Lucette Michaux-Chevry la bio
LMC, la dame de fer de la Caraïbe française
Jeudi 4 avril 2024, l’hôtel Arawak en Guadeloupe accueillait les deux auteurs de la première biographie de Lucette Michaux-Chevry que publie Caraïbéditions. Devant une cinquantaine de personnes, Marie-France Grugeaux-Etna et François-Xavier Guillerm ont présenté la genèse de cet ouvrage. Lucette Michaux-Chevry, alors âgée de 90 ans, a accepté de livrer dans son domicile de Blanchet/Gourbeyre, le roman de sa vie. Au cours de quatre séances de quatre heures, FXG a enregistré les confidences de Gran Madam’la. On apprend ainsi comment dès l’enfance, elle se construit au milieu des hommes, d’abord ses frères... On apprend encore comment, grâce à Foccart, elle a rencontré Chirac. « On se connaît depuis 1970, on s’embrasse depuis depuis 1973. » Très proche des communistes au début de sa vie, elle démarre sa carrière politique avec le socialiste Frédéric Jalton avant de rallier Giscard en 1980. Elle explique sa quête du pouvoir par sa volonté d’être une femme politique comme un homme. En Guadeloupe, on dit « Fanm a grenn » ! Dans cette biographie, ses amis ou ennemis politiques se livrent, donnant un contrepoint au témoignage de Michaux-Chevry. Ainsi Philippe Chaulet, Blaise Aldo ou ses fidèles collaborateurs José Vatin ou Fred Madinékouty viennent enrichir en positif comme en négatif le récit de sa vie.
Débat vif
Dans la salle jeudi dernier, pendant deux heures, la diversité politique de la Guadeloupe avec son lot de contradictions a fait resurgir les oppositions fondamentales liées à la personnalité et aux choix politiques de Michaux-Chevry. L’ancienne journaliste de RFO Bergette de Saint-Jacob qui défendait becs et ongles l’œuvre de la dame et qui l’érige en modèle pour la jeunesse s’est ainsi affrontée verbalement avec le philosophe, proche dans sa jeunesse des indépendantistes, Jacky Dahomey, qui taxe Lucette Michaux-Chevry de « détestable » car modèle de la corruption toujours en cours sous nos cieux. Dans ce contexte, trois jeunes avocates présentes dans la salle se sont interrogées sur le rôle de Lucette en tant qu’avocate et femme engagée dans le prolongement du combat de Gerty Archimède. Une autre intervenante a rappelé le procès post-mortem de Michaux-Chevry pour poser la question, outre celle d’un livre à charge ou à décharge, de la dette laissée aux contribuables guadeloupéens. « Ayant créé elle-même sa légende, concluent les auteurs dans un épilogue éminemment littéraire, LMC s’est mise à croire en sa propre invention. Gran madam’la est devenue Gran malad’la. Il y a de la grandeur, de la souffrance, beaucoup de souffrance chez cette héroïne épique et romanesque de la vie politique guadeloupéenne. Des rencontres affabulées aux souvenirs remaniés, aux alchimies politiques saugrenues, aux alliances qui dans la minute cessent d’être des alliances pour devenir des trahisons… Lucette a fini par se prendre pour Michaux-Chevry. »
FA Paris
Lucette Michaux-Chevry, la dame de fer de la Caraïbe française, Caraïbéditions, mars 2024