Le CRAN partie civile dans le dossier chlordécone
Le CRAN partie civile renforce la dimension politique du dossier judiciaire
Patrick Lozès, président du Conseil Représentatif des Associations Noires (CRAN), a chargé l’avocat martiniquais Alex Ursulet de se constituer partie civile dans la plainte pour empoisonnement au chlordécone actuellement instruite par les juges Brigitte Jolivet et Fanny Bussac du Pôle santé publique, Accident collectif et Environnement au tribunal judiciaire de Paris.
Le CRAN s’estime légitime à agir parce qu’il considère subir un préjudice direct comme indirect au même titre que la population dont il défend les intérêts. « En effet, précise le président Lozès, dans le courrier adressé aux juges que France-Antilles a pu consulter, l’affaire dite du chlordécone contrevient précisément aux objectifs statutaires de l’association en ce qu’elle se donne (entre autres) pour mission de défendre les intérêts patrimoniaux, extrapatrimoniaux, par l’action judiciaire devant toutes juridictions compétentes des populations et leurs ayant droits issus de l’indigénat, de la colonisation en Europe, dans l’Union Européenne et de la déportation, de l’esclavage et de la traite négrière, dans tout autre pays membre ou non de l’ONU. »
Le CRAN estime que « en mettant en danger essentiellement la santé et la vie des autochtones caribéens par l’utilisation d’un produit particulièrement nocif ayant des effets sur toute la faune et la flore alimentaire des territoires concernés ainsi que probablement sur la santé et la vie des populations visées dans les statuts du CRAN, il est porté atteinte à leurs intérêts patrimoniaux et extrapatrimoniaux », mais également à la « responsabilité́ sociétale » évoquée dans l’objet des statuts de l’association, et à « l’épanouissement personnel et collectif » des mêmes populations ».
Ainsi alors que les juges ont fait part, à la fin du mois de mars dernier, aux parties civiles et au parquet de leur intention de clôturer cette information judiciaire et de prononcer probablement un non-lieu, l’intervention du CRAN dans ce dossier, après celle très politique des collectivités territoriales de Martinique et de Guadeloupe, vient renforcer cette dimension politique et mettre en garde les magistrats sur le fait que l’essentiel des victimes du chlordécone sont des population dites « racisées ».
FXG