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Publié par fxg

Daniel Dalin, président du CReFOM

ITW. Daniel Dalin, président du Conseil représentatif des Français d’Outre-mer (CReFOM)

« Beaucoup de carriéristes sont passés par le CReFOM »

Réélu président du CReFOM le 29 juin dernier, Daniel Dalin entame son deuxième mandat à la tête de ce qui se revendique toujours comme le principal lobby ultramarin dans l’Hexagone.

Aujourd'hui que représente le CReFOM ?

Nous fédérons une trentaine d'associations avec lesquelles nous travaillons. En termes d'adhérents nous avons fait une campagne qui a à peu près bien fonctionné. Nous avons beaucoup de sympathisants que, petit à petit, nous transformons en adhérents ! Nous tournons autour de 5 à 600 adhérents à jour de leurs cotisations.

Votre association a été créée en 2014 à l’initiative de Patrick Karam qui, depuis, était votre président d’honneur et qui ne l’est plus. Pourquoi ?

Notre président d'honneur et ami, par certaines de ses prises de position, a pu quelquefois me placer en porte-à-faux avec les administrations, soit avec l'Etat, soit avec certaines collectivités comme la ville de Paris ou la région Île-de-France. Il fallait donc bien qu'un jour nous tirions les choses au clair. Le CReFOM est un outil qui a été conçu pour défendre les outre-mer Je pense que nous avons failli dans la mesure où l'intérêt individuel de certains a pris le pas sur l'intérêt collectif. Nous avons donc décidé lors de la dernière assemblée générale de rebattre les cartes et de repartir à zéro.

C’est peu avant votre AG que le président d’honneur vous a donné sa démission ?

J'ai toujours fait part de nos actions à notre président d'honneur notamment quand nous avons préparé un questionnaire adressé à chaque candidat à l'élection présidentielle dont la présidente de Région Ile de France (puisque le président d’honneur est son vice-président).

Lors de mon premier mandat à la tête du CReFOM, j'ai souvent été embêté par les prises de position du président d'honneur notamment avec la ville de Paris ou l’Etat car souvent on me ramenait à ses déclarations. Il fallait débattre de cela à l’assemblée générale. Mais lorsque je lui ai envoyé l'ordre du jour qui comportait un point relatif à la présidence honoraire, j’ai appris sa démission par un média. En regardant mon mail, j’ai pris connaissance de sa lettre de démission. On ne va pas se leurrer : je pense que le CReFOM n'apportait plus rien à son président d'honneur et il est parti un point c'est tout.

Lors de sa création, le CReFOM a tout de suite su être l'interlocuteur du président de la République, du Premier ministre, et comptait dans ses rangs de de nombreux parlementaires. Son dîner rivalisait presque avec celui du Crif…

Vous aurez bien compris que les planètes étaient alignées lors de la création du CReFOM avec la présence de Victorin Lurel alors ministre des Outre-mer. En voilà un qui a été président d’honneur et qui a su rester à sa place, qui n'est pas intervenu dans les décisions que prenait le CReFOM. Il ne nous a jamais demandé de lui retirer sa présidence d'honneur. C’est vrai que le CReFOM est monté très haut puisque le président de la République ou son Premier ministre étaient nos invités, mais c'était normal car nombre d'hommes politiques étaient membres de notre association, les uns surveillant les autres. C’est ça qui a fait la notoriété du CreFOM.

Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui il n'y a plus tous ces hommes politiques à l'intérieur de votre association ?

Est-ce que le CReFOM a su tirer parti un quelconque avantage de la loi Egalité réelle Outre-mer ? Pas du tout ! Si cette loi a repris une partie des propositions que nous avions faites, le texte final est loin de ce que le CreFOM voulait. Nous nous sommes néanmoins glorifiés d'avoir été à l'initiative de cette loi… Plus il y a de gens au sommet, plus on peut aller haut, mais si tu ne construis pas sur tes fondations, le jour où la tête de pont s'en va, tout s'effondre ! J'ai connu ça avec le Collectifdom, donc j'étais averti de tout ça. Si le CReFOM n'a pas été dissous ou à tout le moins empêché de fonctionner, c’est parce que j’ai alerté Jean-Michel Martial quand il a repris la présidence du CReFOM. La décision avait été prise de transformer toutes nos délégations en associations, ce que je considérais être synonyme de mort pour le CReFOM. Nous l’avons donc empêché car tout le monde sait le petit pouvoir que représente une présidence d’association… Mais les choses sont compliquées ! Quand ton président d’honneur a des visées politiques, là aussi, c’est la mort de toute action dans l’intérêt général !

Que faîtes-vous aujourd’hui au CReFOM ?

Nous mettons en place des stratégies pour porter de l’aide aux plus démunis, pour faire ressortir des problématiques sur lesquelles le CReFOm s’était positionné dès le départ et qui au fur et à mesure de l'avancée de la carrière des uns et des autres sont restées sur le côté. On sait très bien que beaucoup de carriéristes sont passés par le CReFOM, je ne suis pas là pour les nommer, mais ce n'est pas compliqué de voir qui en a tiré profit !

Quand vous avez été élu président après le décès de Jean-Michel Martial, quel a été le mot d'ordre ?

Jean-Michel Martial a tenté d’organiser un dîner… Ca s’est transformé en un événement à la mairie de Paris et Jean-Michel a été mis en difficulté par certains. Mais on a continué à faire comme si tout allait bien !

Et depuis que vous avez repris la présidence, vous n’avez pas non plus su remettre sur pied le fameux dîner du CreFOM ?

Nous n'avons pas eu de chance ! Deux fois de suite, j'ai approché le gouvernement, j'ai vu le conseiller outre-mer du président Macron pour lui expliquer la nécessité du dîner et nous sommes tombés d'accord mais pendant deux années sur trois de ma présidence, nous avons traversé une période de Covid avec des confinements… Le dernier dîner du CReFOM que nous avions prévu, en 2021, a dû ainsi être annulé. Ce n'est pas parce que c'est moi qui suis devenu président qu'on ne fait plus le dîner ! c'est la période Covid qui nous en a empêché par deux fois.

Aujourd’hui, quels sont vos projets ?

J'ai deux priorités : ouvrir le CReFOM à la jeunesse, et s’occuper de nombre de nos compatriotes qui, socialement parlant, sont dans la détresse. Nous ne sommes pas une association type Abbé Pierre, mais nous nous devons d'apporter une aide à ces gens-là. J’ai créé un pôle social au sein du CReFOM pour tenter d'apporter une aide à nos compatriotes qui sont dans la galère, par opposition aux choix de l'équipe dirigeante lors de la création du CReFOM qui estimait que ce n’était pas son rôle. Moi, je pense que c'est aussi son rôle. Nous réanimons aussi le pôle en charge des mutations de fonctionnaires. Avec l’association GPX Outre-mer, le CReFOM a été actif sur ce sujet. Certains fonctionnaires ont pu en tirer parti mais aujourd’hui, nous n’avons plus qu’une coquille vide. Je suis sollicité par de nombreux policiers pour que nous refassions vivre ça. Maintenant que j'ai les coudées franches, nous serons beaucoup plus actifs et vigilant. Lors de notre prochaine réunion de bureau, le 21 septembre prochain, nous allons arrêter notre feuille de route de façon collégiale. C'est un CReFOM différent que nous essayons de mettre en place. On veut renouer le contact avec la ville de Paris car il n'est pas normal que nous soyons fâchés avec cette collectivité et je veux reprendre contact avec la région Île-de-France. Notre président d'honneur, par ailleurs vice-président de cette collectivité, a passé un accord pour ne pas nous subventionner. Nous ne sommes pas des mondains mais nous arriverons aussi à accrocher l’attention du président de la République !

Le CReFOM est intervenu pour défendre Killian M’Bappé. Est-ce son rôle ?

Killian M’Bappé n'a pas besoin de nous pour le défendre, mais il y a des milliers de Killian M’Bappé dans la rue, qu'ils soient Antillais ou Africains. Lorsque le gars insulte Killian M’Bappé, qu’il parle de lui donner des coups de fouet, je vous demande quelles sont les populations qui ont subi le fouet ? C'est bien de nos ascendants dont il s'agit ! Alors pourquoi ne demande-t-on pas à la LICRA, à SOS Racisme, au CRAN pourquoi ils défendent Killian M’Bappé. Nous serions vraiment des abrutis de ne pas le défendre ! Au-delà de Killian M’Bappé, c’est ma communauté que je défends ! Parce que le Martiniquais ou le Guadeloupéen qui se fait traiter de « sale nègre » ou menacer du fouet, n'est en rien différent de Killian M’Bappé ! Il est normal moralement parlant que nous soyons présents dans ce dossier et c'est ce que j'ai dit à la présidente du tribunal.

Beaucoup d'ultramarins sont néanmoins discriminés parce qu'ils sont noirs…

Nous sommes vigilants là-dessus, mais nous ne défendons pas spécialement la communauté noire, nous défendons la communauté ultramarine car dans cette communauté tout le monde n'est pas noir. Nous sommes un lobby pour les ultramarins, qu'ils soient blancs, noirs ou chinois !

Aujourd’hui, quels sont les sujets sur lesquels les ultramarins vous attendent ?

On nous attend sur les problématiques du prix des billets d'avion, sur les questions de retour au pays, sur les retraités issus du Bumidom qui n’ont plus de logement de fonction et qui se retrouvent dans le parc locatif privé… Nous sommes également intervenus plusieurs fois auprès du Gouvernement ou de l’Elysée sur le problème de l’eau en Guadeloupe. Ce n’est pas le combat du CReFOM pour sauver l’eau en Guadeloupe ! C’est l’apport du CReFOM dans la lutte que mènent les Guadeloupéens de Guadeloupe pour améliorer leur système de distribution d’eau ! C’est pareil pour la continuité territoriale, les dégâts que causent les sargasses tant sur la santé que sur les matériels électroniques pour que les assurances incluent dans leurs couvertures ces risques. Mais surtout, nous avons décidé de relancer le CReFOM différemment.

Propos recueillis par FXG

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