Marajo à Dakar
Miguel Marajo en vedette à la Biennale de Dakar
L’Afrikan Art Book, dans le cadre de la biennale de Dakar (du 19 au 22 mai), accueille l’artiste Martiniquais Miguel Marajo. Le plasticien présente un livre objet dans le cadre d’une exposition collective « Éditer pour ne pas rester dans le silence ». Cette exposition questionne le livre d’artistes dans sa capacité à transmettre des nouvelles histoires. A côté desplasticiens Willys Kezi qui questionne la précarité́ à travers la fragilité́ du papier Kraft, Rafiy Okefolahan qui expérimente un livre de dessin sans fin ou Macina Camara qui propose une installation de livres en résonance avec notre histoire et notre mémoire, le Martiniquais nous embarque dans le désastre du chlordécone. Marajo propose une série de petits livres à plusieurs volets, une œuvre éditée à 31 exemplaires, tous uniques et qui, selon l’artiste, « livre quelques ajustements synchrones autour de ses œuvres ». Sur la couverture, des photos de son installation créée en 2021, lors de sa performance « L’énigme du trou blanc ». « Dans cette performance, explique-t-il, je tentais d’annihiler les vestiges du colonialisme qui sommeillent en moi… » Lorsqu’ensuite on ouvre la précieuse enveloppe noire, apparaît l’extrémité d’une banane, « fruit hautement symbolique, chlordécone oblige, à l’heure du tout naturel »… Marajo affronte le désastre environnemental aux Antilles. Alors, avec humour, au fil des pages, il nous entraîne dans un drôle de manège où la banane prend les rênes !
L’événement prend fin le dimanche 22 mai, jour symbolique s’il en est un en Martinique, avec « Mur mûr capillaire », une performance de Miguel Marajo. Voici ce qu’il en dit lui- même : « Les murs qui s’érigent en frontières, comme ces livres qui corrigent nos arrières. Ces murs qui fleurissent sans bannières dans les livres qui obligent nos manières. Nos murs en pensées, perméables et pas fiers, n’altèrent pas l’irrémédiable avancée vers les rives d’où surgissent nos braves d’hier. »
Cette 4e édition de l’Afrikan Art book est aussi une plateforme de débats et de rencontres avec les professionnels de l’édition d’art et de la production critique. Parmi les panels de discussion proposés, « Les révoltes silencieuses » avec le Guadeloupéen, pionnier du hip hop art, Jay1 Ramier, Miguel Marajo et son compatriote Jean-François Boclé.
FXG