Pécresse et les Outre-mer
« La France en grand » de Valérie Pécresse
La candidate des Républicains à la présidentielle a présenté lundi son programme pour les Outre-mer. Valérie Pécresse, secondé de Patrick Karam, l’un de ses conseillers politiques pour les outre-mer, a décliné les grandes mesures d’un programme qu’elle assure avoir co-construit avec ses comités de soutien dans les territoires.
« Le vrai programme d’une droite qui aime les Outre-mer, c’est le mien ! » Valérie Pécresse se place résolument dans le sillage de Jacques Chirac pour présenter son projet ultramarin. « Nos douze territoires dit-elle en reprenant l’adresse à la jeunesse de Félix Eboué, « jouent le jeu de la grandeur de la France ». Valérie Pécresse veut « reconstruire un pacte de confiance fondé sur l’attachement à la République et le respect de l’identité ultramarine et la dignité de chacun et de chacune ».
D’abord, elle veut le développement de l’emploi et le pouvoir d’achat avec la promesse d’« une égalité sociale et économique réelle ». Pour cela, une grande loi de programmation sur une durée de dix ans, avec des « calendriers de convergences » établis sur la base de conférences sociales pendant l’année 2022, permettront de combler en dix ans « les retards de développement, corriger les inégalités inacceptables en matière d’éducation, de logement, de santé. » Contre la vie chère, elle propose un gel des prix sur un panier de produits de la vie quotidienne, y compris ceux du carburant moyennant une aide au transport de marchandise, des tarifs bancaires, internet, téléphoniques et postaux renégociés et une réforme de l’octroi de mer qui « devra mieux protéger les produits locaux ». Les salaires seront augmentés de 10 % sur cinq ans avec 3 % la première année, et les retraites seront au moins égales à un SMIC net.
L’AFD, la CDC-Banque des territoires et la BPI formeront une « banque des Outre-mer » qui investira dans les réseaux d’eau, les routes, les logements sociaux... L’autonomie énergétique sera aussi un des priorités avec l’objectif d’une « énergie zéro-carbone » dès 2050. De vraies zones franches autour des pôles portuaires créeront un « choc de compétitivité face à la concurrence régionale ». En matière agricole, il s’agit de tendre vers l’autonomie alimentaire avec une politique d’agro-transformation. « Je veux que tous les produits de nos cantines scolaires soient 100 % locaux et en circuit court. » Pour attirer les investissements de proximité des Français en Outre-mer, 50 % de tout investissement de moins de 20 000 euros pourra être défiscalisé.
Une banque nationale des jeunes financera les projets d’études avec un remboursement différé et l’actuel « contrat d’engagement jeune » à 500 euros sera substitué par un « revenu jeune actif » à hauteur de 670 euros. Egalement, le SMA passera d’ici 2027 de 6 à 10 000 stagiaires en formation.
Continuité territoriale et état de droit
La deuxième priorité, c’est la continuité territoriale, le passeport mobilité pour mieux accompagner les jeunes (et même un Erasmus européen et régional), la sanctuarisation des congés bonifiés, l’extension du fonds de continuité territoriale pour aider au retour des jeunes entrepreneurs comme celui des fonctionnaires ayant déjà passé cinq ans dans l’Hexagone. Et cette promesse toute karamienne : « Nous négocierons avec les compagnies aériennes pour faire baisser le prix des billets d’avion. »
Troisième priorité : « relever le défi migratoire et sécuritaire et rétablir l’état de droit partout où cela s’impose. » Cela passe par la création d’un centre pénitentiaire à Saint-Martin, la suppression du droit du sol en Guyane et à Mayotte, mais aussi par un grand plan hôpital, le recrutement (national) de 25 000 soignants, un dépistage systématique et universel de la drépanocytose, « priorité de santé publique » et un plan de prévention obésité, diabète. Concernant le chlordécone, la candidate LR promet un plan d’indemnisation à l’égal de celui des victimes de l’amiante. Le sport n’est pas oublié avec un plan d’investissements des équipements pour permettre « le maintien, la formation et l’entrainement des champions sur place », à côté d’un statut pour les sportifs de haut niveau. Valérie Pécresse promet d’achever la cité des Outre-mer, de soutenir une « mémoire des victimes de l’esclavage qui doit servir la réconciliation et pas la division » et une journée annuelle des Outre-mer. En matière d’écologie et de préservation de la biodiversité, la lutte contre les sargasses, la gestion des déchets et la création de filières de recyclage, la protection du trait de côte et de la forêt amazonienne seront complétés par un engagement à sauvegarder les 200 espèces qui sont sur la liste rouge de l’UICN.
En matière institutionnelle, dès 2022, des congrès élaboreront des pactes territoriaux spécifiques permettant « une réelle différenciation ». A l’appui de la promesse de la candidate, cet aveu : « Je suis régionaliste et patriote ! »
Pour mener à bien son projet, la candidate LR veut s’appuyer sur un ministère des Outre-mer « aux compétences renforcées » et la tenue chaque année d’un conseil des Outre-mer sous sa présidence pour « évaluer l’action de chaque ministère » dans chacun des territoires et « programmer les priorités de l’année avec des indicateurs de performances ».
Valérie Pécresse a déclaré que le bilan du président sortant sur l’outre-mer était « très mauvais », qu’en matière de programme, c'était un copieur et qu'il fallait préférer « l’original à la copie », en l’occurrence le sien.
FXG