La rigidité administrative à l'oeuvre dans le ciel antillais
Deux allers retours à Paris pour rien
Exceptions parmi les voyageurs que l'ambassade de France à Saint-Domingue rapatriait en France via Pointe-à-Pitre, deux Antillais se sont vus imposer un aller-retour à Paris.
Le 22 avril, 148 Français sont rapatriés de Saint-Domingue sur l'Airbus A320 d'Air France à Pointe-à-Pitre. Tous en transit et doivent ensuite prendre le Boeing B777 d'Air France pour Paris. Tous sauf deux passagers qui n'ont un billet que pour la Guadeloupe. Ils sont sans attestation de déplacement dérogatoire, mais sont domiciliés en Martinique pour la première, en Guadeloupe pour le second. La première présente une attestation de domicile. Consultée, la préfecture de Martinique donne son feu vert. Le second n'a rien de tel sur lui. Il veut prendre contact avec son propriétaire. Mais ça coince. La préfecture a été avisée par l'ambassade de France à Santo-Domingo que c'était un rapatriement sur Paris, jamais de la présence de ces deux passagers pour les Antilles. Air France non plus, puisqu'ils sont tous arrivés au dernier moment à l'aéroport. "S'ils ne montent pas à bord, votre vol ne partira pas. Le directeur de cabinet du préfet, raconte Claude Sarre, délégué régional Antilles-Guyane d'Air France, a menacé de bloquer mon vol. Nous étions à H - 30 du départ. Impossible de négocier. Le pilote allait se retrouver en butée et ne plus pouvoir partir..." Le vol était plein, 450 passagers, la Guadeloupe en situation de confinement et les hôtels fermés... Le patron d'Air France explique à ses deux clients qu'il est mis devant le fait accompli. Les deux Antillais acceptent de monter à bord. L'avion s'envole pour Paris. Le lendemain, M. Sarre contacte ses deux passagers pour les informer que la compagnie s'occupe de leur retour, mais pas avant cinq jours. Il n'y a plus que deux vols hebdo. La Martiniquaise a pu être logée dans sa famille en Région parisienne. Elle est rentrée le 27 avril en Martinique. Le Guadeloupéen qui n'avait pas mis les pieds dans l'Hexagone depuis sept ans, s'est confiné à ses frais dans un hôtel près de Roissy et il s'est fait peur en s'enrhumant. Il est finalement arrivé mercredi 28 à Pointe-à-Pitre. Il a été emmené à l'hôtel Fort-Royal pour y vivre sa quatorzaine d'isolement. Il nous a déclaré, le lendemain de son arrivée : "Je dois gérer un peu le ravitaillement personnel car nous n'avons pas grand chose ici."
FXG