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Publié par fxg

Stéphanie Jacquet lauréate du prix Jeunes Talents L’Oréal-UNESCO 2020 - Pour les femmes et la science

Une Saint-Martinoise en pointe sur les virus

Stéphanie Jacquet est une des 35 lauréates du prix Jeunes Talents L’Oréal-UNESCO 2020 - Pour les femmes et la science. Originaire d’Agrément à Saint-Martin, Stéphanie a quitté son île natale des Caraïbes en 2005 dans le but de poursuivre des études supérieures à Montpellier et devenir enseignante, mais la recherche l’a déviée de sa route. Portrait.

« Saint-Martin, confie-t-elle, j’y ai une bonne partie de ma famille, c’est mon île natale, mon histoire, mes débuts… la base de mon parcours. » Fascinée par la richesse des mécanismes employés par les parasites pour se répliquer et se transmettre d’un hôte à l’autre, elle a décidé de s’orienter vers la recherche scientifique. Depuis son master de sciences, la jeune femme s’intéresse aux mécanismes qui gouvernent la circulation de pathogènes dans différentes espèces. Sa thèse, soutenue à Montpellier, portait sur un moucheron qui transmet un virus aux bovins. Hôte, vecteur, parasite, tout ça dans un environnement donné, c’est sa règle de trois ! Aujourd’hui, Stéphanie étudie les chauves-souris. « Elles sont des espèces fascinantes, très importantes pour l’écosystème et sont les hôtes de virus dont certains sont transmissibles à d’autres espèces animales et à l’homme. » Les chauves-souris ne développent souvent pas les symptômes des maladies virales qu’elles hébergent quand ces maladies touchent pourtant d’autres espèces de mammifères. Ont-elles des particularités qui leur permettraient de se défendre ou de tolérer les infections virales en comparaison à d’autres espèces. C’est cela l’objet de ses recherches. Elle s’intéresse au système immunitaire inné, donc à des gènes dont la fonction est de bloquer la réplication virale. « J’essaie de voir s’il y a des adaptations, des caractéristiques génétiques qui leur permettraient de se défendre efficacement contre les virus. »

Une grande proportion des maladies infectieuses sont des zoonoses, c’est-à-dire des maladies transmises de l’animal à l’homme. « Les chauves-souris sont le réservoir de certains parasites. Comment se défendent-elles et comment ces parasites circulent dans les autres espèces ? Y répondre peut nous donner des pistes pour mieux comprendre ce qui se passe chez l’homme. Nous avons déjà mis en évidence dans notre projet que les chauves avaient effectivement des particularités génétiques qui pourraient contribuer à une réponse antivirale unique. »

Des interactions hôtes-virus

Stéphanie n’était pourtant pas prédisposée à cette carrière puisque quand elle est venue dans l’Hexagone, c’était pour être enseignante. « C’est un cours de parasitologie qui m’a vraiment fascinée. Je me suis rendu compte qu’il y avait une très grande diversité de parasites, de mécanismes mis en place pour qu’ils puissent se répliquer. C’est un sujet qui concerne directement notre société ! Voilà pourquoi je me suis orientée vers la recherche. »

Depuis, ses travaux de recherche s’articulent autour de l’émergence de maladies infectieuses et la transmission de pathogènes d’une espèce à l’autre. Elle poursuit ses travaux à Lyon au Laboratoire de Biométrie et Biologie Evolutive et au Centre International de Recherche en Infectiologie. Quand on lui demande si elle a eu eu la sensation de découvrir des choses nouvelles, elle répond : « Tout le temps ! C’est pour ça que j’adore mon métier ! Même toutes petites, ces découvertes constituent de petites pièces au puzzle que représentent les interactions hôtes-virus et qui soulèvent d’autres questions… » Elle a travaillé sur le virus de l’hépatite B qui infecte aussi les chauves-souris. Actuellement, ses sujets d’étude sont les pox-virus, une famille de virus dont faisait partie la variole, aujourd’hui éradiquée.

Comme tous les chercheurs en post-doctorat, Stéphanie est en contrat à durée déterminée. Son avenir ? « C’est un concours pour avoir un poste de chercheur permanent. »

FXG

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