Gouvernement des affaires courantes
Ministère des Outre-mer : des « affaires courantes » et des dossiers en souffrance
Révolte en Nouvelle-Calédonie, JO en Polynésie, cyclone aux Antilles, Marie Guévenoux a tenté d'assurer une certaine « continuité de l'État » depuis la démission du gouvernement de Gabriel Attal le 16 juillet. Budget, octroi de mer, vie chère, les chantiers sont nombreux et devront attendre le futur gouvernement.
Quand il s'agit des territoires et collectivités d'Outre-mer, l'expression « affaires courantes » a une saveur particulière. Bien que démissionnaire, la ministre déléguée aux Outre-mer Marie Guévenoux s'est rendue en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie ces dernières semaines. Objectif martelé par son cabinet, toujours aux affaires malgré la très longue attente d'un nouveau gouvernement : « assurer la continuité de l'État ». Sur des sujets aussi graves et aussi divers que la révolte Kanak en Nouvelle-Calédonie, la crise sanitaire et sociale à Mayotte, l'organisation d'une épreuve des JO sur l'île de Tahiti ou encore les conséquences du passage de l'ouragan Béryl aux Antilles.
« L'État n'arrête pas de tourner, sur tous les sujets, du plus simple aux plus complexes », assure l'entourage de Marie Guévenoux, qui met en avant « la préparation de la rentrée scolaire, en Guyane, en Martinique et en Guadeloupe, en lien avec les préfectures et les services déconcentrés de l'État. »
C'est là en grande partie le travail de la Direction générale des Outre-mer (DGOM), l'administration centrale. Les « affaires courantes » n'étant pas un domaine extensible à l'infini, on reconnaît tout de même rue Oudinot que, le gouvernement étant démissionnaire, il s'agit de « ne pas prendre d'initiative politique ».
Octroi de mer et pwofitasyon
Loi de finances, réforme de l'octroi de mer, lutte contre la vie chère et réponse aux mobilisations antillaises contre la pwofitasyon : les sujets nécessitant des décisions et une parole lestés « d'initiative politique » ne manquent pourtant pas. De ce côté-là, c'est le calme plat. Les « lettres de plafond », premiers documents du « marathon budgétaire » qui va commencer le 1er octobre, sont bien arrivées au ministère des Outre-mer mais impossible d'y toucher pour le moment. Pas moyen d'y apporter « une coloration » ou même des orientations susceptibles de lui donner une portée. Financement de la construction de logements, pérennité des aides à la production et des incitations fiscales : les organisations patronales comme la Fédération des entreprises d'Outre-mer (Fedom) réclament à cor et à cri « de la volonté et de la visibilité ». « Aujourd'hui tout le monde s'accorde à dire qu'il faut améliorer la manière de gouverner et de légiférer dans le pays, s'émeut son président Hervé Mariton. La vérité, c'est que les délais pour les débats budgétaires auxquels on va être confrontés vont forcement entraîner de la précipitation. Le contre exemple l'an dernier c'était la réforme de la défiscalisation, heureusement corrigée. Tous les éléments sont réunis cette année pour un risque maximal, alors que plane une grave menace sur les exonérations de charges sociales. Ce que nous craignons, c'est un atterrissage brutal et mal préparé. »
Plus gênant encore, la réforme de l'octroi de mer : elle a été promise par le précédent gouvernement pour cette loi de finances (PLF 2025) et est de toute façon exigée par Bruxelles et la Commission européenne. Ateliers, rencontres, tournée mondiale de conseillers gouvernementaux : du travail a déjà été accompli mais pour l'instant, la réforme reste tout simplement en attente.
Quant aux militants mobilisés ce week-end en Martinique, ils risquent fort de devoir patienter avant d'avoir une réponse à la hauteur de leurs attentes. Une fois que le président de la République aura choisi un Premier ministre, ce dernier, ou cette dernière, prendra forcément un peu de temps pour trouver un locataire à la rue Oudinot. Malheureusement, le temps de la politique n'est pas le même que celui de la vie chère et de la pwofitasyon.
FA Paris