La Guyane au SIA 2022
La Guyane assure une belle présence au salon de l’agriculture de Paris
Roger Alain Aron, 7e vice-président de la CTG en charge de l’agriculture, la pêche et la souveraineté alimentaire, Christiane Barbe, conseillère territoriale en charge de l’agroalimentaire, Jean-Yves Tarcy, premier vice-président de la chambre d’agriculture et Maurice Reunif, 4e vice-président de la chambre d’agriculture ont conduit la délégation guyanaise du salon international de l’agriculture de Paris. Reportage.
Joseph Tétra a emmené une demi-tonne de fleurs ! Le dirigeant de Matoury Garden (il a aussi une exploitation à Macouria) vient au salon de l’agriculture de Paris depuis quinze ans. « Les fleurs tropicales sont un produit attrayant, témoigne-t-il, mais on exporte peu parce qu’au départ de Guyane, le coût du fret est plus onéreux qu’au départ des Antilles. » Joseph Tétra fait partie des horticulteurs guyanais qui font aussi des fleurs. Il a d’abord commencé à les vendre sur les marchés en Guyane et depuis vingt-cinq ans, il a sa boutique à Montabo.
Non loin du spectacle des fleurs, les visiteurs du stand de la Guyane sont attirés par l’odeur du bois de rose. Luc Champault exploite avec son épouse à Sinnamary la société Couturier. Ils cultivent sur douze hectares le bois de rose, le distillent et en commercialisent l’huile essentielle. C’est la première fois qu’ils viennent au salon. C’est le parc naturel régional de Guyane qui les y a aidés.
Pascal Giffard, le directeur adjoint du PNRG s'occupe de l'ensemble des actions et des programmes du parc. Durant le salon, il accompagne Luc Champault qui fait de l'essence de bois de rose, et Yayi Yijak qui fait la transformation du jaque. « C’est très intéressant, s’enthousiasme M. Champault, c’est énorme de découvrir un salon de cette ampleur ! Pour appâter le chaland, il découpe dans une buche de bois de rose un copeau. C’est quand la coupe est fraîche que les parfums embaument ! « Ca sent bon et c’est puissant ! », voilà ce que disent les gens. Du reste son produit est connu puisqu’il l’exporte déjà dans l’Hexagone. Le salon est pour certains de ses clients l’occasion de venir le voir, mais M. Champault profite aussi de cette présence à Paris pour aller visiter ses clients ! A ses côtés, lui aussi invité du PNRG, Yayi Yijak d’Iracoubo. Il est venu avec ses confitures de jaque (il a emmené 400 pots) et ses préparations cuisinées à base de jaque. Pour lui aussi, c’est une première fois au salon de l’agriculture. Son projet est de trouver des clients pour exporter sa production. Reste qu’il voulait amener des jaques frais, mais c’était sans compter sur le contrôle sanitaire. Ses fruits ont été refusés et renvoyés au pays ! Pourtant la qualité est là. Ça fait neuf ans que Yayi Yijak fait ça avec sa famille !
Couac
« En plus d'être présent à travers ces deux producteurs du territoire, explique Pascal Giffard, directeur adjoint du PNRG, nous sommes également présents à travers les produits que notre structure vend dans sa boutique de la rue François-Arago à Cayenne ; ce sont les produits dérivés du manioc : le couac, la kassav, les sispas et bien sûr les confitures de Kethia. Nous sommes là pour promouvoir à la fois les producteurs, mais également promouvoir le territoire du parc naturel régional de la Guyane parce que ce sont ces producteurs qui font vivre ce territoire. » Pour financer cette présence parisienne, le Parc bénéficie du programme européen, Groupes d’Actions Locales (GAL) des Savanes, qui a permis l'acquisition des billets d’avion. Depuis 2007 que le PNRG vient au salon de l'agriculture, il accompagne chaque année des producteurs tandis qu’il assure une présence institutionnelle puisque, ajoute M. Giffard, « quand on parle du territoire du PNR, on parle de la Guyane ! »
Délices
La boutique des Délices de Guyane achève la boucle du stand guyanais. Bernard Boulanger, le dirigeant et fondateur des Délices de Guyane est extrêmement heureux de revenir après deux ans sans salon. « C'est extrêmement important pour notre marque de venir au salon de l'agriculture parce que ça donne une bonne notoriété à nos produits et ça nous permet aussi de communiquer sur notre boutique de la rue des Martyrs à Paris. » Ouverte depuis bientôt cinq ans, le magasin des produits guyanais n'est pas encore assez connu. « C'est sûr qu'on a eu toutes les misères du monde, les gilets jaunes, deux ans de COVID, les manifs des retraites, les grèves des transports… On galère depuis quatre ans et on aimerait bien sortir la tête de l'eau ! » Le fait d’être intégré au stand de la chambre d’agriculture, c’est un plus, considère l’entrepreneur. « C'est carrément un gros stand avec la chambre d'agriculture, la CTG et le PNRG. Ça donne un impact beaucoup plus important à notre stand, le fait qu'on soit dans un groupe Guyane. Comme quoi la Guyane, c'est une marque ! » D’ailleurs le nouveau slogan de la CTG ne s’y est pas trompé : « Hisser la Guyane au carrefour mondial de l'excellence. » « C'est un bon slogan pour nous, ajoute M. Boulanger, parce que nous, ce qu'on recherche en permanence, c'est l'excellence. On fait des produits de qualité et on veut continuer dans cette lancée. »
Samedi dernier, le Premier ministre a remplacé au pied levé le président Macron pour visiter les stands, Outre-mer compris. Lundi, Valérie Pécresse est passée voir la Guyane. Vendredi, alors que c’est la journée consacrée à la Guyane, Christiane Taubira a fait savoir qu’elle passerait. Personne ne pouvait dire avant ce bouclage si elle aura eu ou pas ses 500 signatures auparavant.
FXG
Jean-Yves Tarcy, 1er vice-président de la chambre d’agriculture, éleveurs de poules pondeuses et de porcs à Montsinéry.
« Nous sommes en train de mettre en place une filière wassaï »
Cela fait combien de temps que vous n'étiez pas venu à Paris ?
Ça fait deux ans puisque nous y étions encore en 2020, même si c'est une première pour ma part. La chambre d'agriculture était présente avec la CTG et nous revoilà. Nous avons bien préparé ce salon en amont parce que c’était une volonté des élus de la CTG que nous soyons présents à Paris, que nous portions l’image de la Guyane. J’espère qu’on va tirer l’expérience de ce salon pour 2023 et améliorer les choses !
Qui vous a accompagné ?
Nous avons les fleurs avec Joseph Tétra de Matoury Garden, Bernard Boulanger des Délices de Guyane, le PNRG et deux exposants, et la chambre d’agriculture…
C’est cher de faire venir ces exposants ?
Effectivement c'est coûteux ! Et vu notre superficie il y a quand même un coût… il n'y a qu à voir avec le stand de La Réunion qui a une très grande superficie. Mais c'est vrai que notre emplacement, s’il est parfait, est très cher. Même si c'est la première fois que je viens, je pense que chaque année La Guyane doit être à ce rendez-vous. Il faudra peut-être que à un moment donné la collectivité budgétise cette opération et pour qu'on ait un stand qui soit optimal qui ressemble véritablement à ce qu'on fait en termes de productions agricoles, à ce qui nous démarque des autres départements.
Qu’est-ce que vous ne pouvez pas montrer dans la configuration actuelle ?
Je pense à un certain nombre de produits que nous avons et que nous prévoyons d'exporter, notamment le wassaï. Nous sommes en train de mettre en place une filière wassaï. C’est un fruit de l’Amazonie qui est déjà utilisé pour la cosmétique, notamment au Brésil pour ses vertus antioxydant. C’est un produit sur lequel la Guyane compte se positionner sur le marché international sachant que le Brésil est le premier producteur de wasaï au monde. Il n'empêche que nous avons des ambitions sur le marché local et sur le marché mondial même si nous ne prétendons pas concurrencer le Brésil. Il n'y a pas de grosse production dans la mesure où ça pousse de manière naturelle mais de plus en plus de producteurs s'intéressent à la mise en place de cette filière avec l'usine de transformation qui est plus que bientôt terminée sur la commune de Montsinéry-Tonnégrande.