CREFOM, grandeur et misère d'un lobby ultramarin

Daniel Dalin préside le CREFOM depuis 2019

Le CREFOM en voie de disparition

A quelques heures de l’assemblée générale du Conseil représentatif des Français d’Outre-mer (CREFOM), les langues se délient. Alors que certains de ses membres veulent le faire renaitre de ses cendres, ses opposants envisagent de créer une nouveau Collectif.

« Au terme des neuf années d’engagement au sein du CREFOM, nous vous informons de notre démission du poste de déléguée (…) », écrivent Séverine Dany et Nicola Hoyez-Pitou, directrices régionales PACA et Rhône-Alpes, au président national du CREFOM, Daniel Dalin. Depuis un an, ils sont nombreux les référents de Seine-Saint-Denis, des Yvelines, du Val d’Oise, de Rhône Alpes qui, pour certain le cœur déchiré, ont jeté l’éponge.

Il est reproché au patron du CREFOM, Daniel Dalin, d’avoir transformé ce qui se voulait le pendant ultramarin du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) en coquille vide. « Où sont les ministres, les parlementaires, les élus, les personnalités, le milieu économique et associatif qui le composaient ? », s’interroge l’un des premiers adhérents. D’autres accusent l’inaction du président, par ailleurs syndicaliste hospitalier. « Pendant la crise sanitaire, qu’a t’il réalisé dans les Outre-mer, qui a défendu les personnels soignants, les congés bonifiés, la vie chère au cours du précédent quinquennat ? Il a fait si peu », affirment des délégués. Jean-Marc Justine, ancien président du CREFOM 78, relativise : « Le Collectif agit mais ne dispose pas de bons outils, ni de subventions, ni de reconnaissance de l’Etat pour se faire entendre.»

En 2022, le lobby ultramarin ne comptabilise plus qu’une cinquantaine d’associations, une vingtaine d’adhésions et une caisse vide alors qu’il rassemblait plus de 800 associations et des milliers d’adhérents à sa création en 2014. Co-fondé par l’ancien délégué interministériel Patrick Karam et le ministre des Outre-mer Victorin Lurel, elle portait l’ambition de « promouvoir, de valoriser et défendre les intérêts des originaires des Outre-mer vivant dans les Outre-mer et dans l’Hexagone. » Il avait son dîner annuel auquel se rendait le président de la République ou le Premier ministre et il est à l’origine de la loi égalité réelle outre-mer adoptée en février 2017.

Daniel Dalin, qui en a été élu président en 2019, à la suite de feu Jean-Michel Martial, défend becs et ongles son bilan et assure avoir respecté l’esprit du CREFOM. Les désaccords et les critiques fusent pourtant à la veille de la prochaine assemblée générale prévue ce 29 juin : « Des comportements dictatoriaux, un leadership approximatif, humiliations et menaces envers les cadres »… Une déléguée déplore l’absence de pouvoirs et de moyens pourvus aux antennes. « Le Conseil représentatif des Français d’Outre-mer est dans l’illégalité, des délégations ne sont plus assurées, les factures que nous lui adressons depuis 2013 ne sont pas honorées », accuse une autre. D’autres dénoncent des antennes du CREFOM non déclarés en préfecture, plus d’AG depuis 2019, augmentation arbitraire des cotisations etc… Ces dysfonctionnements sont connus du ministère de l’Intérieur d’après un courrier que nous avons pu consulter.

Défendre un milliardaire

Autres sources d’incompréhension, le choix des causes que défend Daniel Dalin sans l’avis du bureau et du conseil Administration. Pour exemple, sa défense engagée auprès du footballeur Kylian MBappé victime de racisme. Les frais à la charge du CREFOM, s’élève à plus de 5000 euros, selon un échange écrit whatsapp entre une direction locale et le secrétaire général, Antony Etelbert . Le siège soutient un footballeur multimillionnaire qui n’est même pas ultramarin », cette intervention ne passe pas auprès de la référente Jacqueline Bonnet démissionnaire de son poste à Lyon.

Face à ces attaques, Daniel Dalin s’en prend au président d’honneur, Patrick Karam : « II nous a fermé des portes ! Il tape sur les collectivités, les ministères… Comment fait-on quand on veut leur demander quelque chose ? » Patrick Karam a donné sa démission de président d’honneur le 15 juin dernier. Il explique dans son courrier adressé au président du CREFOM « constater que la logique qui nous animait semble avoir vécue et que certains combats portés par le CREFOM s’en écartent dangereusement. »

Désormais, « c’est un nouveau départ pour toutes les bonnes volontés, il faut avancer », exhorte Richel Sacri, membre du Bureau.

Daniel Dalin ne semble pas déstabilisé par ce lâchage ou les critiques. Le président maintient l’assemblée générale le 29 juin pour, dit-il, « travailler sur la continuité territoriale, la vie chère,(…) les nominations et des opérations comme le dîner du CREFOM », dont le dernier remonte pourtant à plus de cinq ans.

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