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Publié par fxg

Gilles Elie-dit-Cosaque, conteur et cinéaste

Gilles Elie-Dit-Cosaque était à Paris à l’occasion de la sortie nationale de son premier long-métrage de fiction, Zepon. Sorti depuis mi-février aux Antilles où il est toujours à l’affiche, Zepon plonge le spectateur dans l’univers du pitt à coq. France-Antilles a rencontré le réalisateur martiniquais à l’issue d’une projection au cinéma Les Sept Parnassiens. Entretien.

« J'ai découvert un univers très proche de celui de la boxe »

Comment passe-t-on du documentaire à la fiction ?

Je ne fais pas forcément de hiérarchie entre la fiction et le documentaire. Ce que j'aime avant tout, c'est raconter des histoires. Il se trouve que l'histoire que j'avais envie de raconter, que j'ai co-écrite avec mon frère Patrice, a pris la forme d'une fiction. Mais pour moi, le long métrage de fiction cinéma, ce n'est pas un bâton de maréchal ! Je prends tout autant de plaisir et je prendrai tout autant de plaisir sur de nouveaux projets de documentaire. J’ai évidemment envie de refaire de la fiction, il n'y a pas de souci !

Votre film se déroule dans la Martinique profonde, rurale celle des mornes. Pourquoi n'est-il pas entièrement tourné en créole ?

C’est un choix ! Mais il y a du créole dans le film qui n'est pas sous-titré. Et de la même manière, c'est aussi un choix de ne pas sous-titrer le créole qu'il y a dans le film. J’avais envie de le laisser comme ça pour la musique ! Un film qui n'est pas entièrement en créole, c'est aussi moi. Je ne suis pas quelqu'un qui parle entièrement en créole et c'est ce que je connais des Antilles : les gens passent du français au créole comme ça allègrement sans distinguo. Et puis c'est vrai aussi qu'il y a ce désir d'être le plus universel possible, sans passer par du sous-titrage.

Est-ce que ce film a été contrarié par la crise sanitaire ?

Je suis ravi que ce film soit enfin à l'affiche d'un cinéma parisien parce que, très honnêtement, le contexte n'a pas aidé. Mais en dehors du contexte en lui-même, la vie de ce film n'aurait de toute façon pas été facile. C’est le premier long métrage de fiction de quelqu'un qui a fait du documentaire, même si mes documentaires ont eu un petit peu de reconnaissance ! Il n’en reste pas moins que je débarque dans le milieu de la fiction avec un sujet qui se passe aux Antilles, avec des acteurs qui ne sont pas ce qu'on appelle dans le milieu du cinéma, bankable ! Déjà dès le départ, c'était un petit peu difficile. Après, ce n'est pas un énorme budget, on a plutôt tant bien que mal rassemblé les fonds nécessaires pour le mener à bien sans que la qualité en pâtisse. On a tourné fin 2019, la post-production a eu lieu en 2020, pendant le confinement même si ça n'a pas trop gêné… Après, c'est au moment de sa sortie que ça devient compliqué parce qu'on se retrouve comme plein d'autres films dans un embouteillage ! Et puis ce n'est pas le film le plus attendu sans parler de la disparition de France Ô qui n'aide pas les productions en termes de visibilité…

Y’aura-t-il un passage télé ?

Avant de parler de ça, l'ambition première c'est que c'est un film pour des salles de cinéma, mais oui il y aura des passages télé. Le film va d’abord se retrouver sur une plateforme de SVOD Univers ciné, puis il sera sur les antennes des 1ère fin septembre, début octobre.

Il n’est pas prévu de diffusion sur une chaîne nationale comme France 2 ou France 3 ?

Pas encore… On a cette ambition que ce qui a remplacé France Ô pour l'outre-mer fasse passerelle, mais ce n'est pas encore gagné !

Jocelyne Bérouard et Sohée Montieux, la fille de Marijosé Alie, et Vincent Vermignon donnent la réplique à Christophe Rangoly. Où avez-vous cet acteur pour incarner votre héros ?

Christophe Rangoly est quelqu'un qui vient de la scène du slam. Son nom de slameur est Papa Slam. Je l'avais rencontré sur un film précédent, Je nous sommes vus, un documentaire. Je savais que c'était lui ! Il a une présence extraordinaire et quelque chose de vraiment magnétique.

Et Chaben, le jeune premier ?

Vincent Vermignon est un super acteur qui s'est installé à Londres et qui a pu avoir comme ça accès à des productions anglo-saxonnes. Il a fait des apparitions dans Luther, la série de la BBC, dans Cut et là, il est dans une grosse série de HBO qui va sortir bientôt et qui s'appelle The Staircase, une mini-série télévisée américaine avec Juliette Binoche.

C’est dommage que Raphaël Confiant n’ait pas donné son accord pour jouer le personnage de Jojo !

Rires ! Je suis ravi de ce parallèle que vous faites parce que j'aime beaucoup l'écriture et l'univers de Raphaël Confiant et c'est vrai que ce film ne présente pas une image de carte postale des Antilles. On est dans une Martinique rurale ! le chef-opérateur, au milieu du tournage, m’a dit : « Mais en fait, on fait un film sans cocotier et sans plage ! » Ben oui ! parce que la Martinique ce n'est pas que les cocotiers et que les plages !

C’est aussi les bois sous tôle, les bachés et le pitt… du Prêcheur ?

Non, c’est le pitt de Rivière-Pilote. Tout a été tourné autour de Saint-Esprit et le pitt de Rivière-Pilote avait un avantage pour nous, celui d'être un des seuls aux normes de sécurité. Pour les histoires d'assurance ça compte !

Pourquoi avoir choisi l'univers du pitt a coq ?

Après trente ans passés à Paris, mon père s'est réinstallé en Martinique et là, à ma grande surprise, il s'est mis dans le pitt alors que je ne l'avais jamais entendu parler de ça. Quand on allait en vacances en Martinique, jamais on n’allait au pitt… J'ai compris que c'étaient des choses qu'il avait vécues enfant. Il s'est remis dedans et c'est comme ça que j'ai découvert cet univers qui est très proche de celui de la boxe. Il y a les propriétaires de coqs, les entraîneurs, les parieurs… Mon père a d'abord acheté des coqs avant de devenir entraîneur lui-même, de rejoindre un club… J'ai trouvé cet univers fascinant pour tout ce qu'il y a autour, c'est à dire les gens, la dramaturgie puisqu'un pitt c'est une arène, une scène de théâtre… Ce n'est pas tant les combats en soi que j'ai voulu mettre en avant. Le cadre, c'est le pitt, mais le sujet ce ne sont pas les combats de coqs.

Comment définiriez-vous votre sujet ?

Comment des descendants peuvent s'arranger d’un héritage familial qu’ils n’ont pas choisi ?

Propos recueillis par FXG

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