Kalash, des Champs-Elysées à la 29e chambre correctionnelle
L’affaire Kalash sur les Champs-Elysées à nouveau renvoyée
Vendredi 11 juin devait être jugé le chanteur Kalash, alias Kevin Valleray. Plus de deux ans après les faits, Kalash espérait enfin pouvoir s’expliquer sur la soirée du 16 mars 2019. Ce soir-là, alors qu’il sortait de scène en compagnie de Clara Messagier, sa manager, l’artiste a eu une série d’accrochages sur les Champs-Elysées au volant de sa porsche avant d’être interpellé par la BAC. Comme ce fut déjà le cas en septembre 2019, puis en avril 2020, les parties civiles et le parquet ont réclamé et obtenu le renvoi. L’affaire sera donc être examiné le 3 janvier 2022, presque trois ans après les faits. « Ils ne peuvent pas me juger, s’est étonné Kalash à l’issue de l’audience. C’est étrange qu’on n’arrive pas à me juger après deux ans ! Ca devrait être simple si tout était clair… » D’un côté le parquet reproche à Kalash une conduite en état d’ébriété, mais également des faits d’outrage et de rébellion . De l’autre, Kalash s’est plaint de violences policières. Selon son conseil, Me Eddy Arneton, « des pièces démontrent que les violences policières existent et maintenant nous apprenons que des policiers ont disparu, des vidéos également et, en définitive, ils ne veulent pas affronter cette audience. Nous irons jusqu’au bout, jusqu’à la condamnation de ces hommes car on ne peut pas impunément frapper quelqu’un qui est menotté et le taser. »
Plainte pour violences policières
A la barre, Kalash a reconnu ses torts concernant les accrochages avec d’autres véhicules : « Quand on fait un accident, explique-t-il, on fait un constat et ça s’arrête là, mais c’est la suite qui m’intéresse, c’est pour ça que je suis là à chaque fois. » La suite ? « Les violences policières, répond-il, qui comme tout le temps en France ne sont jamais bien jugées, ni dans les délais ni avec les bons résultats. Là j’entends que des policiers sont mutés, qu’ils ne sont pas là… Mais je serai là le 3 janvier ! »
Me Arneton a vivement regretté ce renvoi : « Ca fait deux ans que nous disons que nous sommes prêts. Nous voulons plaider ce dossier. Or les parties adverses sont dans l’incapacité de traiter cette affaire parce que tout simplement Kevin Valleray a subi des violences policières. » La plainte déposée par Kalash contre les policiers semble avoir été classée sans suite. En conséquence, Me Arneton a fait savoir qu’il avait déposé une nouvelle plainte avec constitution de partie civile afin que « les fonctionnaires de police en cause soient entendus par un magistrat instructeur ».
FXG
Tôles froissées et fracture du nez
Rappel des faits... Il est peu après minuit, ce 16 mars. Sur les champs-Elysées, Kalash a un premier accrochage avec une automobiliste avec laquelle il règle l'affaire sans constat, puis un deuxième avec un Uber. Le chauffeur et le client sortent ; Kalash leur propose de les suivre pour rédiger un constat même en l'absence de dégât. Puis vient le troisième accrochage avec une ford Ka : "Le conducteur de la porsche, déclare la passagère sur procès verbal, nous a percuté. Puis nous a menacé." Ils ajoutent que la porsche a pris la fuite. Les PV attestent que Kalash a dit aux passagers de la ford ka : "Sortez à la prochaine sortie, je vous attends." La jeune femme explique : "Nous sommes très choqués et il nous a fait peur. Nous nous sommes ensuite garés sur le côté et avons été pris en charge par la BAC." Kalash a stationné sa porsche à quelques mètres du lieu de l'accident et attend la ford Ka afin de procéder aux constats d'usage. Une patrouille de la BAC se porte à sa hauteur et décide de le contrôler. Une vidéo montre d’abord Kalash parfaitement calme : On le voit lever les bras doucement en respectant scrupuleusement les directives des fonctionnaires de police se trouvant à ce moment-là juste derrière lui, puis, ces derniers lui demandent de se retourner, ce qu'il fait tout aussi doucement et calmement toujours les mains en l'air. C’est alors que, des témoins entendent un policier dire à Kalash et Clara Messagier : « Petite pute. » La suite est consignée dans le procès-verbal : « Rapidement, le nommé Valleray hausse le ton et prend le public sur le trottoir à témoin (...) : "Je ne suis pas votre pute", ces propos étant réitérés à de nombreuses reprises. » Quatre agents couchent Kalash sur le capot de sa porsche et le menottent malgré sa résistance. Clara Messagier qui intervient pour tenter de ramener le calme, essuie des insultes : « Pute, michto, retourne sur le trottoir, c'est là où il y a les putes. » Kalash invective les policiers qui, selon le PV, leur répète : « Vous êtes des pédés, des salopes. » Un autre policier aurait alors dit, selon un témoin entendu par la police : « C'est une star on va passer au JT. » Et pendant qu'un attroupement, « hostile » selon la police, se forme autour de la scène, les policiers embarquent Kalash dans leur voiture. Des renforts arrivent, dispersent la foule. La voiture où se trouve Kakash part pour le commissariat du 8e arrondissement.
A l'intérieur du véhicule, selon la plainte de Kalash, un policier ôte ses gants et le frappe au visage avant de lui mettre un coup de taser et l'étrangler. Bilan médical : une fracture du nez et une autre partielle de deux dents. La version de la police diffère ainsi que le raconte le major de police qui dirigeait l'équipage de la BAC : " « A bord de notre véhicule le nommé Valleray se tape la tête de manière délibérée contre la vitre latérale droite. »