Réédition de "Tu c'est l'enfance" chez Caraïbéditions
Trois questions à Daniel Maximin
« Du côté de la résistance »
L'auteur guadeloupéen plusieurs fois primé et figure du milieu littéraire antillo-guyanais voit ces jours-ci son livre autobiographique « Tu, c'est l'enfance » réédité par Caraïbéditions. Pour lui, « l'art et la création sont toujours du côté de la résistance et de la lutte face aux différentes formes d'oppression, de discrimination, de racisme ». Daniel Maximin travaille à un nouveau roman : il a répondu aux questions de France-Antilles.
Pourquoi et comment rééditer ces jours-ci « Tu, c'est l'enfance » ?
« D'abord parce que publier un livre en format poche, c'est le rendre plus accessible, au plus grand nombre. Ce livre a été publié chez Gallimard en 2004 mais il était épuisé depuis plusieurs années. C'est un livre très important pour moi parce qu'à côté de mes trois romans, basés aussi sur la réalité des Antilles, il s'agit du récit de mes premières années en Guadeloupe, au pied de la Soufrière. C'était avant le départ de ma famille – qui comptait sept enfants – pour Paris. Avant que nous passions de l'enfance à l'en-France. Ce récit est une plongée dans l'origine, dans la matrice de ma vie et de mon œuvre littéraire. J'habitais en face de la Soufrière et le regard de l'enfant sur cette nature a été fondamental pour moi. »
Travaillez-vous en ce moment à un projet littéraire inédit ?
« En ce moment, je travaille à un roman sur la résistance au nazisme et au fascisme. Je veux raconter comment la jeunesse était à l'oeuvre dans la Résistance. Cela se passe pendant la Seconde guerre mondiale et traite des actions de jeunes lycéens, de jeunes ouvriers, qui sont à l'avant-garde de la résistance au fascisme et au nazisme. Comme dans tous mes romans, c'est toujours le même thème : je ne fais pas le récit de l'oppression de l'esclavage mais avant tout le récit de la résistance à l'oppression. Seule la résistance est créatrice. On résiste toujours au nom de la vie et avec les armes que donne la vie ! Dans cette nouvelle histoire, qui se déroule sous l'occupation allemande, j'essaye de montrer comment des jeunes se battent contre les forces de mort, au nom de la vie, quitte à en mourir. »
Que ressentez-vous face à la crise politique qui secoue en ce moment notre pays ?
« L'art et la création, la littérature, la musique, quelle que soit la situation, sont toujours du côté de la résistance et de la lutte face aux différentes formes d'oppression, de discrimination, de racisme. L'horizon de l'écrivain est la liberté. Il y a une phrase de Jean-Paul Sartre que j'avais lu dans mon adolescence et qui résumait pourquoi écrire : « Le livre ne sert pas ma liberté, il la requiert. » Cela signifie bien que je dois être libre pour lire et avoir envie de vivre et de lutter. »