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Publié par fxg

Quelle France océanique d'ici 2030

L’Outre-mer et la stratégie maritime de la France

Les sénateurs formulent 40 propositions dans la perspective de la prochaine stratégie maritime 2023-2029, afin de préparer l’avenir océanique de la France et relever les défis d’un XXIe siècle qu’ils jugent assurément maritime. Mais selon leur bilan, on est loin du compte…

Annick Petrus (Les Républicains - Saint-Martin), Philippe Folliot (Union Centriste - Tarn) et Marie-Laure Phinéra-Horth (RDPI - Guyane) ont planché ces derniers mois à l’élaboration d’un rapport sur la stratégie maritime de la France. Ils ont présenté leurs conclusions hier à Paris. La sénatrice de Guyane a cité le chiffre de 2,4 %, soit le poids des activités maritimes dans l'emploi marchand en outre-mer. « C’est très peu, comparés aux immenses ressources que la mer peut offrir à nos territoires ! » Avec ses collègues, elle a donc plaidé pour que la stratégie maritime soit un moteur économique des Outre-mer. Cela sous-entend de moderniser nos ports, accompagner la pêche et le tourisme bleu et soutenir les filières d’avenir (aquaculture, énergies marines et biotechnologies). D'ores et déjà, on peut se satisfaire que les ports de Pointe-à-Pitre, Fort-de-France, La Réunion et Nouméa se classent parmi les dix premiers ports français en termes de trafic de conteneurs. Le trafic par porte-conteneurs devrait tripler d'ici 2035. « En Guyane, observe toutefois la sénatrice Phinéra-Horth, pour remédier au faible tirant d'eau du port de Dégrad des Cannes, la faisabilité d'un port flottant extérieur doit être évaluée. » La sénatrice a mis l'accent sur l'enjeu stratégique que représentent les câbles sous-marins car si nos territoires sont reliés à l’économie mondiale grâce à nos ports, ils sont reliés à l'internet grâce aux câbles. Or ces câbles sont vulnérables et trop peu nombreux.

Quant aux enjeux de la pêche ultramarine, ils sont trop limités relativement à l'étendue de la ZEE de la France. La pêche ne parvient même pas à répondre aux besoins de la demande locale. Vieillissement des personnels, dégradation des flottes et manque de structuration des filières caractérisent cette activité en outre-mer. Malheureusement l'accès au fonds européen pour la pêche et l’aquaculture (FEAMPA) est difficile, administrativement complexe, et son insécurité juridique est pénalisante. Vivement un POSEI pêche à l'image du programme de soutien à l’agriculture ultramarine ! On attend également une autorisation des aides d'Etat pour moderniser les flottes.

Quant au tourisme bleu, porté en grande partie par le secteur de la croisière et les activités de plaisance, il a été fortement dégradé par la crise COVID. Tout plaide pour le développement d'un tourisme bleu qualitatif dans nos territoires d'outre-mer…

Quant aux filières d'avenir, alors même que nous disposons d'une biodiversité extrêmement riche, la valorisation des ressources marines dans le domaine médical et les cosmétiques, il est encore trop peu développé. « Pourtant, remarque la sénatrice, L'Oréal et Sanofi sont des groupes français ! » En matière d’aquaculture, les outre-mer restent très en retard, si ce ne sont la Nouvelle-Calédonie avec sa filière de crevettes bleues et la Polynésie avec sa filière de perliculture. Enfin, les énergies marines (énergie des vagues, hydroliennes et SWAC) restent des filières trop expérimentales et font face à des coûts élevés. Un soutien public plus important semble nécessaire. « Les opportunités sont nombreuses, restent à soutenir les projets », a conclu Marie-Laure Phinéra-Horth.

FXG

Des moyens militaires insuffisants

La situation est telle en Guyane que le ministre des Outre-mer a parlé d’opérations de guerre ! « Il faut mettre les moyens de la marine nationale à la hauteur de l'intensification des violences », plaide le sénateur Foliot ! L’Etat consacré 120 jours à la lutte contre la pêche illégale contre une présence de la Marine de 300 jours dans les zones du Sud de l'océan Indien. Et tandis que le nombre de saisies de drogue explose aux Antilles (18 tonnes il y a quelques années contre 31 en 2021), les effectifs militaires ont baissé de 8 700 à 7 150 depuis 2008. L’état de la flotte de souveraineté se dégrade tellement que le sénateur Foliot parle de « rupture de capacité ». Il enchaîne : « Les six patrouilleurs outre-mer qui doivent remplacer les vieux P400 en 2025 ne seront sans doute pas livrés dans les temps ! Pourtant, ils sont prévus dans la loi de programmation militaire. La marine n’est assez équipée en matière de drones de surface et sur ce point, les Turcs nous sont passés devant. Il faut rétablir les capacités amphibies avec des hydroglisseurs pour intervenuir rapidement en cas de cyclone, comme au Japon. Il faut baser un hélicoptère polyvalent à Saint-Martin/Saint-Barthélemy… » Il recommande encore de rendre obligatoire un passage de la marine avec débarquement à Clipperton tous les ans. Il compare nos forces navales en Outre-mer à deux voitures pour patrouiller dans tout l’Hexagone. Il précise même : une 4L et une Clio, et ajoute : « C’est juste pas possible ! »

 

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