Menaces sur le POSEI
Les 170 représentants des filières agricoles et agroalimentaires des RUP devant l'Europarlement à Bruxelles le 25 juin 2018, lors de leur première mobilisation contre la baisse du POSEI.
L’Europe envisage une coupe claire de 25 millions sur le soutien à l’agriculture des DROM
Le Programme d'options spécifiques à l'éloignement et à l'insularité (POSEI) est la déclinaison dans les régions ultrapériphériques françaises, espagnoles et portugaises de la politique agricole commune. Jusqu’alors, l’enveloppe du POSEI était de 643 040 000 euros, la commission européenne vient d’annoncer qu’elle envisageait de la diminuer de 3,9 %.
La menace de réduite de 25,41 millions en moins les fonds du POSEI planait déjà au printemps 2018. L’ensemble des acteurs du monde agricole des Outre-mer français, des Canaries, des Açores et de Madère s’étaient alors rendu à Bruxelles faire une démonstration de force, parvenant à faire reculer la Commission. Sur l’ensemble de l’enveloppe, environ 290 M€ sont réservés aux départements et régions d’Outre-mer avec 130 M€ pour la banane, 75 M€ pour la filière canne, 26 M€ pour la filière viande et 15 M€ pour la diversification. "Mon engagement, avait alors déclaré le commissaire européen à l’Agriculture et au développement rural Phil Hogan, et celui du président Juncker sont des engagements solennels." Seulement voilà, deux ans après Junker a été remplacé par Ursula von der Leyen et Phil Hogan par Janusz Wojciechowski. Ils n’ont eu aucun scrupule à revenir sur les engagements pris. Aussitôt, les lobbystes d’Eurodom se sont remis en ordre de bataille : un courrier signé de l'ensemble des acteurs des filières agricoles de Martinique a été remis solennellement au président Alfred Marie-Jeanne à la veille du Forum des Régions ultrapériphériques qui s'est tenu à Bruxelles ces 12 et 13 octobre. Même mobilisation en Guadeloupe autour d'Iguavie (la filière de la viande).
Un Conseil européen les 15 et 16 octobre
Le fonctionnement des institutions européennes stipule que c’est la Commission qui propose mais qu’il appartient ensuite au Parlement et au Conseil européen de décider. La conférence des députés des RUP s’est réunie le 7 octobre dernier pour dire « Non aux coupes POSEI ! ». Parmi eux, notamment, Margarida Marques, eurodéputée portugaise en charge des négociations actuellement en cours avec le Conseil européen sur le cadre financier pluriannuel 2021-2027, mais également Manuel Bompard, chef de la délégation France insoumise, François-Xavier Bellamy, chef de la délégation Les Républicains et Stéphane Séjourné, chef de la délégation LREM au Parlement européen.
De leur côté, les trois ministres français concernés, Sébastien Lecornu, (Outre-mer), Julien Denormandie (Agriculture et Alimentation) et Clément Beaune (Affaires européennes) ont écrit à Janusz Wojciechowski pour réaffirmer la volonté du gouvernement français de maintenir le budget du POSEI pour la prochaine période de programmation. Selon l’eurodéputé LREM Stéphane Bijou, « le courrier du gouvernement français confirme la détermination forte de la France à convaincre le Conseil de protéger nos agriculteurs et nos éleveurs. Cette démarche volontariste illustre l’engagement du Président Emmanuel Macron de respecter et faire respecter les spécificités des Régions Ultrapériphériques ». Le chef de l’Etat aura d’ailleurs l’occasion de faire valoir le point de vue de la France puisqu’il se rend à Bruxelles pour participer au Conseil européen des 15 et 16 octobre. « Nous avons convaincu au sein du Parlement, a fait savoir l’eurodéputé Younous Omarjee (LFI), à la France maintenant de convaincre les chefs d’État au niveau du Conseil. »
FXG