Césaire et Sarkozy
Les mémoires antillaises de Nicolas Sarkozy
L’ancien président de la République a sorti en juillet dernier, aux éditions de l’Observatoire, le premier tome de ses mémoires de chef d’Etat, Le temps des tempêtes. Un peu plus de cinq pages y sont consacrées aux Antilles, enfin à Aimé Césaire.
« J’appris le décès d’Aimé Césaire alors que je me trouvais à Paris. Je savais que la nouvelle serait ressentie comme un choc dans toutes les Antilles françaises et notamment en Martinique. » Ainsi débute le passage que Nicolas Sarkozy consacre dans son ouvrage tout juste sorti, « Le temps des tempêtes » au Nègre fondamental. « J’ai immédiatement pensé à en faire un événement national. » En un peu plus de cinq pages, l’ancien président de la République revient sur sa relation avec l’ancien député maire de Fort-de-France dont il avoue lui-même qu’elle avait mal commencé… « En 2005, alors que j’étais ministre de l’Intérieur, il avait refusé de me rencontrer par la faute d’une loi dont un article évoquait, à la suite d’un amendement parlementaire, le rôle positif de la présence française outre‐mer. » Nicolas Sarkozy parle alors d’une « balle perdue » dont il avait été le destinataire, « une occasion manquée, mais qui n’avait laissé aucune trace de mon côté, comme du sien ». Quitte à s’arranger un peu avec l’histoire puisqu’il indique que dès l’année suivante, Aimé Césaire l’avait reçu chez lui… En fait la rencontre a eu lieu devant une myriade de journalistes tous entassés dans le bureau de Césaire, dans l’ancienne mairie de Fort-de-France. « Je l’admirais et lui savais gré de ne jamais avoir voulu de l’indépendance pour la Martinique, dont il disait qu’elle serait un déchirement et même une tragédie ! »
Le discours de Dakar
A sa mort, le président décide de lui offrir des obsèques nationales « qui n’avaient jusqu’à présent été accordées que pour trois écrivains : Victor Hugo, Paul Valéry et Colette ». Nicolas Sarkozy raconte alors la cérémonie dans le grand stade de Fort‐de‐France : « Je retrouvai à cette occasion Ségolène Royal, qui était en proie à une grande agitation et qui, s’adressant à moi, me dit sur ce ton péremptoire qui la rend si « sympathique » : « N’êtes‐vous pas choqué, Monsieur le Président, que le préfet soit habillé en blanc pour une cérémonie d’enterrement ? » « Madame, sans doute l’ignorez‐vous, mais le blanc est l’une des couleurs du deuil en Martinique ! » Le passage s’achève par la panthéonisation de Césaire dont l’ancien président dit : « J’étais apaisé d’avoir pu mener à bien ce projet qui n’était rien de moins qu’un acte puissant d’unité nationale. » Mais surtout, il souligne que Césaire n’a pas protesté quand, à Dakar en 2007, il prononce cette phrase : « L’homme africain n’est pas assez rentré dans l’Histoire ». Sentence dont, de l’aveu même de Nicolas Sarkozy, il dit avoir souffert tout en rappelant : « Au premier Congrès international des écrivains et artistes noirs, (Césaire) martela ce cri : « Laissez entrer les peuples noirs sur la grande scène de l’histoire. »
Le tome 1 de ses mémoires s’arrête avant la crise de 2009 aux Antilles.
FXG