Une commission d'enquête sur la lutte contre l'orpaillage illégal en Guyane
Un binôme guyanais à la tête de la commission d’enquête sur l’orpaillage clandestin
L’Assemblée nationale a installé mercredi dernier la commission d’enquête parlementaire sur la lutte contre l’orpaillage illégal en Guyane. Cette proposition de commission d’enquête proposée par le député Gabriel Serville au nom de son groupe politique, Gauche démocrate et républicaine, avait été jugée recevable en janvier dernier par la commission des lois. Son bureau a été désigné dans la foulée. Le député Lénaïck Adam en est le président et son collègue Serville, le rapporteur. « C’est un sujet essentiel quand on connaît les impacts néfastes des garimpeiros sur notre territoire », avait sitôt élu twitté Lénaïck Adam. La commission d’enquête parlementaire débutera ses travaux (auditions, déplacements, enquêtes sur pièce et sur place) en mars prochain et devra les avoir achevés en juillet 2021. L’orpaillage clandestin représente 10 à 12 tonnes d’or par an et 6 à 10 000 orpailleurs illégaux quand la production légale d’or en Guyane n’est que de 1 à 2 tonnes avec un manque à gagner économique et fiscal, des incidences écologiques et des problèmes de sécurité publique. Depuis des années, ce problème empoisonne au sens propre comme au sens figuré le quotidien des Guyanais et ce malgré l’instauration en 2002 du dispositif Anaconda devenu en 2008 l’opération Harpie. « Est-ce que c’est un problème de moyens financiers, de moyens humains ? Est-ce que le matériel n’est pas adapté ? Est-ce que c’est la stratégie qui ne convient pas à la configuration de la forêt guyanaise ? Nous voulons comprendre pourquoi le système ne fonctionne pas », se demande Gabriel Serville.
Une enquête tanspartisane
La commission d’enquête s’est donnée pour but d’évaluer les opérations de lutte contre l’orpaillage illégal, d’effectuer un examen de la législation en cours et de faire des propositions pour corriger les éventuels dysfonctionnements. Elle devra encore approfondir la connaissance des impacts sanitaires, environnementaux, économiques et sociaux des activités d’orpaillage illégal, d’identifier des responsabilités liées à l’empoisonnement des populations, évaluer l’efficacité des politiques publiques menées contre ce phénomène, notamment et contre ses conséquences sanitaires et environnementales et enfin poser la question de la pertinence de l’indemnisation des victimes empoisonnées au mercure.
Lénaïck Adam qui disposera, en tant que président de cette commission d’enquête, de pouvoirs d’investigation étendus avec la possibilité de sanctions pénales pour ceux ou celles qui refuseraient de lui répondre, est déjà très familier du sujet. Il s’est d’ores et déjà engagé à associer aux travaux de la commission les populations, notamment autochtones, les collectivités locales, les orpailleurs légaux, les services de l’Etat, les gouvernements limitrophes et les organismes de protection de l’environnement. « Le fléau qu’est l’orpaillage clandestin concerne l’ensemble des Guyanais », a déclaré Lénaïck Adam qui s’est félicité de conduire cette commission en binôme transpartisan avec son collègue Gabriel Serville. L’enjeu est d’autant plus important que se préparent parallèlement le projet de loi « Climat et résilience » ainsi que la réforme du code minier.
FXG