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Publié par fxg

7 mètres de linéaire

7 mètres de linéaire

Jean-François Boclé intègre le Fonds national d’art contemporain

« Consommons racial ! », l’installation du plasticien martiniquais Jean-François Boclé a été acquise par le Fonds national d’art contemporain (FNAC).

Jean-François Boclé

L’information a été divulguée la semaine dernière par la Maëlle Galerie (Romainville, 93) qui représente l’artiste, mais l’acquisition remonte à l’année 2020. « Nous étions bien trop occupés, explique Olivia Breleur, à tenir la Maëlle Galerie pendant la crise sanitaire pour communiquer sur cette vente, mais c’est bien la première acquisition d’une œuvre de Boclé par le FNAC. » L’artiste est réputé pour son travail très politique et très engagé sur le passé colonial de la France et du monde. L’œuvre acquise par le FNAC ne fait pas exception : sur une étagère de 7 mètres de long, tel un linéaire de supermarché, une quantité d'objets de consommation courante achetés en supermarché par l'artiste en Amérique Latine, en Caraïbe, aux Etats-Unis, en Afrique, en Europe et en Asie de 2005 à 2016. Le titre, « Consommons racial ! », interpelle. « Cette acquisition, poursuit Olivia Breleur qui s’est chargée de proposer l’œuvre au FNAC, s’est faite en marge du mouvement Black live matter. Elle est intervenue au moment de la campagne de publicité de la marque H&M avec son tee-shirt affichant le singe le plus cool de la jungle. » C’est que les stigmates laissés par l’esclavage, la colonisation et la ségrégation raciale sont tenaces dans la société de consommation ! Depuis, observe Olivia Breleur, « les marques ont adopté une nouvelle forme de communication »… « Consommons racial ! »ne pointe pas du doigt un pays plus qu’un autre, elle reste universelle dans sa façon que le commerce a de figurer les corps, soient-ils noirs ou blancs.

Pour Jean-François Boclé, c’est une vraie reconnaissance car il fait désormais partie d’une collection nationale. Le FNAC constitue en effet une réserve d’Etat d’art contemporain qui alimente les musées, les centres d’art et les expositions. Le prix de la transaction n’a pas été communiqué, mais le simple fait de cette transaction contribue à améliorer la cote des œuvres du Martiniquais

FXG

L’oeuvre

A gauche de l'étagère, tout renvoie aux clichés de la maternité et de la famille heureuse ou à ceux de la réussite sociale : des bébés-Wall Street, blancs, déjà en habits de traders (papier toilette triple épaisseur, Velvet Pure White made in UK). Ils ont à leur disposition des oreillers gonflables pour s'assoupir comme dans l’avion… a côté des bébés noirs en souffrance, mal nourris…

Au centre de l'installation, ladite « découverte de l'Amérique » : des rois, des reines, des pirates et corsaires, des caravelles semblent remplacer-effacer les natifs américains (le sucre de canne Destination made in France et la farine de manioc Cassave made in Dominican Republic).
Sur la partie droite de l’étagère, des domestiques noirs préparent le petit-déjeuner (les pancakes Aunt Jemima made in USA), ou pimentent le repas de midi (La Constancia Salsa Negra made in Colombia). El Negrito made in Dominican Republic s’applique à ce qu’il y ait toujours du café chaud sur la table. D’autres nettoient les casseroles avec les éponges métalliques Negro made in Lebanon et sortent les poubelles La Negrita-Bolsas para basura made in Colombia. Le corps de cette femme de ménage est devenu le contenant des ordures des maîtres... Même bouche grosse et rouge sur les boîtes voisines : le chocolat en poudre Banania made in France vendu dans tout supermarché et épicerie de France…

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