Election présidentielle et Fondation Mémoire de l'esclavage
Les candidats à l'Elysée et la mémoire de l'esclavage
Seuls huit candidats sur douze ont pris la peine de répondre au questionnaire que la Fondation Mémoire de l’esclavage, présidée par l’ancien ministre socialiste Jean-Marc Ayrault, leur a adressé. En effet, Nicolas Dupont-Aignan, Valérie Pécresse, Marine Le Pen et Eric Zemmour ont décliné la proposition.
A l’exception de Nathalie Artaud, qui a envoyé une contribution intitulée « Capitalisme et esclavage » dans laquelle elle indique que « la réparation véritable » ne peut être que « la révolution socialiste mondiale », les sept autres candidats qui ont répondu aux dix questions de la FME l’ont fait point par point.
A la première question : irez-vous présider les cérémonies des 10 et 23 mai ? Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Jean Lassalle, Philippe Poutou et Fabien Roussel ont répondu oui. Emmanuel Macron ne répond pas formellement oui. Il rappelle qu’il les a déjà présidées par le passé ou s’y est fait représenter et qu’il entend « continuer à donner à cette mémoire singulière la place qui lui revient ». Jean-Luc Mélenchon ne répond pas non plus formellement oui mais il juge « très importantes » ces deux journées et entend faire du 4 février, jour anniversaire de la première abolition de 1794, un jour férié.
Hidalgo, Jadot, Lassalle, Macron, Poutou et Roussel affirment tous qu’ils réaliseront le mémorial national aux victimes de l’esclavage prévu au jardin des Tuileries. Jean-Luc Mélenchon veut au préalable déterminer si les conditions sont réunies pour poursuivre ce projet.
Les sept répondant sont d’accord pour continuer à appliquer la loi Taubira reconnaissant l’esclavage comme un crime contre l’humanité. Ils sont aussi pour soutenir la recherche sur l’esclavage et ses héritages. Quant à harmoniser la place de l’esclavage dans l’enseignement scolaire, tous sont pour sauf Emmanuel Macron qui se défausse sur le conseil supérieur des programmes, estimant que ça n’est pas du ressort du président de la République. Il précise que si l’histoire de l’esclavage doit être « mieux connues et comprise », il ne veut « rien céder aux extrémistes qui falsifient l’histoire en s’en prenant à l’héritage des Lumières et de la République ».
Faut-il un musée national sur les cinq siècles de colonisation française ? Oui répondent Hidalgo, Lassalle et Mélenchon. Jadot s’étonne qu’il n’existe déjà et Macron veut placer la priorité au Mémorial national des victimes de l’esclavage. Poutou n’est pas contre mais il voudrait d’abord « intégrer dans les mémoires cette histoire trop souvent occultée en y associant les formes modernes d’impérialisme de l’Etat et de nombre d’entreprises françaises ». Roussel n’est pas opposé non plus à un tel musée mais il estime que la politique mémorielle pourrait être complétée par « l’histoire des combats de la République pour sortir du colonialisme ».
Agirez-vous pour l’égalité réelle outre-mer ? Oui assurent les sept répondants. Hidalgo veut « réactiver la grande loi égalité réelle Outre-mer », Jadot veut « sortir des politiques qui renvoient à un imaginaire colonial grâce à la justice sociale et environnementale ». Lassalle promet de la « considération ». Macron veut décliner de manière « différenciée les politiques publiques quand cela est nécessaire ». Mélenchon veut à court terme « un plan d’urgence sociale » et à long terme, il veut faire des Outre-mer « des avant-postes de la planification écologique ». Poutou veut d’abord que « l’on reconnaisse en tant que tel des peuples et leur situation coloniale ». Roussel veut investir dans l’éducation, développer l’industrie et l’agriculture, arriver à la souveraineté alimentaire et énergétique…
Les sept répondant sont tous d’accord pour lutter contre les discriminations et faire de la lutte contre le racisme une priorité. De même, ils répondent oui aux deux dernières questions à savoir travailler avec les autres pays pour construire une mémoire partagée de l’esclavage et mobiliser la France contre l’esclavage moderne.
Le président de la FME n’a joint aucun commentaire à l’analyse des réponses ou non réponses des douze candidats que ses services ont produit, laissant les citoyens seuls juges avant d’aller voter.
FXG