Eric Baray, juste avant le départ de la Jacques-Vabre
Pendant qu'ils naviguent...
Eric Barray, co-skipper de Grouper G2C – La Martinique, avec Jean-Edouard Criquioche, nous recevait juste avant le départ de la Transat Jacques-Vabre. Interview sur les pontons.
« On part safe ! On casse rien ! »
Vendredi je collais encore des autocollants. Le plongeur est venu samedi, on a eu le temps d'essayer nos voiles d'avant… on a eu le temps d'être cool avant le départ ! Et puis dimanche on a sorti les crocs et c'est parti !
Comment vous organisez-vous avec Jean-Edouard Criquioche ?
On a fait quelques essais pendant la qualification qui était plutôt bien. On arrive chacun à tenir un quart de 4 heures. On barre, on surveille, on met le pilote, on laisse les choses se faire puisque finalement le pilote automatique, il barre bien ! Il faut juste qu'on assure une veille permanente sur les instruments, la météo, l'extérieur et tant qu'il n'y a pas de bip bip, que ce soit la nuit ou le jour, ben voilà… On se met dans notre petit siège baquet, à l'abri du vent et des embruns… En plus on a rajouté un winch au milieu pour les bastaques, on peut s'appuyer dessus et même somme donnée dans un petit coin pendant que l'autre dort un peu plus ! Et puis quand on est au taquet, eh bien c'est au taquet !
Que se passe-t-il dans ce cas-là ?
S'il y a besoin d'un coup de main, on appelle l'autre ! S'il n'y a pas besoin, on fait. On sait ce qu'on a à faire, puisque quand on navigue en solo, on le fait. Ce qu'il faut éviter c'est de prendre trop d'énergie, aller jusqu'à l'épuisement… En faisant comme ça on a vu que c'était pas mal.
Qu’est-ce que vous mangez à bord ?
Nous n'avons pas de lyophilisé du tout ! Mais plutôt du sous-vide avec des trucs qu'on aime bien chacun. moi je ne suis pas très viande, lui plus… Moi c'est plutôt poisson et blanc de poulet avec des petites sauces différentes et beaucoup de fruits frais ! On a emmené des pommes qui nous restaient de la qualif’, on a des bananes et des kiwis ! Sans compter les fruits secs et les doucineries ! J'ai pris aussi une réserve de caramel au beurre salé que j'ai mis dans un petit pot et que j'ai cachés afin de faire semblant de ne pas me rappeler tout de suite pour en avoir jusqu'à l'arrivée !
Et pour boire ?
On a l'obligation d'embarquer 220 l pour deux. On a fait un mixte avec un peu de jus de fruit et de l’eau.
Vous avez appris à vous supporter ?
Déjà Jean-Edouard a déjà fait trois Jacques Vabre, moi c'est la première, mais j'ai traversé plusieurs fois. Donc je sais comment gérer mon sommeil et mes repas, quand me reposer… Ça, des deux côtés on le sait ! Donc après, c'est plus facile à gérer le gros temps. On a une dose différente d'endurance naturelle et ça c'est un bon atout parce que moi je n'ai pas besoin de beaucoup de sommeil. J’ai de l'énergie à revendre, je suis un survitaminé depuis gamin et par contre j'ai appris à dociliser tout ça. Je parais posé vis-à-vis des gens mais intérieurement c'est un feu !
La philosophie, c’est quoi ?
On part safe ! On casse rien !
Il y a le stress de la course, de gérer les autres, mais en même temps, on est des compétiteurs ! On va mettre deux jours, deux jours et demi à sortir de la Manche puis on sait qu’on doit descendre presque le long des côtes… Là, il y a une brise constante. Ou alors on va chercher le vent au large en faisant plus de route… Ah la la ! Il y a une petite bulle qui est train de se caser au milieu, c’est un trou de vent et il va falloir la contourner ! On ne pourra pas passer dedans ! Il nous faudra dix à douze jours pour arriver au Sud et si après on a les alizés, qu’on peut envoyer de la bulle… Comme on a tous des spis asymétriques, on ne pourra pas descendre plein vent arrière, on sera tenu de choisir un couloir de route et de s’y tenir. Ce qui fait qu’il y aura des empannages assez réguliers… Ca fait partie du jeu donc allons-y gaiement !
Propos receuillis par FXG