L'eau au palais d'Iéna
Sarah Mouhoussoune, Edith Guiochon de la Coalition Eau, Amina Hariti, du syndicat des eaux de Mayotte, Michèle Chay
Le CESE veut un droit opposable à l’eau potable pour tous et toutes
Le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) a adopté mardi l'avis dit "La gestion de l’eau et de l’assainissement dans les Outre-mer" rapporté par Michèle Chay (Groupe CGT) et Sarah Mouhoussoune (Mayotte – Groupe Outre-mer) au nom de la Délégation aux Outre-mer. Le vote a été suivi d’un débat sur l’accès universel à l’eau en présence d’Edith Guiochon, chargée du plaidoyer de la Coalition Eau, d’Amina Hariti du syndidat mixte d’eau et assainissement de Mayotte et, en visio, de Sylvie Gustave-dit-Duflo, vice-président de la Région Guadeloupe et présidente de l’Office français de la biodiversité.
L’avis adopté mardi par le CESE plaide pour un service de qualité d'accès à l'eau restaurant la confiance des populations ultramarines. Un quart de la population de Guadeloupe n’a pas accès tous les jours à l’eau du fait des nombreuses coupures. Les tarifs pratiqués de l'eau en Outre-mer sont les plus élevés de notre territoire. Les prix moyens de l’eau potable vont du simple au triple, entre La Réunion, où elle est la moins chère, et la Guadeloupe, où elle est la plus chère. A cela s'ajoutent la vétusté du réseau de distribution et des infrastructures, le manque d’investissement et de financements, les problèmes de gouvernance.
Droit fondamental, qui relève de la dignité pour toutes et tous et reconnu par l'ONU, l'accès à l'eau n’est donc pas effectif dans tous les territoires d'Outre-mer. L’eau, comme bien commun, exige des réponses urgentes, pérennes et territorialisées. Pour respecter ce droit fondamental, le CESE plaide pour donner à tous un accès urgent à une eau de qualité dans tous les territoires de la République, particulièrement les Outre-mer. Ses 23 préconisations interviennent autour de cet enjeu : rendre effectif et égal pour tous et toutes le droit d’accès à l’eau. Parmi ces recommandations, l’engagement d’un plan d’action prioritaire pour l’eau en Guadeloupe, Guyane et à Mayotte avant trois ans pour supprimer les interruptions de service ou « tours d’eau » en mobilisant la Région, le Département ou le Territoire et les intercommunalités, sous le contrôle de l’État. Il s’agirait d’augmenter les investissements, intensifier les recherches de fuites et les contrôles des branchements, créer des infrastructures (captages, stations de pompage, de traitement et d’épuration...), recourir à l’expertise technique proposée par l’Etat et à la réquisition de l’opérateur si les délais ne sont pas tenus.
La deuxième préconisation vise à mettre à disposition des rampes d’eau dans les quartiers d’habitation informels afin de permettre un accès à une eau potable de qualité́, dont la distribution est contrôlée et sécurisée, pour éviter les trafics et les violences.
Il s’agit encore de mettre en place un « tarif social de l’eau » et distribuer des « chèques eau » sous condition de ressources, sur la base d’un forfait de 400 litres d’eau par jour, par foyer, soit 150 m3 par an.
LE CESE préconise le dépôt d’une proposition de loi pour un « droit opposable à l’eau potable pour tous et toutes ». Le CESE appelle ainsi le législateur, l’Etat et les collectivités à se saisir du droit à l’eau afin de réduire les différentes fractures territoriales.
Autre préconisation : reconnaitre comme maladies professionnelles toutes les affections des femmes exposées au chlordécone lors de leur travail sur les exploitations (en particulier les cancers du sein, de l’utérus et les pathologies développées lors de la grossesse) et mener une campagne de prévention en direction de l’ensemble de la population, en particulier des femmes.
FXG