Transat Jacques Vabre : le village du départ
La Martinique rayonne au Havre
Le village de départ de la Transat Jacques-Vabre au Havre fait une belle place à la Martinique. A l’arrivée, le visiteur est accueilli par le stand du comité martiniquais du tourisme qui, outre promouvoir la destination Martinique, organise là des masterclass de café avec le barista Luigi Germany, ou de rhum. En longeant le quai ouest du bassin Paul-Vatime où sont amarrés les 79 voiliers de la transat, le visiteur tombe d’abord sur l’espace du CODERUM où sont exposées et offertes à la dégustation les treize marques de rhum martiniquais, puis sur l’espace du village Martinique. Entre les deux, le food truck Mabouya de Jean-Marc Floro propose ses acras, bokits et autre poulet boucané. A l’autre bout du quai, le salon Martinique où s’expose la magnifique série d’affiches « La Martinique by Natéa » et où se trament business et rendez-vous avec la fédération des sports de plaisance, la ville du Havre et autres partenaires du CMT… Reportage.
« En trois jours, tout est parti ! » Suzanne de Suz’Delys est enchantée de cette première havraise. Mercredi 3 novembre, elle n’avait déjà plus de punch à vendre. « Il ne me reste que les épices à proposer d’ici le départ ! » Et encore ! Elle n’a même plus de graines à roussir… Le village Martinique installé sur les quais du bassin Paul-Vatime où sont amarrés les bateaux de cette transat en double, est victime de son succès. Non seulement, les Normands se sont pressés au rendez-vous du village du départ, mais les Martiniquais ont aussi manqué de stock. « On saura qu’en Normandie, il y a des gens qui attendent les produits de chez nous. » C’est qu’en ces temps de covid, le comité martiniquais du tourisme a dû organiser ce salon tambour battant. En moins de 48 heures, les artisans sélectionnés ont dû réunir assez de stock pour participer à l’événement. « On aurait pu être plus nombreux, mais au moins la diversité de nos productions était représentée, confie Suzanne prête à recommencer !
Nuxia Allamelou de la société Kristalyn est présidente de Cap Antilles. Son association a chapeauté la venue des artisans martiniquais au Havre à la demande du Comité martiniquais du tourisme qui a financé la quasi-totalité de l’opération.
« Nous sommes sept exposants, huit entités, détaille Nuxia, et un village ! Il fallait être au départ de cette transat avec tous les produits de la Martinique. »
Rupture de stock
« En quelques jours, relate Mélanie Edouard de la Conserverie créole, on a dû rassembler tout notre stock ! » Pierre-Michel Jean-Baptiste, venu exposer les douceurs à base de noix de coco, de fruits confits et les confitures traditionnelles de la marque « Doux Caprices » confirme la rapidité de la chose : « On a dû se préparer rapidement pour venir et je suis agréablement surpris ! Je ne m’attendais pas à voir autant de passage. Les gens montrent leur intérêt et on vend plus que ce qu’on attendait ! » Il aurait pu s’en douter : son frère qui exploite la marque en Guadeloupe a déjà vécu semblable expérience à Saint-Malo au départ de la Route du rhum. « Je ne le croyais pas, explique Pierre-Michel. Il fallait que je voie par mes yeux, comme Saint Thomas ! » Comme Suzanne, lui aussi reviendra au Havre pour la prochaine édition dans deux ans avec plus de stock. « On sera plus nombreux et encore plus visibles ! »
Au stand des Chocolats de Balata, on a bien géré le stock pour tenir jusqu’au 7 novembre, mais Makeda Hayot, assistante commerciale, a été également surprise de la qualité du public normand : « Beaucoup connaissaient déjà nos produits, tandis que ça a été une belle découverte pour les autres ! » « Beaucoup des gens qui viennent nous voir, poursuit Mélanie Edouard, sont déjà venus aux Antilles et ils sont vraiment contents de découvrir et goûter nos saveurs. » Ce qu’elle vend le mieux, c’est sa terrine au rhum vieux, également celle au poulet boucané, très appréciée ! Mélanie aussi est persuadée qu’il y a assez de potentiel pour qu’il y ait plus que huit exposants la prochaine fois.
Les senteurs des îles au pied du sapin
Véronica Courmouls-Houlès, fondatrice et « nez » de Parfum des îles pense elle aussi que ce salon pourrait supporter facilement « une extension de 30 à 40 m2 avec, pourquoi pas, un décor à la hauteur de la Martinique, avec un petit peu de palmiers, de sable et de bois flottés »… Parfum des îles qui a été créé en 1996 doit à un tout récent « Tourism award » cette invitation au Havre. Le Comité martiniquais du tourisme comptait sur ses senteurs florales, fruitées et épicées comme une invitation au voyage dans l’île aux fleurs. « Ça sent bon, raconte Véronica. Les visiteurs sont séduits et les produits si réputés qu’une partie de nos produits a été écoulée dans des cadeaux VIP pour des partenaires ou des sponsors… » Le public se laisse séduire facilement d’autant que ce sont des cadeaux très originaux qui permettent d’amener au pied du sapin des senteurs des îles ! A deux pas d’elle, Marie-Céline Chroné représente la marque K’Valls d’Evelyne René-Corail, des vêtements à base de voiles de coton et de broderies anglaises. « C’est mon autre passion les vêtements, confie Marie-Céline en riant. Je sais les porter mais je ne sais pas coudre ! » Elle aussi est séduite par le public normand : « Il est chaleureux, il s’intéresse à tout ; il est curieux et consommateur ! » Certains reconnaissent en elle la célèbre choriste de Kassav’ (entre autres) ! Elle l’admet mais, modeste, elle élude : « Moi, je suis heureuse d’être là parce que nous avons un compatriote, Eric Barray, qui va naviguer avec un Normand. On lui souhaite bonne chance et bon courage pour qu’il soit le premier à arriver en Martinique ! »
Cette première édition a permis à nos artisans et producteurs de tâter le terrain. « Dès mon retour, promet Nuxia, on va tirer les leçons de cette expérience avec le CMT pour que dans deux ans, on soit vraiment plus nombreux et qu’on puisse montrer un plus large panel de ce qui se fait chez nous ! » Samedi, la veille du départ, le groupe Monster Carnival offrira au public de la Transat un vrai vidé sur les quais !
FXG
Le PNRM, une présence qui s’impose
Parce que le Parc naturel régional de la Martinique (PNRM) mène campagne pour faire admettre la biosphère des volcans et de la forêt martiniquaise au patrimoine naturel de l’UNESCO, il fallait être là. Mais surtout le PNRM a été associé à cette Transat Jacques-Vabre parce que, depuis quatre ans, il pilote la reprise expérimentale par six caféiculteurs de la production d’arabica typica, un café bonifieur. Jacques Vabre a reçu 150 kilos de ce café torréfié par la Tivolienne à Fort-de-France pour le présenter à l’ouverture du village de la transat au Havre. Le Normand aime le café et découvre le café martiniquais. « On leur explique, raconte Jean Monfort, président de la commission agriculture du PNRM, qu’on a été un des plus grands producteurs de café au début du XVIIIe siècle et qu’aujourd’hui le parc naturel régional de la Martinique relance cette production d’un café d’excellence, mais ils découvrent aussi notre miel et notre farine de manioc… » Comme pour les punch, le stock de café a fondu bien avant le départ de la course… Jean Monfort se montre rassurant : « Dans deux ans, on aura une bien meilleure production ! »
La route du café… au rhum
La société Pap’îles de Bruno Priouzeau (photo ci-contre) intervient pour le CODERUM comme pour le syndicat des rhums AOC Martinique pour des opérations de communication tels que cet événement nautique, le salon de l’agriculture ou la Foire de Paris. Au Havre, les treize marques de rhum martiniquais s’affichent. « Ca représente plus de soixante variétés de rhums, détaille Bruno Priouzeau, du blanc au XO, des millésimes de 12 ans, 15 ans ! et ça pour le plus grand plaisir du public havrais qui leur réserve un très bel accueil. » Le va-et-vient est incessant, tant au bar qu’à la boutique où les clients sont conseillés par des spécialistes. « Il faut encore expliquer aux gens la différence entre un rhum de mélasse et rhum agricole, poursuit Bruno. C’est vrai que le mot agricole souvent est pris comme « issu de la ferme » alors que c’est un procédé de fabrication… Il faut surtout expliquer la différence entre les rhums français d’Outre-mer et les rhums hispano et anglophones qui n’ont pas la même législation… On n’est pas égal sur le procédé de fabrication. Nous, nous faisons du rhum ! »
Trois questions à Gaëtan Paderna, directeur marketing, communication et promotion des marchés du Comité martiniquais du tourisme (CMT).
« Donner à la Martinique un rayonnement mondial »
Quel dispositif avez-vous mis en place ?
On a saisi l’opportunité d’accueillir une transat majeure et aujourd’hui, nous avons au Havre un beau pavillon officiel qui devrait permettre aux 500 000 visiteurs de ce village d’avoir une belle expérience martiniquaise, qu’elle soit olfactive, sonore ou visuelle. Et ces visiteurs ont également l’occasion d’avoir une expérience à travers les producteurs martiniquais que le CMT a soutenus en les faisant venir sur notre village, mais également avec les rhums AOC qui ont un chapiteau dédié et qui offrent une expérience complète de la destination, je dirais un avant-goût de la destination avant de pouvoir vivre l’arrivée dans quelques jours.
La présence martiniquaise est belle, mais encore modeste par rapport au potentiel…
C’est une première édition ! On a mis un dispositif qui apporte satisfaction. Nos visiteurs repartent avec des sacs pleins de ce que les producteurs peuvent proposer. Nous allons monter en puissance crescendo d’édition en édition, mais quand je vois les sourires des visiteurs qui passent sur notre pavillon officiel, je me dis que l’objectif est atteint.
Est-ce un lieu pour vendre la destination Martinique ?
La vente se fait souvent en deux temps. D’abord, le visiteur veut avoir des informations, après, on lui propose des packages pour qu’il puisse derrière faire des réservations. Il y a un réel engouement pour notre Martinique ; elle reste extrêmement attractive même dans le contexte particulier du Covid et une opération comme celle que nous avons montée au Havre est très importante pour donner à la Martinique un rayonnement mondial.