Le commandant de bord Plesel et le crash de l'Airbus d'Air Asia
L’enquête sur le crash de l’Airbus d’Air Asia en panne
Près de dix ans après le crash de l’Airbus d’Air Asia, la famille du pilote martiniquais est confrontée à la mauvaise volonté des autorités indonésiennes et par voie de conséquence à celle des juges d’instruction.
Le Martiniquais Rémi Plésel, copilote d’un Airbus A 320 de la compagnie indonésienne Air Asia, est mort, ainsi que les six autres membres de l’équipage et les 157 passagers, le 28 décembre 2014 lors d’un crash au-dessus de la mer de Java. Neuf ans après les faits, les juges parisiens en charge de l’instruction ont estimé dans leur avis de fin d’instruction que l’accident était dû à «une réponse inadaptée de l’équipage suite à une panne répétée » du système de contrôle de la gouverne de direction. En l’occurrence, le pilote et son copilote aurait déconnecté la commande électrique de direction de secours avant de prendre les commandes manuelles dans un délai trop long de dix secondes, et encore ils auraient eu « des actions désordonnées sur le mini-manche » qui aurait abouti à cabrer l’aéronef. Par ailleurs, ils se seraient abstenus de mettre en œuvre les procédures d’urgence suite aux alarmes déclenchées. Or, les conclusions de l’enquête diligentées par la brigade de gendarmerie des transports aériens de Roissy font ressortir que « la maintenance de la compagnie aérienne Air Asia, ne semble pas avoir appliqué les directives en matière de traitement des pannes (concernant le module de commande de la gouverne) de l'appareil accidenté, comme mentionnées dans les documents du constructeur. » La seule année du crash, l’avion a ainsi connu 19 pannes dont 11 les deux derniers mois. Me Ursulet, le conseil de la partie civile martiniquaise, a donc demandé aux juges de compléter leur dossier d’instruction avec les registres de maintenance de l’Airbus accidenté pour les années 2012 à 2014, de façon à établir l’étendue de la responsabilité de la compagnie aérienne Air Asia. Il a également demandé aux magistrats instructeurs « d’épuiser toutes les voies et moyens pour s’assurer que les données compressées, distinctes des données d’origine en provenance de l’Indonésie, remises par le Bureau Enquête Accident (BEA) à l’occasion d’une perquisition, n’ont pas été expurgées des informations pertinentes à la manifestation de la vérité. » Les juges ont estimé les demandes recevables mais les ont refusées au prétexte que cela nécessiterait de demander une entraide pénale internationale, démarche qui a déjà été effectuée sans succès. De même, la communication des registres de maintenance figurait déjà dans une commission rogatoire internationale « vainement adressée, selon les juges, aux autorités indonésiennes ». Furieux contre cette décision, Me Ursulet a estimé « profondément injuste et inadmissible que les juges abdiquent face à l’attitude déplorable de l’Indonésie qui refuse l’entraide pénale internationale ». Il entend donc refuser le risque d’un non-lieu et faire appel pour demander à la chambre de l’instruction d’ordonner la poursuite de l’enquête. « Il y va, conclut-il, du minimum de respect que l’on doit au pilote martiniquais Plesel, et d’une certaine idée de la justice française. »
FA à Paris