Taubira candidate à la primaire populaire
Présidentielle 2022, l’hypothèse Taubira
L’ancienne ministre de François Hollande, Christiane Taubira, a déclaré dimanche lors d’un déplacement à Bondy qu’elle allait se soumettre à la primaire populaire. « J’accepte les règles de la primaire populaire et j’en accepterai le verdict. J’accepte le risque de la démocratie », déclare-t-elle appelant également les autres candidats de gauche à l’Elysée à faire de même.
En raison des deux grandes lois sociétales qu’elle a laissées (reconnaissance de l’esclavage et de la traite négrière comme crime contre l’humanité en 2001 et l’autorisation du mariage homosexuel en 2013) d’aucuns l’appellent « l’icône de la gauche ». Elle s’en verrait bien le sauveur à l’occasion de cette présidentielle, déclarant en marge de la visite d’une ferme d’agriculture biologique à Saverdun (Ariège) jeudi dernier : « Je réfléchis très sérieusement à pouvoir être en capacité d’agir sur l’amélioration de la vie des Françaises et des Français. »
Pour autant, les autres candidats de gauche à la présidentielle ne l’attendent assurément pas comme le messie. Yannick Jadot, candidat des Verts, s’est contenté de l’inviter à rejoindre son panache. Fabien Roussel, le candidat communiste, trouve « un peu léger de venir dans la campagne sans avoir d’éléments programmatique à proposer. » Jean-Luc Mélenchon, candidat des Insoumis, a été catégorique : « On ne peut rassembler la France que si on est déjà capable de rassembler des gens sur des idées. » Quant à Anne Hidalgo, candidate du PS, qui avait accepté l’idée de débattre avec Christiane Taubira, a décidé de ne pas se retirer si Christiane Taubira présentait sa candidature, indiquait-elle dès le 23 décembre : « C'est une candidature supplémentaire et moi, en ce qui me concerne, je propose une primaire de la gauche. »
Des sondages qui ne décollent pas
Il manquerait à l’ancienne députée de Guyane « une ligne directrice claire pour la France et les Français », selon Bernard Poignant, ancien conseiller de François Hollande à l’Elysée, dans une tribune publiée par Libération. Ce dernier demande si l’on peut réellement compter sur celle qui « envisage » de se présenter en 2022. Il rappelle ainsi qu’à peine élue députée apparentée PS de Cayenne en 1993, elle vota la confiance au gouvernement d’Edouard Balladur, qu’en 1999, sa place de 4e sur la liste européenne de Bernard Tapie, sous la bannière des Radicaux de gauche, était un scud contre la liste de Michel Rocard, que le maintien de sa candidature en 2002 aurait causé l’échec de Jospin à la présidentielle et qu’enfin, en 2016, sa démission du ministère de la Justice pour marquer son opposition à la déchéance de nationalité pour les terroristes avait fragilisé le président Hollande…
Forte de sa popularité à gauche, Christiane Taubira a pourtant senti qu’elle pouvait être le bon recours pour cette gauche éclatée, mais surtout orpheline avec un PS désormais suspect depuis qu’il a fait la courte échelle à Emmanuel Macron et un Mélenchon taxé de la jouer trop perso.
« Je veux agir en termes de politique publique, a encore déclaré Christiane Taubira jeudi dernier, et je sais ce que ça veut dire, j’ai déjà exercé le pouvoir. »
Selon Harris Interactive, en cas d’union de la gauche socialiste et écologiste derrière elle, Christiane Taubira ne recueillerait que 8% des intentions de vote, derrière le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon (11%) et loin du second tour du scrutin, qui opposerait Valérie Pécresse ou Marine Le Pen au coude à coude (17%) à Emmanuel Macron (25%).
La primaire populaire, initiative citoyenne, est prévue du 27 au 30 janvier. On ne connaît pour l’instant pas le nom des postulants.
FXG