Le procès de Jérôme Lebeau (25 ans) et sa mère, Marie-Annick (60 ans), a débuté lundi 2 mars devant la cour d'assises spéciale de Paris pour se conclure jeudi prochain. Le fils et sa mère doivent répondre de leur participation à un groupement ou une entente établie en vue commettre des actes terroristes. Jérôme Lebeau est aussi poursuivi pour tentative d'homicide volontaire sur les forces de l'ordre.
Tout démarre en mars 2017, lorsque la DGSI repère le compte twitter d'un certain Al Daoud Elkatal (tueur souriant) qui fait l'apologie du terrorisme islamiste. Les investigations des services parviennent à identifier à Saint-Benoît le jeune Jérôme Lebeau ainsi que son compte facebook sur lequel il s'est livré deux ans plus tôt à des propos haineux et à l'appel au djihad. Le 27 avril 2017, c'est l'assaut. A 6 heures du matin, la sûreté départementale, le GIPN, la DGSI et les gendarmes débarquent résidence des Fragrances à l'appartement de Marie-Annick Lebeau. Le jeune homme s'est barricadé dans sa chambre et fait feu à l'aide d'un fusil Mauser à pompe sur les fonctionnaires qui répliquent. Deux balles brenneke sont retrouvées écrasées dans les boucliers de deux fonctionnaires. Jérôme Lebeau est atteint d'une balle et évacué au CHU. Sa mère, sa soeur, Valériane et son compagnon Mathieu sont interpellés. Dans l'appartement, on trouve, outre le Mauser, un fusil 22LR, 400 munition (calibre 22 et 12), deux matraques télescopiques, des lunettes commando, un poignard de chasse, un poing américain, des jumelles, l'ensemble dans un sac à dos. Jérôme Lebeau expliquera d'abord cet arsenal par son "délire survivaliste"... On trouve également une soixantaine de balles de ping pong grâce auxquelles le jeune homme entend faire un explosif, du TATP. Les investigations permettent de découvrir quelque 500 vidéo de propagande et de décapitation de l'Etat islamique ainsi que celles d'attentats matériels commis à l'oratoire de Saint-Expedit ainsi qu'à l'oratoire du trou d'eau à Saint-Gilles-les-Bains. L'étude de la messagerie Telegram du jeune Lebeau révèle encore qu'il voulait commettre des attentats contre des policiers ou des militaires en France ainsi que sa volonté de se rendre en Syrie ou en Iraq. "Qu'Allah nous compte parmi ses soldats", écrit-il ainsi à une femme engagée dans le djihadisme en Belgique...
Père absent et relation fusionnelle avec la mère
Le procès va durer jusqu'à jeudi. Sur le banc des parties civiles, les deux fonctionnaires visés par Jérôme Lebeau lors de l'assaut du 27 avril 2017. De l'autre côté, Marie-Annick Lebeau. Chaussures oranges, pantalon noir et chemise à fleurs d'hibiscus rouge, elle comparaît librement après avoir passé près de deux ans en détention provisoire. Elle est poursuivie pour complicité, ayant financé les armes de son fils, assisté aux attentats contre les oratoires et vraisemblablement partagé les idées de son fils. Dans la cage de verre, gardé de près par un gendarme, Jérôme Lebeau. Il est vêtu d'un pantalon de survêtement gris, un gilet de laine noire et d'une chemise grise. Cheveu et barbe courte, il semble serein.
Sa soeur Valériane et son compagnon sont là aussi. La première témoignera ce mardi, le second mercredi.
L'examen de la personnalité de Marie-Annick Lebeau, hier, a fait valoir une personnalité "caméléon qui s'adapte aux attentes des autres". Le père de ses deux enfants, non reconnus, Daniel Dufour, aujourd'hui retraité du Conseil général, avait une autre famille qu'il n'a jamais voulu quitter. C'est grâce à lui toutefois que Marie-Annick a été embauchée comme standardiste au Conseil général et qu'elle a pu bénéficier de son logement social aux Fragrances. Ce n'est qu'en 2013, qu'elle cesse de le voir après lui avoir posé en vain un ultimatum. C'est précisément à cette époque que Marie-Annick, enfermée dans une "bulle" et dans une relation fusionnelle avec son fils, se convertit à l'islam, suivant ainsi ses choix...
Demain, la cour se penchera sur la personnalité de l'accusé et sur les faits...
FXG, à Paris