L'Outre-mer se voit-il à la télé ?
La visibilité des Outre-mer à la télé en débat
Depuis la fermeture de France Ô en août 2020 et l’instauration d’un pacte de visibilité qu’en est-il de la représentation des Outre-mer et de ses gens sur les antennes de la télé nationale publique ?
La délégation sénatoriale aux outre-mer a organisé mardi 16 mars une table ronde sur le suivi du rapport audiovisuel public et outre-mer. A l’issue de la dernière réunion du comité de suivi du pacte de visibilité, le 3 février dernier, le bilan se présente plutôt bien puisque sur France 2 et France 3, le nombre de reportages a augmenté de 55% en deux ans et la direction du pôle Outre-mer de France télé estime toucher 1,4 millions de personnes quotidiennement. Le nombre de premières parties de soirée dédié aux Outre-mer a été multiplié par 3. Sur internet, l’audience numérique atteignait 194 millions de visites en 2020 et l’opération « Cœur Outre-mer » est un succès qui a touché 29,5 millions de téléspectateurs. Ce n’est pas tout à fait ainsi que l’association des auditeurs et téléspectateurs d’Outre-mer voit les choses. Son président Tony Rébus a dévoilé les grandes lignes du sondage qu’ils ont réalisé auprès d’un panel composé d’ultramarins. 95 % désapprouve la fermeture de France Ô, 96 % estiment que la visibilité des Outre-mer n’est pas meilleure depuis la fermeture de France Ô. Seuls 41,3 % connaissent le portail numérique, parmi eux 60 % ne s’y rendent jamais et 15,9 % une fois par semaine. 98% estiment que France Télé ne donne pas de visibilité aux Outre-mer et autant souhaitent une chaîne dédiée. Enfin 83 % pensent que les Outre-mer sont mal représentées dans les organes de décision de France télé et du cinéma. 15 % n’en savent rien ! Qualitativement, le bilan de l’AATOM n’est guère mieux qui observe une version de l’émission « Les témoins d’Outre-mer » épuré de ses invités depuis qu’elle est sur France 3 et dont il redoute qu’elle ne soit encore réduite à un tout image, voire pas reconduite du tout. Luc de Saint-Sernin, directeur de la stratégie éditoriale du pôle outre-mer, a assuré que les trois magazines ultramarins sur France 3 seraient tous reconduits à la rentrée et que France Télé compterait l’an prochain 5 rendez-vous réguliers.
« Netflix en fait plus que France TV »
Autre critique de l’AATOM : l’information ultramarine sur France 3 est trop courte, ses horaires non respectés, le programme souvent déplacé ou annulé... « L’info doit retrouver sa place à 12 h 50 à la fin du JT de France 3 », propose Tony Rébus. Laurent Corteel, directeur de l'information du pôle outre-mer, lui oppose que le JT de France Ô rassemblait 20 000 téléspectateurs contre 200 000 désormais sur France 3.
Tony Rébus déplore encore une vision trop « carte postale » dans certains programmes notamment une émission d’octobre dernier sur l’eau en Guadeloupe ne donnant la parole qu’à des personnes blanches. Même chose sur France 2 avec un programme de 46 minutes sur les requins à la Réunion. Quant à Culture Box qui a pris le canal de France Ô sur la TNT, il lui reproche de donner peu de visibilité à la création ultramarine si ce n’est un concert de Kassav ! Sylvie Gengoul a du préciser qu’il y avait sept programmes ultramazrins par semaine sur Culture Box. « Netflix, a insisté Tony Rébus en évoquant « Lupin » avec Omar Sy et « La Chronique des Bridgerton », en fait plus contre le racisme que France télévision ! » Luc de Saint-Sernin lui a indiqué que plusieurs projets de fiction étaient en cours avec Guy Deslauriers et Jean-Claude Barny qui prépare un biopic sur Frantz Fanon.
Sylvie Gengoul a insisté pour dire que les 25 points du pacte de visibilité n’étaient pas de simples cases à cocher, mais montraient un chemin. « La visibilité, ce n’est pas être vu, c’est la possibilité de nous connaître », a-t-elle ainsi résumé.
FXG