Le Rassemblement national Outre-mer
Le RN tisse sa toile en Outre-mer
A bas bruit, André Rougé, le responsable de l’Outre-mer au RN, prépare le terrain de la prochaine présidentielle dans laquelle Marine Le Pen entend bien jouer plus que les trouble-fête.
Le rapport de l’eurodéputé Stéphane Bijoux du groupe RENEW-LREM, « vers un renforcement du partenariat avec les régions ultrapériphériques de l'Union européenne » présenté mardi 25 mai en commission du développement régional au Parlement européen, a donné lieu à une réaction de son confrère du groupe Identité et Démocratie - RN, André Rougé. Le même jour, il a invité la presse au siège de la délégation parisienne du Parlement européen pour réagir au contenu de ce rapport sur « la consolidation de l’article 349 du traité de Lisbonne ». « Un catalogue de bonnes intentions, selon l’eurodéputé RN, qui comme souvent s‘agissant de l’Outre-mer, ne débouchera sur rien de concret ». Il en profite pour décliner sa rhétorique de campagne : « L’essentiel y est oublié : les femmes et les hommes confrontés à la criminalité, notamment à Mayotte et en Guyane, où des lycéens se font assassiner à coups de couteaux, à la sortie de leurs cours. » Il déplore en Martinique « des minorités agissantes tentant de faire régner la terreur ». Et l’Etat qui n’assume pas ses missions de protection des personnes et des biens. Il veut parler des sargasses et du chlordéone… Dans la foulée, le député Rougé a aussi réagi au rapport de son collègue Younous Omarjee du groupe GUE/NGL-LFI sur la stratégie de l’Union européenne dans l’arc Atlantique Nord. « J’ai proposé, explique-t-il, la création d’une agence européenne de la mer sur le modèle de l’agence spatiale de Kourou dont le siège serait dans un DROM-COM. »
Concrètement, il s’agit pour celui qui fut l’auteur de la partie ultramarine du programme présidentiel de Marine Le Pen en 2017, d’assoir la position de son parti en termes d’Outre-mer. André Rougé entend ainsi faire valoir son expérience politico-administrative puisqu’il a été assistant parlementaire de Michel Debré, coordinateur de la campagne présidentielle de Jacques Chirac pour l'Outre-mer en 1995, conseiller ministériel dans les cabinets de Dominique Perben et Jean-Jacques de Peretti à l’Outre-mer, puis secrétaire national aux Fédérations d'Outre-mer à l'UMP en 2002. Il a rejoint Marine Le Pen en 2015.
Le RN vise des élus à la Réunion et à Mayotte
Fort des résultats de la dernière présidentielle, mais également aux européennes en 2018, André Rougé se verrait bien titulaire du portefeuille de la rue Oudinot après la présidentielle de 2022. Et tandis que tout le monde a les yeux sur les régionales et les départementales, lui prépare le terrain présidentiel ultramarin pour Marine Le Pen.
Pour la première fois en Martinique, le RN vient de nommer un responsable local « sérieux », selon André Rougé. « Nous avions un personnage un peu fantasque et disons original. Et même sans responsable, nous sommes parvenus (aux élections européennes, ndlr) à quelques centaines de voix seulement derrière la liste Loiseau (LREM), ce qui prouve qu’on a également un potentiel en Martinique, ce qui n’était pas imaginable il y a quelques années… » Ce nouveau « chargé de mission » est Charles Bélimont, chef d’entreprise de Sainte-Luce. André Rougé se satisfait de ce premier pas à défaut d’avoir pu présenter une liste aux élections territoriales en Martinique contrairement à la Guadeloupe où le RN a été en mesure d’aligner 42 candidats derrière Maxette Pirbakas. « C’est notre chargé de mission Rudy Tolassy, qui a présenté Maxette à Marine Le Pen avant les dernières élections européennes », explique-t-il avant de saluer ce qu’il appelle « une liste en mode Michaux-Chevry ! Ce n’est pas Objectif Guadeloupe, mais Avenir Identité Régionale Guadeloupe ».
En Guyane aussi, le RN est structuré autour d’un autre chargé de mission, Jérôme Harbourg qu’il qualifie de « jeune Bardella amazonien ». Pour autant et malgré les bons scores du RN en 2017, le RN n’a pas été en mesure de trouver 55 candidats pour constituer une liste aux élections territoriales.
De côté de l’océan Indien, le RN présente une liste aux régionales à la Réunion où il compte même obtenir quelques élus. Quant à Mayotte où le RN a battu ses scores en Outre-mer (45 % aux européennes), le RN n’a investi qu’un seul binôme mais dans le canton de Mtsamboro, celui où débarquent les kwassa-kwassa des migrants anjouanais, où il n’entend pas faire de la figuration.
Comme l’explique Emmanuel Rivière, le directeur général de Kantar Public France (ex-TNS Sofres), « Marine Le Pen évite de stigmatiser à l’excès telle ou telle population, mai joue sur le registre du déclin, de la perte de contrôle, du pays qui va à vau-l'eau. Et cela peut s'appliquer à nombre de territoires d'outre-mer. En gros les trois mamelles du vote pour le Rassemblement national sont l'immigration, l'identité et la sécurité. »
FXG