Qui pour diriger la future entité LADOM/DIMECFOMVI ?
Fusion de Ladom et de la DIMECFOMVI
Macron devra choisir entre l’actuel délégué Maël Disa et l’ancienne députée Justine Bénin.
Le rapport de la Cour des comptes sur la délégation interministérielle à l’égalité des chances des Français d’Outre-mer et à la visibilité des Outre-mer (DIECFOMVI) qui conclut à la nécessité de fusionner la délégation à l’agence de mobilité d’Outre-mer (Ladom) a été délibéré par les magistrats financiers de la rue Cambon, le 8 juin 2022 après une instruction débutée en janvier 2022. Sa publication, le 7 septembre dernier, soit le jour du dîner des élus d’Outre-mer à l’Elysée, a fait réagir le président de la Région Guadeloupe Ary Chalus. Profitant de sa présence à Paris, ce dernier a fait savoir au le ministre délégué aux Outre-mer Jean-François Carenco qu’il n’était pas question qu’on limoge Maël Disa dans la mesure où la publication du rapport de la Cour n’avait d’autres buts que de décrédibiliser le Guadeloupéen et plus globalement les dispositifs spécifiques aux Outre-mer. Et devant Maël Disa, Jean-François Carenco s’était engagé à ne pas donner de suite au rapport de la cour des comptes. Mais, le lendemain après-midi, alors que Jean-François Carenco déroulait sa feuille de route devant la presse, il confirmait le projet de fusion en ces termes : « Elle (la délégation, ndlr) sera dissoute et son président fusionné avec la présidence de Ladom (sic). » Car le gouvernement a déjà en tête le prochain titulaire du poste fusionné. Côté Ladom, cela ne pose aucun problème, puisque personne n’a été nommé pour remplacer son directeur général Florus Nestar depuis son départ en janvier dernier. De ce côté-là, le timing était bon ! Du côté de la DIECFOMVI, le scénario prévu était que, faisant suite au rapport de la Cour et après l’annonce de la fusion, l’actuel délégué Maël Disa apprendrait par la presse la nomination à la tête de la nouvelle agence de Justine Bénin, son poste disparaissant avec la délégation. En effet, l’ancien ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu a promis le poste à l’ancienne députée Modem de la deuxième circonscription de Guadeloupe, par ailleurs ancienne conseillère à Pôle emploi. Justine Bénin lui avait déjà rendu un fier service en portant à l’Assemblée nationale la proposition de la loi sur la gestion de l’eau en Guadeloupe. Elle avait ensuite accompli le sacrifice suprême en acceptant en mai dernier le poste de secrétaire d’Etat à la Mer dans un département très hostile au président Macron. Justine Bénin l’a payé de son siège de députée, obligée qui plus est de démissionner de son portefeuille ministériel après trois semaines. Reste que l’intervention du président Chalus et la médiatisation du rapport de la Cour ont fait remonter cette affaire jusqu’à l’Elysée. Rappelons que Maël Disa avait été nommé délégué interministériel par décision du président Macron en 2020, qu’il était jusqu’alors le référent de la République en marche en Guadeloupe et qu’il avait même accueilli le candidat Macron chez lui quand ce dernier était venu faire campagne en 2017.
Le choix du nouveau titulaire de la fusion DIMECFOM/Ladom risque au final de ne plus être décidé au niveau de la rue Oudinot, ni même au niveau du ministère de l’Intérieur et des Outre-mer, dont le titulaire Gérald Darmanin est proche de Sébastien Lecornu, mais devrait au final faire l’objet d’un arbitrage du président Macron lui-même.
De l’avis d’un bon connaisseur du dossier, Justine Bénin, aurait l'avantage sur Maël Disa. Ce dernier aurait pâti du refroidissement des relations entre Chalus et Macron. Mais il est vrai aussi que Justine Bénin aurait pu viser plus haut. Elle aurait pu par exemple demander la direction de France Travail, future appellation de Pôle emploi, par exemple.
FXG
Ce qu’avait dit la Cour des comptes
Dans son rapport, la Cour a estimé que la délégation, « conçue comme une structure de pilotage et de coordination sans jamais en avoir exercé les prérogatives (…) est aujourd’hui cantonnée dans une fonction symbolique tout en étant porteuse de risques pour le ministère des outre-mer ». C’est partant de ce constat que la Cour invite le ministre de tutelle à reconsidérer son existence, « au regard des missions actuellement confiées à la DGOM en matière interministérielle, à Ladom en matière de facilitation des mobilités entre les outre-mer et la métropole, et au cabinet du ministre lui-même en matière de visibilité générale des outre-mer dans la population française.
En effet, le président de la Région Guadeloupe Ary Chalus a profité de sa présence à Paris pour dire au ministre délégué aux Outre-mer qu’il était hors de question qu’on limoge le délégué en titre.