Les maires invités du Château
Le président Macron s'est contenté d'une courte allocution privilégiant le bain de foule dans la salle des fêtes de l'Elysée
Macron a reçu nos maires
Avant son grand discours aux maires de France jeudi, le président de la République a reçu un millier d’élus locaux mercredi soir dans la salle des fêtes de l’Elysée.
Si tous les EPCI et dix-sept édiles de Guadeloupe étaient présents au congrès des maires dont Gabrielle Carabin, Christian Baptiste, Jocelyn Sapotille, Jean Bardail, Jean-Louis Francisque, Blaise Mornal, le docteur Atallah ou Annie Louis-Marie, 6ème Adjointe d’Eric Jalton, on a pu retrouver dans la foule des invités Yvan Combes, trésorier général de l’AMG et élu de Lamentin, Eric André premier vice-président de l’AMG et maire de Vieux-Fort, Christian Baptiste, maire de Sainte-Anne, Harry Durimel, maire de Lapwent et encore Jean-Philippe Courtois, maire de Capesterre-Belle-Eau. « C'est toujours intéressant d'entendre le discours du président pour connaître les orientations du gouvernement, nous a confié Eric André. Ça nous permet à nous aussi de faire un cadrage dans notre territoire. On cherche toujours à être en phase avec ce qui est souhaitable pour notre population et conforme avec ce que le président peut nous permettre d'espérer. »
Annoncé à 19 heures, le président de la République n’a rejoint ses hôtes que 40 minutes plus tard car il a pris auparavant le temps de recevoir l’ancien et le nouveau président de l’AMF, François Baroin et David Lisnard. Pendant ce temps, la foule s’agglomérait et la température montait à l’Elysée. « C'est toujours un honneur d'être reçu par un président de la République, commentait Yvan Combes, c'est une fierté aujourd'hui pour les maires qui se battent régulièrement sur le terrain et j'espère que ce combat qui ne fait que commencer va se poursuivre. »
Pour Jean-Philippe Courtois, il était quasiment indispensable d'être là alors que la crise sanitaire laisse aujourd'hui place à une crise économique et sociale. « Nous venons à la rencontre du président de la République dans l'espoir d’une relance économique sociale et sociétale puisque la Guadeloupe a beaucoup souffert et que le faible taux de vaccination nous met quelque peu en quarantaine vis-à-vis de la relance sur le plan touristique. » Le maire de Capesterre attendait du discours du président de la République de connaître les orientations qu’il proposerait aux édiles de France. « Le plan de relance qui a été mise en place, poursuit le Capesterrien, était un premier pas, mais aujourd'hui il nous faut résolument une simplification des procédures puisque nous constatons que si l'argent est là, nos collectivités ont le plus grand mal à pouvoir le mobiliser alors que nous devons apporter une réponse immédiate, donner un électrochoc à notre économie. » Son collègue de Sainte-Anne, Christian Baptiste, considère les maires comme les premiers soldats, les premiers remparts de la République. « Nous attendons du président de la République qu'il ait encore plus de considération, mais surtout nous attendons de la concertation avec les maires dans les décisions qui sont prises au sommet de l'état, notamment en situation de crise parce que nous sommes en contact direct avec le citoyen. » Là-dessus, M. Courtois le rejoint : « Les balbutiements des premiers temps ont laissé s'installer une crainte auprès de la population ! Il faut que le président soit conscient que les maires, les élus de proximité sont disponibles et qu'il faut que nous puissions être resitués au cœur du dispositif, que nous puissions aussi avoir une écoute au niveau de l'agence régionale de santé qui depuis quelques semaines met en place des stratégies, des protocoles mais sans pour autant s'appuyer sur l'expertise des élus. »
Harry Durimel n'attendait rien du discours du président mais il a saisi l'honneur qui lui était fait d'entrer à l'Élysée à l'invitation du chef de l'État. « Je pense que l'honneur doit être partagé parce que c'est aussi une occasion pour le président de la République de recevoir dans cette salle tous les maires de France. C’est un honneur partagé et on doit le prendre comme ça. On ne vient pas voir le prince on vient voir le président, le sommet de la démocratie. »
Comme la plupart de ses collègues, M. Durimel a assisté à l'ensemble du congrès et il en a profité pour rencontrer un certain nombre de ministères ou de cabinets auxquels il a porté un certain nombre de doléances. » La première problématique pour nous, explique Jean-Philippe Courtois, c'est la situation économique des collectivités notamment la mienne avec 8 millions € de déficit, c'est mon lourd héritage… Or il faut que nous puissions porter un certain nombre de réponses, projeter le territoire et pour cela il faut aussi que nous ayons un Etat qui soit ambitieux mais aussi conscient que la France doit se réformer et voir dans les collectivités des partenaires indispensables. » Christian Baptiste est venu plaider l’autonomie fiscale et financière des communes. « Depuis quelques années nous perdons en autorité et notamment en autonomie fiscale. Aujourd’hui c'est la portion congrue et j'aurais vraiment aimé entendre du président de la République qu’il défende notre autonomie financière et fiscale. On nous a enlevé la taxe professionnelle, la taxe d'habitation, ce qui forcément joue sur nos équipements structurants ou sur nos projets d'avenir… Les investissements des quel représentent 2/3 des investissements de la République, c'est considérable. » Il y a une quasi-unanimité sur le sujet. Harry Durimel rappelle qu’il est le maire d'une ville qui est en faillite, une ville qui a 800 millions de déficit, un déficit qui représente 200% des recettes de fonctionnement. « Pour l'instant, l’Etat nous a placé sous perfusion et a payé pour nous la semaine dernière 1 million d’euros de factures, donc je ne peux pas ne pas répondre à l'invitation de celui qui m'a placé la perfusion la semaine dernière, qui m'a donné une assistance technique pour dégoupiller les finances de la ville… Je suis reconnaissant et je suis là pour manifester cet égard qu'on me fait. »
Les maires de Martinique
Côté Martinique, on a pu retrouver dans la foule des invités Claudie Vetro, vice-présidente de la CACEM et élue du Lamentin. « C’est une occasion d’être reçue par le président de la République. Je ne demanderai pas un bilan parce que ce n'est pas le moment, mais c'est un moment où l’on attend aussi des annonces, même si elles ne concernent évidemment pas que l'outre-mer, disons qu'on attend des orientations pour 2022 par rapport aux problèmes que nous avons soulevés lors de la réunion à la maison de la Mutualité, lundi. » François Buval, maire de Trinité, était là lui aussi : « Nous avons reçu une invitation à venir partager un moment de convivialité. J'ai répondu favorablement puisque quand le président vous invite, on est honoré de l'invitation. »
Avec eux, Christian Rapha, maire de Saint-Pierre. C’est un fidèle de Macron. Il l’avoue lui-même : « Dès le départ j'ai soutenu ce président de la République, je l’ai parrainé et je me prépare à le soutenir pour les prochaines élections parce que je crois qu'il a fait un travail qui n'est pas anodin dans un pays qui se trouve dans une situation extrêmement délicate sur tous les angles. Il a eu à affronter des crises sociales comme les gilets jaunes et maintenant la crise COVID qui ravage particulièrement les Antilles. »
L’élue de la CACEM rappelait avant l’arrivée du président les difficultés communes à toutes les municipalités y compris celles de l'Hexagone et puis celles qui nous sont spécifiques, notamment au niveau de la fiscalité : « Je considère que la question de la péréquation est injuste, soutient Mme Vetro, nous participons au tronc commun et quand il s'agit de redistribution, on nous demande de le faire entre communes d'outremer et cela n'est pas juste. Il y a aussi les difficultés que nous rencontrons pour le logement mais aussi sur les normes qui nous contraignent très fortement. » Ces préoccupations étaient évidemment partagées par ses collègues de Guadeloupe et de Guyane…
Le maire de Trinité attendait le président « un peu sur tout puisque quand on est maire, on attend le président sur tout, sur les questions économiques, sur les questions sociales, les questions de santé bien sûr, la jeunesse, bref tous les secteurs, les champs sur lesquels les maires doivent intervenir pour le bien de leur population. » François Buval est bien conscient que pendant la crise, il y a eu pas mal de cafouillages : « On n’a fait que nous dire : il faut,-il faut ! Et on nous a demandé de relayer auprès de la population et la population ne s'y retrouvait pas… Nous avons fait remonter ces problèmes au préfet, à l’ARS et aux responsables politiques nationaux ! Ça s'est amélioré après parce que la panique a été telle… masque ou pas masque, confinement total… C'est la première fois qu'on avait un tel cataclysme sanitaire nous qui étions habituée au cyclone et au tremblement de terre… Avec la COVID-19 on était pris de court. Il a fallu s'adapter on a commencé à faire des masques en tissus puisqu'il fallait se débrouiller. On nous a dit c'est possible et puis après on nous a dit ce n'est plus possible… Tous les jours il fallait se retourner ! Maintenant la communication est plus fluide mais ce que je regrette c'est que la concertation sur la vaccination avec la population n'a pas été convenable c'est pour cette raison que nous voyons ces résistances. et ce n'est que maintenant que nous commençons à faire passer les messages qu'il faut pour la vaccination. Nous devons nous battre contre deux choses : d'abord la population qui est réticente ; et puis les réseaux sociaux, les fake news… » Christian Rapha se précipite au secours du président : « Une communication de crise n'est jamais facile, on peut toujours faire mieux ! l'Etat a fait sa part du travail… A Ecouter les collègues de l'Hexagone je m’aperçois que notre situation n'avait rien d'original. Tout le monde a été débordé… La différence que j'ai notée est que, ici dans l'Hexagone, les élus ont pris leurs responsabilités, ils ont su déborder le préfet, ils n'ont pas obéi forcément aux consignes données quitte à ce que le préfet s'aligne ensuite sur leur décision puisque c'était eux qui étaient sur le terrain. Il y a eu une co-production institutionnelle. À côté du préfet, les départements, les régions, les villes se sont impliqués et l'intérêt de la population a primé. Chez nous, peut être que nous avons un peu trop longtemps regardé le préfet faire, attendant tout de lui et effectivement ça a créé une situation très difficile à rattraper par la suite. Je pense que c'est au début que nous n’avons pas pu suffisamment communiquer et donner confiance à la population. Ce n'est pas au préfet qu'il revient de s'occuper de la santé des martiniquais, c'est une affaire martiniquaise et nous aurions dû bousculer le préfet par moment… Mais nous avons trop tardé à nous impliquer parce que l'intérêt général doit primer par-dessus les positions politiciennes dans un cadre comme celui-là la santé l'hygiène la sécurité ne souffrent pas de polémique politicienne. »
Si le maire de Saint-Pierre estime que l'Etat a fait son travail, il ne demande pas mois quelles sont les perspectives ? « J'attends que le président nous dessine les perspectives pour les mois et les semaines qui viennent. Il nous faut absolument sortir de cette crise par le haut. » François Buval nous confiait qu'il n’irait écouter Macron jeudi, il avait rendez-vous dans un cabinet ministériel.
Les maires de Guyane
Enfin, côté Guyane, on a retrouvé Albéric Benth, maire de Mana, Georges Elfort, maire de Saint-Georges, Véronique Jacaria, maire de Saint Elie, Serge Anelli, maire de Maripasoula, ou encore Sandra Trochimara, maire de Cayenne.
« C'est déjà un privilège de se retrouver dans les salons de l'Élysée », a fait savoir Mme le maire de Cayenne. « Un président ne peut pas nous inviter ici pour dire n'importe quoi, a indiqué Serge Anelli, donc forcément il a un message à faire passer et puis de toute façon moi je n'ai rien d'autre à dire que, en Guyane, l'Etat soutient ma commune. » Mme Trochimara a été plus loquace : « Je vis cet instant en toute simplicité mais en même temps, je suis là pour attendre la parole du chef de l'État en direction des maires. Si je fais le lien avec ce congrès des maires ou le thème était « les maires en première ligne face aux crises », j'attends effectivement de son discours qu’il nous reconnaisse pleinement et nous valorise pour toute l'implication que nous avons dans la proximité avec les citoyens, avec nos administrés. A ce titre, nous pouvons être aussi à certains moments les relais de la parole du chef de l'État et donc c'est un moyen de nous imprégner de cette parole pour que nous puissions nous, dans notre proximité avec nos administrés, nous en faire les relais. » Georges Elfort ne voulait pas commenter avant le grand discours de jeudi : « Je ne veux pas être déçu je préfère ne rien attendre et écouter ce qu'il a à dire. »
Vers 19h40 le président Macron a tenu une courte allocution devant les maires qu’il a résumée en trois mots : « Merci » d’abord pour avoir été aux côtés de l’Etat le temps de cette pandémie. « L’action des maires a été essentielle », a-t-il martelé avant de saluer le couple préfet/maire : « Quand le commandement est clair, ça marche mieux. » Il a ensuite employé le mot « soutien » car , a-t-il dit, « les maires ont été confrontés à de nombreuses tensions, violences, agressions, incivilités… C’est un délitement de l’esprit civique. Céder une once de violence, c’est consacrer l’impossibilité de prendre une décision demain. » Enfin, il a usé du mot « espoir » face au « continent nouveau » devant nous, ce fut court, mais sans doute déjà les premiers mots de sa campagne présidentielle.
Emmanuel Macron s’est ensuite plongé dans la foule des élus et il n’a quitté la salle des fêtes de l’Elysée que peu après 23 heures.
FXG