Condé honorée
Maryse Condé, Prix mondial Cino Del Duca
Parmi les Grands prix 2021 des fondations de l'Institut de France qui seront remis mercredi 2 juin en direct depuis la Grande salle des séances au siège de l’Académie française (exceptionnellement cette année, en raison de la crise sanitaire, la séance se tiendra en comité restreint et sera diffusé en direct depuis la chaîne Youtube de l’Institut), figure l’écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé, lauréate cette année du Prix mondial Cino Del Duca, un prix doté de 200 000 euros. La Fondation Simone et Cino Del Duca a été créée en 1975 par Simone Del Duca pour perpétuer la démarche philanthropique initiée par son mari, Cino Del Duca. Abritée à l’Institut de France depuis 2005, elle œuvre en France et à l’étranger dans le domaine des arts, des lettres et des sciences par le moyen de subventions et de prix attribués chaque année sur proposition des académies.
Xavier Darcos, chancelier de l’Académie fait valoir que ces grands prix « représentent un condensé de ce qui se fait de plus grand et de plus noble, au service de l’humanité, en France et dans le monde ». ainsi il observe que le prix qui, cette année, est attribuée à l’autrice d’une œuvre composée d’une centaines de romans, pièces de théâtres ou essais, dont les deux tomes de Ségou, La Vie scélérate, Célanie cou-coupé, Le Cœur à rire et à pleurer ou encore La vie sans fard, a déjà récompensé des personnalités telles que Konrad Lorenz (1969), prix Nobel de médecine quatre ans plus tard, Andrei Sakharov, lauréat 1974 et Prix Nobel de la paix l’année suivante, Mario Vargas Llosa, lauréat 2008 et prix Nobel de littérature en 2010, tout comme Patrick Modiano qui reçut le Prix mondial Del Duca en 2010, quatre ans avant d’être consacré à son tour par le Nobel de littérature. Ceci est d’autant plus vrai que Maryse Condé a reçu en 2018 le nouveau prix de littérature de l'Académie, créé en 2018 alternativement au prix Nobel de littérature qui n'a pas été décerné cette année-là. Par ailleurs, son nom est désormais associé au le prix littéraire « Fetkann ! Maryse Condé — Mémoire des pays du Sud, Mémoire de l’Humanité », créé dans la foulée de l'adoption de la loi Taubira reconnaissant l'esclavage comme un crime contre l'humanité par le CIFORDOM (photo ci-dessous avec José Pentoscrope en 2009).
Une vie d’écriture
Maryse Condé, née Boucolon (ses parents vivaient rue Condé à Pointe-à-Pitre avant de s’installer rue Alexandre Isaac, mais elle tient son nom de son premier mari, le Guinéen Mamadou Condé), le 11 février 1937 à Pointe-à-Pitre est écrivain, professeur de littérature et journaliste. Elle a toujours revendiqué être une « Guadeloupéenne indépendantiste ». C’est avec Ségou (1984-1985), roman historique qui retrace la chute du royaume bambara de Ségou qu’elle se fait remarquer. Vient ensuite son roman, Moi, Tituba sorcière…(1986), un récit d'esclave dont la version anglaise est accompagnée d'une préface d'Angela Davis. Elle se fait encore distinguer avec Traversée de la mangrove (1989) et La Vie sans fard, roman autobiographique paru en 2012. Maryse Condé a d'abord été dramaturge avant d'être reconnue comme romancière. Elle a aussi écrit des romans pour adolescents, notamment dans la revue Je bouquine.
Journaliste culturelle à la BBC et à Radio France internationale (RFI), elle a fondé le Centre des études françaises et francophones de l'université Columbia aux États-Unis où elle contribue ainsi à faire connaître la littérature francophone dans ce pays. Professeure émérite, elle vit désormais à Gordes (Vaucluse) où, elle continue d'écrire.
FXG