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Publié par fxg

Naimro invite Riddla sur un tube de Gilles Floro

Jean-Claude Naimro, le clavier de Kassav, sort un titre écrit il y a plus de vingt ans par le chanteur guadeloupéen Gilles Floro, Bel Pawol Pou En Fanm, et dont il a signé la musique. Accompagné du chanteur Riddla, Jean-Claude Naimro a appelé Staniski pour réaliser les arrangements. Interview.

« Ce serait trop beau si chaque fois que je descendais à la cave, je trouvais une pépite »

Comment ce titre a-t-il ressurgi 25 ans après sa création ?

Tout simplement le covid ! Il m'a servi parce que je ne pensais pas que j'avais encore ces bandes dans ma cave. Avec les tournées de Kassav, je n'étais que rarement chez moi et avec le confinement, quand vous n'avez rien à faire, que vous êtes bloqué chez vous dans l'appartement, vous faites un peu de sport et puis… Tiens, je me suis dit, je vais fouiller la cave. Je pensais que cette bande était perdue et puis je suis tombé dessus. C'est un morceau qui date de 1996. Gilles Floro était venu à la maison avec une amorce de composition et comme je faisais mon album Digital Dread qui est sorti cette année-là, je lui ai proposé d’y participer en finissant le titre avec lui. C’est lui qui a écrit le texte et on a composé la musique ensemble. Voilà, ça s'est fait comme ça, de manière fort naturelle parce que, pour cet album, j'avais décidé que chaque titre serait interprété par un artiste différent.

L’idée vous est venue ainsi de lui donner une deuxième vie ?

Bel Pawol Pou En Fanm est un titre qui a toujours fonctionné et qui fait maintenant partie des classiques, surtout en Guadeloupe ! C’est une bonne façon de faire vivre le patrimoine de la musique antillaise. Je me suis dit que ce serait intéressant de le reprendre dans une nouvelle version, avec un artiste et un beat Maker de la nouvelle génération et nous le sortons quasiment 22 ans jours pour jour après la mort de Gilles.

Comment avez-vous connu Riddla ?

À vrai dire je ne le connaissais pas vraiment. Ma fille Nina a été la pierre angulaire de ce projet. Je lui ai dit que je voulais refaire ce titre avec la nouvelle génération et je voulais quelqu'un qui puisse réaliser la musique. Trouve-moi le gars qui correspondrait aussi bien pour la voix que pour l'arrangement et j'avoue que les deux personnes qu'elle m'a trouvées sont exactement celles que je cherchais, c'est à dire des gens qui ont du talent, qui sont connus et qui, en plus, vont bien avec ma manière de fonctionner. Nina m’a très bien conseillé et si c'était à refaire je ne ferais pas autrement !

C'est votre fille aussi qui vous a proposé de prendre Jima Kanor pour réaliser le clip ?

Un peu elle, mais aussi Staniski, le beat maker, l’arrangeur de la nouvelle version.

Pour ce clip, vous avez enfourché une Harley Davidson, comme au bon vieux temps ?

Ah oui j'ai toujours été fan des sports mécaniques, notamment à l'époque où je travaillais avec Peter Gabriel j'ai traversé le désert américain pour rejoindre le Colorado sur une Harley Davidson et je suis devenu un passionné même si je n'en fais pas souvent. c'est toujours une passion depuis tout petit, que ce soit la moto que ce soit la voiture, mais voilà j'ai choisi la musique !

Et le piano…

Les deux ne vont pas trop ensemble (rires). Qui dit moto, dit fini le clavier ! Je reste très précautionneux vis à vis de la moto surtout à mon âge !

Il faut faire attention à vos doigts !

C’est exactement ça parce que mes doigts sont quand même mon gagne-pain !

Comment s'est passée la collaboration avec Riddla ?

Je vous ai dit que je ne le connaissais pas… Il est arrivé en Martinique et on a commencé à travailler le lendemain de son arrivée et ça s'est passé royalement. C'est comme si c'était mon petit frère ! Au bout de 4 jours c'était l'entente parfaite. Je n'ai eu aucune appréhension alors qu'il m'est arrivé de me dire parfois que les gens de la nouvelle génération sont un peu hautains un peu comme-ci comme ça… Je ne savais pas trop où j'allais mais j'avais confiance dans le choix de ma fille. On s'est parfaitement entendu et c'est parti ! C'était formidable. On a passé quatre jours de tournage vraiment très sympa.

Pour Riddla aussi ça a dû être quelque chose ?

Je ne vois pas les choses comme ça. Je me dis que chaque génération amène son lot d'artistes et je n'aime pas trop mettre les personnes dans des étages… Voilà ! Riddla a amené son savoir-faire actuel, j'ai amené le mien ! Moi je vois ça comme ça ! je ne suis pas Michael Jackson quand même, faut pas non plus exagérer !

Vous êtes juste un des membres fondateurs de Kassav !

Oui, oui… Mais quand on a dit ça… Moi ce qui m'intéresse, ce n'est pas tant la starisation du truc, mais de réaliser des choses. Et plus je vieillis, plus j'aime m'entourer de jeunes. La preuve, Jima, Riddla et Staniski sont des personnes entre 30 et 40 ans. J'aime beaucoup travailler avec les jeunes parce qu'ils amènent un second souffle, à condition bien sûr qu'ils aient du talent !

Vous venez de donner deux concerts avec Kassav dans l’Est de la France et bientôt deux autres à la mi-juillet, ferez-vous quelque chose avec Riddla ?

J'ai un projet avec Riddla mais ce ne sera pas pour cette année parce que c'est déjà trop tard, c'est un projet qui demande beaucoup d'investissement… Déjà je vais voir comment l'histoire de Kassav se présente parce que Kassav, c’est une locomotive qui se remet en marche ! Et c'est entre les dates de Kassav que je peux réaliser mes propres projets. Donc j'ai un projet à venir avec un concert, enregistré peut-être… Si ça se fait en 2022, je serai béni des Dieux ! Et s'il se réalise, il y aura forcément ce titre avec Riddla.

D’ici là, vous allez retourner dans votre cave voir s’il n’y a pas d’autres bandes qui trainent ?

Rires ! Ce serait trop beau si chaque fois que je descendais à la cave, je trouvais une pépite. On va déjà choyer la sortie de ce titre. On s'est attaqué à un classique et on va voir si les gens aiment ou pas. J'aime bien les challenges comme ça, les coups de dés en se disant : « Allez ! on lance le projet, on va jusqu'au bout et advienne que pourra ! » Dans la musique, il n’y a que comme ça pour laisser des traces. Il n'y a pas à réfléchir 36 000 fois, regarder le temps passer et n'avoir rien fait… Moi je suis toujours très actif.

Propos recueillis par FXG

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