Débat sénatorial avec Lecornu sur les Antilles
Le Sénat débat avec Sébastien Lecornu sur la situation antillaise
A peine de retour de la Martinique, le ministre des Outre-mer a participé mercredi après-midi au Sénat à un débat sur le thème de la situation économique, sociale et sanitaire dans les outre-mer. La parole a d’abord été distribué aux orateurs des groupes politiques qui sont revenus tour à tour les émeutes de ces derniers jours. « Si on remet le couvercle sur la cocotte-minute, ça recommencera », a mis en garde Jocelyne Guidez de l’Union centriste. Et bien sûr, sur les propos tonitruants du ministre des Outre-mer sur l’autonomie. « Etait-ce le moment, a demandé le sénateur RDSE Jean-Claude Requier ? L’enjeu est trop important pour être précipité. » Victoire Jasmin (PS) a lancé un appel à la paix avant de rappeler l’inadaptation des politiques publiques à la spécificité des territoires d’Outre-mer. Elle a appelé à la régulation des prix et l’application de la loi Lurel sur la lutte contre la vie chère. Le sénateur écologiste Guillaume Gontard s’est étonné que le ministre des Outre-mer soir reparti de la Guadeloupe en promettant que l’eau coulerait dans les robinets dans cinq ans. Il en a appelé à un plan Marshall. Fabien Gay qui accompagnait la semaine dernière le candidat du PCF à l’élection présidentielle a rappelé qu’aucune réponse n’avait été portée à la crise de 2009 aux Antilles, ni à celle de 2017 en Guyane. Il a insisté sur le poides de l’histoire coloniale et esclavagiste mais également sur la cherté de la vie, les oligopoles, le chlordécone. « En proposant le débat sur l’autonomie, a ajouté le sénateur communiste, vous faites peur aux gens et vous évitez le débat sur la question sociale et la liste des 32 revendications. » Plus globalement, le sénateur Folliot de l’UC s’est demandé quelle était la stratégie française pour ses Outre-mer. La sénatrice Canayet (LR) est revenue sur le terme d’autonomie pour proposer d’ouvrir la voie du statut sur mesure auquel a réfléchi la délégation outre-mer du Sénat. Avant de revenir lui aussi sur ce sujet, parlant même « d’indécence » et ajoutant : « Même les autonomistes s’en sont émus », le sénateur LR Pellevat a eu ce constat terrible, responsable pour partie selon lui de la croise identitaire : « Tout est dégradé dans les Outre-mer ! ».
« Quand on vous dit que la loi ne applique pas, se pose la question de l’autonomie »
En une dizaine de minutes, Sébastien Lecornu s’est attaché à répondre et à défendre ses positions. D’abord sur l’envoi de troupes et sur son inflexibilité à demander la condamnation des violences : « C’est le réveil des voyous, du grand banditisme. Ils ont profité de la contestation sociale pour commettre des atteintes inédites sur les forces de l’ordre. » Sur la crise sociale qui règne autour du monde médico-social, il a convenu que la santé publique a été négligée par les gouvernements successifs. Il a évoqué le Ségur pour la santé, souhaitant qu’il serait à la hauteur. Quant au refus de voir la loi s’appliquer en Guadeloupe quant à l’obligation vaccinale pour les soignants et soldats du feu, le ministre a parlé de « crise démocratique et principielle » qu’il s’agisse du refus du LKP ou de celui des élus locaux. Comme il lui était reproché sa « stratégie de pourrissement » employée pour « légitimer l’action politique de ceux qui ne voulaient pas discuter » (une question transmise par le PS Victorin Lurel), ou encore son « attitude martiale », le ministre s’est encore justifié : « Je ne voulais pas me précipiter pour ne pas gâcher sa chance au dialogue local et pour ne pas sur-occuper les forces de l’ordre… » Il a évacué la question martiale en expliquant qu’il avait dormi au SMA qui dépend de son ministère parce qu’il fallait bien « dormir quelque part ». Encore sollicité sur la question du débat de l’autonomie qui n’aurait été qu’une « provocation à l’approche du débat présidentiel », il a détaillé son idée : « Quand on vous dit qu’ici la loi ne applique pas, il faut aller au bout et poser la question de l’autonomie », tout en rappelant que les loyalistes de la Nouvelle-Calédonie qui sont contre l’indépendance sont des autonomistes… Enfin, malgré la politique de la chaise vide des élus de la Guadeloupe, le ministre s’est dit « disponible pour faire avancer la Guadeloupe ». Il s’est félicité de la méthode mise au point en Martinique : « Elle va produire ses effets, y compris peut-être inspirer la Guadeloupe. »
Sébastien Lecornu a conclu son intervention en évoquant tour à tour la vie chère, « qui demandera des réponses radicales », la défiscalisation, l’octroi de mer, l’aide au fret, la production insulaire, la concurrence, « qui seront des sujets pour la prochaine majorité présidentielle ».
FXG