Conjoncture et perspectives économiques en Outre-mer... Brrr !
Marie-Anne Poussin Delmas lors de la présentation de la conjoncture économique Outre-mer en mai 2019
Sale temps en perspectives pour les économies ultramarines
Marie-Anne Poussin Delmas, directrice générale de l'IEDOM, a résumé jeudi sa présentation de la conjoncture Outre-mer en 2019 et ses perspectives 2020 par cette formule : "un rattrapage compromis". Les indicateurs étaient au vert en 2019 : climat des affaires bien orienté, l'évolution du PIB par habitant à la hausse, les défaillances des entreprises comme le chômage à la baisse (22% en Guadeloupe, 20 % en Guyane, 15 % en Martinique et 7,9 % dans l'Hexagone). Ce rattrapage, hélas, est bien compromis avec la crise sanitaire. La crise pourrait même accentuer les fragilités structurelles des Outre-mer. Le confinement a provoqué un choc sur l'offre externe avec une baisse des approvisionnements des entreprises, une baise de la production et des ventes, de la fourniture des services et la mise à l'arrêt forcé des salariés. Tout cela a conduit à une baisse de la demande intérieure. Dans ces conditions, estime la patronne de l'IEDOM, "les perspectives 2020 ont dégradées en raison de la forte dépendances des Outre-mer aux échanges extérieurs". Deux facteurs jouent : le tissus des entreprises, composé en majorité de TPE très vulnérable ; et la place centrale du tourisme et des services connexes comme le transport. "On ne voit pas comment ils vont pouvoir reprendre leur activité", a souligné Mme Delmas qui estime toutefois que "le secteur public va jouer un rôle d'amortisseur". Par rapport à la Polynésie, les Antilles devraient néanmoins mieux s'en sortir du fait de leur moindre dépendance à une clientèle américaine et internationale et grâce à la force de son tourisme affinitaire.
Le confinement a provoqué une baisse globale de l'activité de 30 %, peu ou prou comme dans l'Hexagone. Le montant des impayés qui était à la baise remonte (de 0,3 à 1,5 millions en Martinique ; de 0,4 à 0,7 million en Guadeloupe) sauf en Guyane où paradoxalement il s'améliore (de 0,23 à 0,1 million).
Baisse attendue de 6% du PIB par habitant
La crise sanitaire a aussi révélé "l'exposition significative" de l'Outre-mer aux approvisionnements d'Asie du Sud-Est. Ca représente pour les seules importations de Chine, 8,4 % en Guadeloupe, 6,5 % en Martinique et 10,5 % en Guyane.
Le transport aérien a connu un véritable effondrement : -47,2 % pour les échanges inter-Outre-mer, -61,5 % pour les échanges internationaux avec les Outre-mer, et - 34,6 % pour les échanges Outre-mer-Hexagone (une chute moindre en raison de la continuité territoriale).
Le soutien massif de l'Etat et l'action des collectivités (aides aux entreprises et recours au chômage partiel) devraient faciliter le redémarrage de l'offre des entreprises et la reprise de la consommation des ménages. A la date du 7 mai, il y a eu 1662 prêts garantis par l'Etat (PGE) pour un montant global de 344 millions en Guadeloupe, 1531 pour un montant de 289 millions en Martinique et 385 en Guyane pour un montant de 66 millions. "Les Outre-mer ont été servis à la hauteur de leur poids dans l'économie." Le faible nombre de saisines pour la médiation du crédit (6 en Guyane, 4 en Guadeloupe et 3 en Martinique) font dire à Mme Poussin-Delmas que les entreprises ont bien eu accès aux dispositifs de soutien.
Tout cela laisse penser que la baisse du PIB en Outre-mer en 2020 sera du même ordre que ce qui est attendue dans l'Hexagone, soit 6 %. "Ce sera un chiffre à actualiser en fonction du rebond post-confinement", conclu la directrice générale de l'IEDOM.
FXG